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La semaine décryptée

7 novembre 2021, 15:00

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La semaine décryptée

Lundi 1er novembre - Les députés, les transfuges, le panadol et la syncope

L’express du lundi 1er novembre consacre un article au phénomène de transfuges dans les mœurs politiques mauriciennes, soulignant le fait qu’il est plus facile de révoquer un conseiller qui change de camp qu’un parlementaire.

En effet, il existe bien une loi instituée par le gouvernement travailliste en 2011 pour révoquer tout conseiller d’administration régionale qui devient transfuge et abandonne le parti qui l’a fait élire. Or un tel mécanisme n’existe pas au niveau des parlementaires. Pour cause, aucun gouvernement n’a voulu sérieusement légiférer pour mettre fin au phénomène des transfuges. Car tout gouvernement au pouvoir bénéfice largement de l’apport des transfuges ‘achetés’ dans les rangs de l’opposition.

Après les élections générales de 1976, sir Seewoosagur Ramgoolam (SSR) dirigea un gouvernement qui n’avait qu’une majorité de deux sièges au Parlement. Homme de consensus, grand charmeur, SSR navigua sa barque avec habileté dans une mer infestée de requins. Mais au fil des mois, il commença à accueillir des transfuges du MMM.

Avant l’arrivée des transfuges, SSR marchait sur la corde raide. D’après la légende, Angidi Chettiar, le Chief Whip mais aussi le trésorier des Travaillistes, était toujours armé d’une mallette pour faire face à tout danger de mise en minorité du gouvernement. Chettiar fut efficace sur toute la ligne et il jouait sur deux chevaux à chaque fois pour parer à toute situation de défection d’un élément au dernier moment. C’est ainsi que quelqu’un qui devait perdre connaissance en pleine séance resta impassible malgré le grand nombre de cachets de panadol ingurgités.

Chettiar actionna alors son Plan B. Ainsi, out of the blue, on entendit un député faire une remarque très obscène et lorsque le Speaker le sermonna, il fit une bruyante déclaration : «Eh, sa pa kapav ar zot sa, mo b... mo f… mo al lakaz mwa.» Il prit ses affaires et quitta le Parlement.

C’est seulement après la levée de la séance, quand les députés avaient regagné les escaliers de sortie, que le député-panadol tomba en syncope.

Mardi 2 novembre - L’illustre inconnu de l’Apravasi Ghat

Lors de la cérémonie à l’Apravasi Ghat, le mardi 2 novembre, un homme qu’on n’avait jamais vu sur des plateformes officielles se fit remarquer. Il avait plus ou moins l’allure de sir Anerood Jugnauth, ce qui amena certains à se demander si on n’avait pas engagé un sosie pour honorer le grand disparu.

On devait apprendre par la suite que l’homme s’appelait Rishiraj Kanhye et qu’il a été récemment nommé président de l’institution qui gère l’Apravasi Ghat et tout l’énorme dossier relatif à l’arrivée à Maurice des travailleurs indiens engagés.

Reste maintenant à voir dans quelle mesure ce nouveau chairman va enrichir les recherches et les débats autour de l’immigration indienne. Surtout s’il va égaler la performance de Vijaya Teelock, chercheuse et ‘académicienne’ internationalement respectée. Tout ce qu’on sait à ce stade, c’est qu’il est davantage qualifié comme membre du réseau de nou-bann du ministre Avinash Teeluck.

Mercredi 3 novembre - Marchands de rêves et réalités économiques

Chute de profits de 55 % : c’est ainsi que l’express du 3 novembre barre sa une ce mercredi 3 novembre.

En fait, le journal décortique sur deux pages entières le bilan 2020-2021 des grosses entreprises du pays, bilan marqué par de grosses pertes, ce qui contraste avec les discours mielleux remplis d’optimisme tenus par les ministres et les responsables des institutions officielles. Comme on devait s’y attendre, l’hôtellerie a beaucoup souffert des récents événements.

C’est l’exercice menant à la publication de l’édition 2021 du Top 100 Companies publié par La Sentinelle qui a permis de faire un constat de l’état de santé des entreprises mauriciennes. 2020 était déjà une année mauvaise ; 2021 se termine dans l’espoir avec l’ouverture des frontières en octobre. Mais 2022 sera une année déterminante.

On saura aussi en 2022 comment le mastodonte connu comme Airport Holdings et placé sous la direction de Ken Arian se classera parmi les grands. On ne pourrait pas exclure la possibilité qu’Arian casse la baraque et se place dans le Top 5.

Jeudi 4 novembre - A statue for Alan the Great?

Les médias font état de la mort à Londres d’Alan Govinden, un Mauricien qui a fait beaucoup parler de lui depuis 2020.

Les relations privilégiées ayant existé entre Alan Govinden et des hommes politiques ont quelque peu terni l’image de cet homme exceptionnel qui devrait en fait faire la fierté des Mauriciens. Car il n’est pas donné à tout citoyen de Maurice d’aller se placer parmi les grands en Angleterre. Ainsi, au fil du temps, comme habile homme d’affaires, Govinden a amassé une fortune.

Alan Govinden était super-riche mais nullement obsédé par l’argent. C’est la raison pour laquelle il paya de ses poches l’achat d’une luxueuse et spacieuse propriété pour le compte du Premier ministre et de ses enfants. Bien des années après, quand il vendit ladite propriété officiellement au Premier ministre, il le fit au prix d’achat d’origine, sans exiger le moindre intérêt.

Un tel élan de générosité est vraiment exceptionnel et si le Mahatma Gandhi était toujours en vie, il aurait sans doute consacré un chapitre à ce Mauricien exceptionnel. Le mahatma écrivait beaucoup.

Une fois toutes les controverses Govinden alimentées par les mauvaises langues évacuées, il se pourrait qu’un mouvement citoyen soit créé pour honorer ce Mauricien. On pourrait même envisager l’installation d’une statue vis-à-vis de la State Bank car cette institution a été honorée d’avoir Alan Govinden comme client. On pourrait même placer sa photo dans le lobby de la SBM Tower avec la légende suivante : ‘SBM is proud to have welcomed this exceptional man in 2020’.

Le loan de Rs 90 millions que prit Govinden auprès de la SBM n’est que du pipi de chat comparé aux milliards que la SBM a ‘vu partir’, détournés par d’habiles opérateurs internes et externes.

Vendredi 5 novembre - Angus: stay put till 2034

Suivant la mort d’Alan Govinden, on spécule beaucoup sur le dénouement de plusieurs ’affaires’ découlant de l’Angus Road Saga. La disparition d’un témoin-clé remet tout en question.

Une affaire connaîtra une fin avant les autres. Il s’agit du procès en diffamation intenté par Pravind Kumar Jugnauth (PKJ) à Roshi Bhadain. Logiquement, même si Govinden n’était pas parti au ciel, il ne serait pas venu témoigner en faveur de Roshi Bhadain. On saura quel est le poids de la documentary evidence dans ce procès.

Quant aux autres aspects d’Angus Road, verra-t-on un tribunal quelconque condamner PKJ pour quelque maldonne ? Si jamais il y a condamnation, on doit s’attendre au recours à la longue procédure d’appel à Maurice. Et on pourrait contester devant le Conseil privé de la Reine toute décision de la cour d’appel à Maurice.

A l’aboutissement de ce procès, on aura déjà atteint 2034 après deux victoires successives de Pravind Jugnauth aux élections générales de 2024 et 2029. Le pire auquel PKJ pourrait s’attendre, c’est d’être disqualifié en 2034. En excellent stratège, le MSM a déjà préparé son plan B…