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La semaine décryptée

14 novembre 2021, 16:19

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La semaine décryptée

Lundi 8 novembre

Le pétrole dans l’océan Indien, «an old ambition»

Excellent article dans l’express du lundi 8 novembre de notre collègue Iqbal Ahmed Khan sur l’intérêt que Maurice a toujours manifesté pour pouvoir un jour exploiter des ressources… pétrolières dans les eaux territoriales du pays.

En 1965 déjà, soit un demi-siècle de cela, l’homme qui dirigeait le gouvernement colonial de Maurice, sir Seewoosagur Ramgoolam (SSR), avait insisté auprès des Britanniques que même après la cession de l’archipel des Chagos, Maurice se réservait le droit d’exploiter toute ressource minière ou pétrolière se trouvant dans la région.

SSR crut vraiment dans le potentiel pétrolier de Maurice et c’est pour cette raison qu’il chargea la compagne américaine Texaco d’entreprendre des travaux de prospection. Pendant longtemps, il fut plus économique d’exploiter des puits terrestres que des gisements en mer. Mais d’éventuels conflits entre Israël et les pays arabes et la décision des pays producteurs de pétrole eux-mêmes de faire majorer de façon draconienne le prix du pétrole devaient amener des Européens et les Américains à aller prospecter dans l’océan.

En 2021, le gouvernement mauricien croit toujours dans le potentiel d’exploitation d’un éventuel gisement de pétrole dans nos eaux. Mais, de là à croire que nous en exploiterons sur une telle échelle que nous risquons de polluer la mer et l’atmosphère, c’est que l’imagination n’a pas de limites…

Mardi 9 novembre

Crèches et dortoirs dans les collèges ?

Paul Bérenger rejoint les rangs de SSR en préconisant le droit de vote à 16 ans. Quand SSR avait initié la décision historique d’accorder le droit de vote à 18 ans, il la traduisit dans les faits pour les élections générales de 1976.

La différence entre le leader du MMM et SSR réside dans le fait que le leader travailliste était au pouvoir alors que le MMM se retrouve dans l’opposition. Si le MSM est d’accord avec la proposition de Paul Bérenger, les jeunes de 16 ans voteront en 2024.

Une fois le droit de vote établi à 16 ans, ne demandera-t-on pas que la majorité légale soit elle aussi ramenée à 16 ans ? Baissera-t-on à 14 ans l’âge de consentement pour des rapports sexuels ? À vrai dire, les adolescents de 2021 sont de loin beaucoup plus ‘armés’ que ceux des années 1970 et ce n’est pas seulement Facebook et TikTok qui font la différence.

Il serait tout à fait prévisible que dans le contexte d’élections générales, des jeunes de 16 ans à monter constituent leur propre plateforme de revendications, réclamant l’aménagement de dortoirs et de crèches pour des jeunes couples de collégiens afin qu’ils se libèrent du carcan familial. Une allocation sociale substantielle à la manière de ‘la monnaie-braguette’ à La Réunion devrait être payée pour que ces jeunes couples puissent poursuivre leurs études tout en s’occupant des bébés.

Mercredi 10 novembre

Acting PM en rôle «Mickey»

Le désaveu par la ministre de l’Éducation du Premier ministre (PM) suppléant Steve Obeegadoo sur la fermeture des écoles est largement commenté en ce mercredi 10 novembre. Mais cela reflète bien le concept politique mauricien axé sur la formule «Premie minis ki mari».

Au fait, suivant la création du poste de vice-PM en 1982 par le gouvernement Anerood Jugnauth-Paul BérengerHarish Boodhoo, la suppléance aux fonctions de PM, a connu bien d’événements chez nous.

Au fait, d’après la Constitution, celui qui agit comme PM dispose de tous les pouvoirs de ce dernier. Maurice serait probablement le seul pays au monde où le PM n’est plus chef de gouvernement du moment qu’il quitte le territoire. Mais à quel titre représente-t-il alors le pays à l’étranger ? En revanche, dans d’autres pays, c’est seulement quand un chef de gouvernement ou d’État se retrouve en incapacité physique de fonctionner qu’un système de suppléance se met en place.

En principe, celui qui agit comme PM évite de marcher sur les plates-bandes du titulaire. Mais le pays a connu des moments ou l’acting PM a pris des initiatives qui n’ont pas fait plaisir au vrai chef. C’est pourquoi on tente de contourner la suppléance, en réduisant autant que possible les activités officielles ou le remplaçant est sollicité. Ainsi, on avait décidé de réduire au strict minimum protocolaire, sans discours, la célébration de l’immigration indienne le 2 novembre. Mais Steve Obeegadoo a tenu à y prononcer un discours. C’est sans doute pour priver Obeegadoo de l’occasion de présider le Cabinet que le conseil des ministres n’a pas eu lieu.

On connaît bien des épisodes sur la suppléance chez nous. Ainsi, un PM, avant de partir pour l’étranger, faisait venir au PMO tous les dossiers d’importance stratégique ou financière considérable. Il demandait ensuite au chef de la fonction publique de tout verrouiller afin que le suppléant ne prenne quelque décision en son absence. En effet, le suppléant avait éveillé des soupçons en faisant ‘clear’ tous les dossiers relatifs à des demandes de bail de terrains de l’État, surtout sur le littoral, de permis de résidence et encore de passeport mauricien. Une fois, le PM avait même fait bloquer le dossier sur la nomination formelle d’un commissaire de police. Il s’en est fallu de peu pour que le mignon du suppléant se retrouve comme patron des Casernes centrales aux dépens de favori du chef. Une fois les dossiers mis hors de portée du PM suppléant et le chef de la fonction publique lui-même étant toujours en déplacement avec le titulaire, la chain of command chez les fonctionnaires est elle aussi sécurisée pour rendre encore plus impotent celui qui prend le titre temporaire de chef du gouvernement.

Jeudi 11 novembre

Le phénomène des écoles fermées

Sans les technologies de l’information et de la communication (TIC), le système éducatif de Maurice aurait été fortement compromis avec les fréquentes perturbations notées avec la fermeture des écoles.

Comme le dit le dicton, ‘à quelque chose, malheur est bon’. Le Covid-19 a fini par contraindre les étudiants mauriciens à bien maîtriser l’outil informatique pour entreprendre des recherches et produire des documents. Sinon, ils se seraient limités à accéder à Facebook et TikTok.

Les Mauriciens ont bien de retard à combler par rapport aux jeunes d’autres pays comme la Chine et l’Inde mais les contraintes actuelles occasionnées par le Covid-19 leur seraient bénéfiques à long terme.

On a noté quand même quelques phénomènes ‘éducatifs’ et culturels qui seraient inquiétants pour l’avenir du pays. Ainsi, il semblerait que les Malgaches maîtrisent mieux l’anglais que les Mauriciens, ce qui expliquerait la perte de business notée chez nous au profit des centres d’appel dans la Grande île.

Vendredi 12 novembre

Les Mauriciens «irresponsables»

Après les grandes explications scientifiques de Catherine Gaud et le rôle des ‘comorbidités’ dans le nombre de morts résultant de la présence du Covid-19 chez nous, voilà une toute nouvelle thèse qu’avance le gouvernement. Les Mauriciens se comporteraient de façon ‘irresponsable’, ce qui explique la hausse du nombre de cas d’infection et de mortalité.

Certainement, les Mauriciens ont repris leurs habitudes pré-Covid mais les autorités sont tout autant responsables de ce relâchement en cachant la vérité à la population et en voulant à tout prix démontrer quelles maîtrisent la situation.

En raison de l’exiguïté de son territoire, Maurice à l’ère coloniale parvenait à mieux maitriser les fléaux qui frappaient le monde entier, notamment le paludisme et la poliomyélite. Cet avantage est maintenant grandement réduit en raison des connexions tant aériennes que maritimes qui lient Maurice au reste du monde. C’est pour bénéficier de cet avantage que le gouvernement mauricien avait fermé les frontières pendant un certain temps.

Il faudrait penser au-delà du blame game et envisager un nouveau départ avec une toute nouvelle équipe. Pourquoi ne pas confier la direction de l’équipe au vice-PM Steve Obeegadoo ? Sans conteste, il est l’élément le plus compétent du gouvernement. Sa vive intelligence, sa communication facile dans les grandes langues, sa capacité de maîtriser les dossiers les plus complexes, tout cela crée un élément de jalousie chez d’autres. Mais qu’on le prenne pour un atout qui manque au gouvernement !

N’étant pas médecin, Steve Obeegadoo pourrait, s’appuyant sur son détachement… clinique, bien gérer tout l’épineux dossier et communiquer avec sincérité avec les Mauriciens et nos partenaires étranges. L’absence de communication honnête et directe a envenimé la situation.