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Journée internationale: aides-soignants, les premiers dans la ligne de mire du virus
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Journée internationale: aides-soignants, les premiers dans la ligne de mire du virus
Ils sont en première ligne. Donner le bain, le repas, du réconfort, être aux petits soins. Et depuis quelques mois, ils côtoient la mort de plus près, avec le Covid-19 au quotidien. En cette Journée internationale dédiée aux aides-soignants, donnons-leur le mérite qui leur est dû…
Vincent* fait tout pour éviter d’attraper le virus du Covid-19, mais jour après jour, cette tâche s’avère plus difficile. Pourtant en 20 ans de carrière comme aide-soignant, il a dû faire face à de nombreuses épreuves. Et cela, sans baisser les bras. «Mon métier est avant tout d’assister les infirmiers, afin de donner les soins primaires aux malades. Ainsi, on donne le bain, la nourriture, on les aide à se changer, et on les met à l’aise durant la période qu’ils passent à l’hôpital.» Il ajoute que ses collègues et lui ne sont pas censés donner des médicaments et faire des injections. «Mais dans la pratique, cela se fait. On est de véritables pommes d’amour.»
Toutefois, le Covid-19 est venu bouleverser la routine. Parce que les aides-soignants ne sont plus seulement là pour vider les seaux, mais aident aussi aux tâches les plus incongrues dans les Covid Wards. Entre laver les malades contaminés, les aider quand ils vomissent ou toussent, et encore être tout simplement à leur écoute, la charge de travail a augmenté autant que les cas dans l’île.
«Plusieurs hôpitaux ont leurs propres salles de Covid, et quand les collègues sont infectés, on se retrouve à faire le travail de deux à quatre personnes à la fois. On enchaîne sur les salles, les unes après les autres. Le travail reste en attente et nous devons aussi répondre aux attentes des malades en premier.»
Quelles sont ces attentes des patients ? À cette question, il répond sans détour : «Ils sont devenus encore plus exigeants. Surtout qu’avec le Covid, il y a encore plus de malades. Et si l’on veut maintenir le même niveau de soin, il faut plus de personnel.» C’est justement le combat de la Ministry of Health Employees Union, qui demande à former les Health Care Assistants pour qu’ils puissent aider les infirmiers. «70 % du travail de l’infirmier peut être fait. Ainsi, ce dernier aurait plus de temps pour s’occuper des malades. Surtout dans la situation de crise que nous traversons.»
En tout cas, exercer dans une Covid Ward est très compliqué, surtout émotionnellement parlant. Vincent raconte que face à la pression, certains de ses collègues ont craqué et ont dû être admis à l’unité cardiaque. «On informe ces personnes infectées que leur vie est en danger à cause du Covid mais que nous allons être à leurs côtés, dans cette épreuve.» Il confie que certains patients sont satisfaits des soins prodigués.
«Ce sont certains membres des familles qui trouvent toujours quelque chose à redire. Il faut savoir que nous avons quelque 30 tâches à faire au quotidien.» Étant éloignés de leurs proches, en attendant d’être rétablis du virus, les patients se retrouvent seuls. «C’est très dur pour eux. Ils sont démunis et se retrouvent entre nos mains. On devient les membres de leur famille.» Au quotidien, il voit aussi défiler des morts. «Peut-être qu’avec ce métier, l’on devient insensible face à la mort. En tout cas, c’est mon cas.» En revanche, il ajoute dans l’environnement où il exerce en ce moment : «Il y a plus de cris et de pleurs que de joie actuellement.»
Comment se passe le retour à la maison après une journée de travail ? «J’essaie de faire abstraction de ce qui s’est passé au travail. Et je redeviens le père et le mari que l’on attend.» Et il est vrai que faire un câlin à son fils de cinq ans est quelquefois difficile pour lui. «À cet âge, on est encore très demandeur d’affection des parents. On a le besoin de sentir les bras protecteurs de son père autour de soi. La chance que j’ai, c’est que ma femme évolue aussi à l’hôpital et elle me comprend. Mais, je suis peiné que je ne puisse prendre ma mère dans mes bras et cela depuis le début de l’épidémie.» Certains de ses collègues ont même l’impression d’être des «pestiférés à leur arrivée chez eux, tant la crainte d’attraper le virus est présente». Quoi qu’il en soit, notre interlocuteur espère que la situation au travail va évoluer positivement pour les aides-soignants, surtout que l’on est loin d’être sorti de l’auberge…
(*) Le prénom a été modifié
Peu de personnel pour beaucoup de travail
<p>Le manque de personnel se fait cruellement sentir. <em>«On bouge les employés presque chaque semaine. On les transfère des hôpitaux régionaux à ENT. Pendant cette semaine, le travail de ces employés reste ‘unattended’ car il n’y a personne pour les remplacer.» </em>Justement, Vincent raconte comment certaines tâches leur sont tombées dessus. <em>«Il y a même certains qui sont appelés à donner un coup de main à la ligne de communication dans les hôpitaux. J’ai un collègue qui a été posté à l’hôpital ENT à Vacoas. Certes, ce n’est pas lui qui contacte les familles dont le proche est décédé, mais il agit comme pont entre la famille et le malade en donnant des nouvelles au quotidien.»</em> L’aide-soignant déplore que le recrutement n’ait pas été fait dans ce secteur depuis de nombreuses années. «<em>La formation académique prend un an. Mais l’on ne nous explique pas comment parler aux patients. On n’a pas d’études psychologiques. On ne peut porter les problèmes des patients. Et nous sommes les premiers dans la ligne de mire du Covid.»</em></p>
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