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Vaccins et décès: ce que disent les chiffres

2 décembre 2021, 18:00

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Vaccins et décès: ce que disent les chiffres

Au Parlement mardi, le ministre de la Santé a révélé, lors de la Private Notice Question (PNQ), le nombre de personnes vaccinées décédées pendant le mois de novembre, et quel vaccin ils avaient reçu. En tenant compte des chiffres annoncés au Parlement précédemment, plusieurs questions sur l’administration de la troisième dose – et son retard – se posent…

Du 1er au 29 novembre, 348 personnes sont mortes des suites du Covid. Parmi ces personnes, 156 étaient vaccinées : 16 à l’AstraZeneca, 44 au Covaxin, 88 au Sinopharm et huit au Johnson & Johnson. Ce décompte est rarement communiqué. Lors de la PNQ du 19 octobre, le ministre avait révélé que du 1er au 24 octobre, sur 63 patients décédés, 16 étaient vaccinés : un à l’AstraZeneca, deux au Covaxin, quatre au Johnson & Johnson et neuf au Sinopharm.

En ce qui concerne les vaccins administrés, encore une fois, les chiffres sont spartiates. Le 26 octobre, le Dr Kailesh Jagutpal avait, à une question du député Franco Quirin, expliqué que 155 834 personnes avaient été vaccinées à l’AstraZeneca/Covishield, 99 062 au Covaxin et 465 732 au Sinopharm. Les chiffres pour Sputnik V n’avaient pas été annoncés et le nombre de personnes ayant reçu une dose de Johnson & Johnson pour la première vaccination n’a pas été communiqué.

À chaque fois que ces chiffres ont été évoqués, Xavier Duval a pointé du doigt le Sinopharm, affirmant qu’il est moins efficace car la majorité des vaccinés décédés ont reçu ce vaccin développé par la Chine. Cependant, ce décompte n’est pas si simple. Comme une majorité de personnes ont reçu ce vaccin, il est normal que le nombre de décès soit plus élevé que les autres.

Mais le leader de l’opposition n’a pas tout à fait tort. Il a été prouvé que le vaccin Sinopharm offre une protection optimale pendant quatre mois. Passée cette date, la protection baisse. Gardant en tête que le système immunitaire des personnes âgées est plus faible, cette protection dure moins longtemps, raison pour laquelle l’OMS, qui s’est prononcé contre l’administration de la troisième dose, a soutenu une troisième dose de Sinopharm pour les personnes âgées afin de garder leur protection optimale.

À Maurice, des 230 000 personnes âgées de 60 ans et plus, 206 487 ont un schéma vaccinal complet et 33 713, soit à peu près 16 % de cette catégorie de la population vaccinée, ont reçu une booster dose. 5 221 ont reçu le Sinopharm et le reste, le Johnson & Johnson. Selon le leader de l’opposition, ce chiffre est très bas et vu le temps passé depuis le début de la campagne vaccinale, plusieurs personnes âgées sont désormais à risque.

Une attente fatale…

Cependant, le ministre de la Santé, lui, a maintenu qu’il faut attendre le laps de temps de six mois avant la booster dose. Quant aux personnes, âgées ou pas, qui ont reçu une troisième dose de Sinopharm, rien n’a été défini pour elles car il n’est pas clair, pour le moment, combien de temps cette nouvelle protection durera dans chaque catégorie de la population. L’autre fait qui interpelle concerne les vaccinés au Covaxin. Selon les chiffres, malgré le nombre limité de personnes vaccinées, le nombre de morts est conséquent. Cependant, très peu d’informations sont disponibles sur l’efficacité et la durée d’immunité du vaccin. Raison pour laquelle tous les experts du domaine avaient demandé, dès le début de la campagne de la booster dose, que de meilleurs vaccins soient réservés pour les catégories vulnérables et que les deux vaccins à virus inactivés ne soient plus utilisés.

La requête a finalement été accédée il y a quelques semaines. Il avait été décidé que toutes les personnes souhaitant recevoir une troisième dose recevraient le Johnson & Johnson et que les personnes les plus vulnérables, comme les frontliners, dialysés, femmes enceintes ou ceux ayant subi une transplantation d’organes, entre autres, recevraient une dose de Pfizer.

L’arrivée de la prochaine cargaison de Pfizer, prévue cette semaine, a été décalée et selon nos informations, elle débarquera à la mi-décembre

«Cela ne dépend pas de nous, mais des fabricants», a expliqué le ministre. C’est d’ailleurs la même explication qu’il a donnée lorsqu’il a été questionné sur le don de 65 000 doses de Sputnik V et 50 000 doses de Sinopharm au Rwanda et 50 000 autres doses de Sinopharm au Zimbabwe. Est-ce que ces vaccins ne sont plus offerts aux Mauriciens en raison de leur faible taux d’efficacité ? «At that time, when we didn’t have any vaccines, we had received these vaccines. Il a été prouvé, à travers les statistiques que j’ai mentionnées, que le Sinopharm est efficace. Heureusement, nous avons reçu d’autres vaccins à différents moments pour la campagne. Cela ne veut pas dire que nous n’allons pas utiliser le Sinopharm. La disponibilité dépend des fabricants (…) et nous allons regarder de près l’efficacité des vaccins», a-t-il dit.

Mais la perte d’efficacité rapide de ces deux vaccins a-t-elle contribué au nombre de décès de personnes âgées ? Pour rappel, vendredi à la conférence de presse du National Communication Committee, le Dr Kailesh Jagutpal a dit que 70 % des personnes mortes du Covid ont plus de 60 ans. De plus, les décès en excès n’ont cessé de grimper ces derniers mois pour atteindre un record en novembre : 831 morts de plus que du 1er au 29 novembre 2020. Selon les experts, Il y a définitivement un lien avec le taux d’efficacité de ces deux vaccins. À l’apparition du Delta, une bonne partie de la population n’avait plus la protection requise. C’est d’ailleurs pour cela que tous faisaient des appels pour que les meilleurs vaccins soient utilisés pour les personnes fragiles, y compris celles âgées de plus de 60 ans. L’attente avant de prendre la décision a été trop longue. Avec la nouvelle stratégie, le nombre de décès devrait hypothétiquement baisser dans quelques semaines.