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Les récifs coralliens proches de Maurice au bord de l’effondrement

13 décembre 2021, 19:00

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Les récifs coralliens proches de Maurice au bord de l’effondrement

«Le monde s’écroulera avec les coraux.» Ce sont les propos de Vassen Kauppaymuthoo après la publication d’une étude dans la revue Nature Sustainability le lundi 6 décembre. Les conclusions du document sont jugées «graves» puisqu’elles prévoient un risque d’effondrement des récifs coralliens de l’ouest de l’océan Indien, dont ceux proches de Maurice, dans les 50 prochaines années. Une dégradation qui a commencé depuis «des décennies».

L’étude, cosignée par l’International Union for Conservation of Nature, a été centrée sur 11 919 kilomètres carrés de coraux, soit l’équivalent de 5 % du total sur le plan global. C’est d’ailleurs la première fois que des chercheurs ont pu évaluer la vulnérabilité des récifs dans cette région. Ce faisant, ils en ont expliqué les raisons, soit la hausse des températures de la mer, la surpêche et les conséquences des activités humaines.

«Les conclusions sont assez graves. Ces récifs risquent de s’effondrer», a déclaré à l’AFP David Obura, fondateur de l’institut kényan de recherche sur les océans CORDIO East Africa et principal auteur de l’étude. «Les récifs ne sont en bonne santé nulle part dans la région. Ils ont déjà tous décliné et cela va continuer.»

Pour Vassen Kauppaymuthoo, l’avenir des coraux proches de Maurice s’annonce sombre et cela aura un effet néfaste sur les habitats aquatiques, les animaux marins, mais aussi sur l’industrie du tourisme à Maurice, à terre déjà, avec le Covid-19. «Ces récifs représentent notre forêt tropicale et permettent aux poissons d’avoir un habitat. Il ne faut pas oublier que c’est grâce à ces récifs que le pays jouit de sables fins et c’est ce qui attire les touristes.»

L’océanographe rappelle aussi que la dégradation des coraux provoquera davantage d’érosion sur nos plages et que le niveau de la mer à Maurice augmente de 5,6 millimètres par an, soit presque deux fois plus que le niveau mondial. «La situation est déprimante car il existe des problèmes connus mais pour lesquels des solutions n’ont pas vraiment été trouvées, concernant la surpêche ou même la pêche illégale par exemple. Il faut des campagnes d’éducation agressives et des mesures de répression. Il y a aussi d’autres impacts liés à l’activité humaine.»

Quid de l’exploitation du pétrole dans tout ça ? La scientifique Shaama Sandooyea tire la sonnette d’alarme. Depuis l’introduction de l’Offshore Petroleum Bill au Parlement, elle se dit désappointée, ne comprenant pas la décision du gouvernement d’introduire une loi qui fragilisera encore plus les récifs coralliens, 15 mois seulement après l’épisode du MV Wakashio. «Les dirigeants s’en foutent. Ils veulent juste extraire et exploiter.»

Vassen Kauppaymuthoo prévient que cela sera «catastrophique» si des fuites ont lieu pendant les activités d’exploitation ou d’extraction éventuelle du pétrole. «Je me demande si c’est compatible avec les ambitions du gouvernement de réduire les émissions à effet de serre. Je comprends que cette décision a été prise pour que de l’argent entre dans le pays et que faire des choix n’est pas facile pour nos dirigeants. Mais les choix d’aujourd’hui déterminent notre futur.»

Soulignons qu’après deux séances parlementaires, le ministre de l’Environnement, de l’Économie verte et du Changement climatique et le ministre de l’Économie bleue, des Ressources marines et de la Pêche ne se sont toujours pas officiellement prononcés sur les conclusions de la revue Nature Sustainability, cela bien que ces dernières soient très alarmantes.