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Tocilizumab: CPN payée plus de Rs 21 millions entre les 7 et 9 décembre

17 décembre 2021, 18:00

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Tocilizumab: CPN payée plus de Rs 21 millions entre les 7 et 9 décembre

Après le Molnupiravir, au tour du traitement monoclonal Tocilizumab d’attirer l’attention sur le ministère de la Santé et CPN Distributors. Deux lettres confirment que la compagnie importatrice a perçu Rs 21 480 000 pour l’importation du Tocilizumab. De plus, cette importation est en contradiction avec des déclarations du ministre Kailesh Jagutpal au Parlement…

Le 7 décembre, une lettre émanant du ministère de la Santé à l’attention du managing director de CPN Distributors confirme qu’une offre de la compagnie pour l’acquisition du Tocilizumab 400g injection a été retenue. L’offre, présentée au ministère le 25 novembre, était en réponse à un tender émis le même jour. Le montant à payer est de Rs 7 160 000 et le produit doit avoir une durée de vie de 11 mois.

Deux jours après, une autre lettre, émanant de la même source vers le même destinataire, confirme que la compagnie a été retenue toujours pour fournir du Tocilizumab 400g injection. Cette offre était en réponse à un appel d’offres émis le 3 décembre, pour un montant de Rs 14 320 000. Un autre document démontre qu’un colis contenant le médicament a atterri à Maurice le 3 décembre. Le colis est en provenance de l’Inde et posté par Hetero Pharma.

Nouveaux tenders

Le 23 novembre, au Parlement, le ministre de la Santé a expliqué que Trident Healthcare Ltd avait eu l’autorisation d’importer 300 fioles de Tocilizumab. Trois autres compagnies avaient demandé l’autorisation pour l’importation totale de 265 fioles supplémentaires pour l’approvisionnement du secteur privé. Selon les dates des tenders dans les nouveaux documents, il ressort que des appels d’offres supplémentaires ont été émis après cette réponse.

Toujours au Parlement, le 9 novembre cette fois, le Dr Kailesh Jagutpal avait déclaré que ce médicament avait été approuvé par le groupe clinico-biologique en septembre de cette année. 76 doses qui étaient disponibles sur le marché ont été achetées par le ministère pour le traitement de 19 patients entre les 2 et 19 octobre. Le 5 octobre, l’appel d’offres pour l’achat de 300 doses avait été lancé mais face au nombre croissant de cas à cette période, la commande avait été modifiée à 600. Le coût est de Rs 20 000 par injection. Le nombre de doses dans les tenders supplémentaires n’est pas disponible.

Contradictions

Ce même jour, au Parlement, en réponse à la PNQ sur ce médicament, le ministre de la Santé avait lui-même déclaré que ce produit est toujours sous licence du fabricant et qu’il n’y a ni substitut ni produit biologiquement similaire et qu’il sera disponible à Maurice en décembre. Comment se fait-il que le produit ait été importé de l’Inde ?

En mai, le laboratoire Hetero en Inde avait soumis la demande de fabrication d’une version générique du Tocilizumab à la Central Drugs Standard Control Organisation. En septembre, le Drugs Controller General of India a approuvé la demande d’utilisation en urgence du générique. Peu après, le laboratoire détenteur de la licence a fait savoir qu’il ne poursuivrait pas Hetero en justice. D’ailleurs, les mêmes interrogations entourent le Molcovir, générique du Molnupiravir, produit par Optimus Pharma sans licence de Merck. Ces médicaments, qui ont les approbations nécessaires en Inde, n’ont pas les autorisations des agences internationales comme l’Organisation mondiale de la santé, l’European Medicines Agency (EMA), la Food and Drug Administration, etc.

Manque de transparence

Est-ce que cela pose problème ? Plusieurs experts et politiciens pensent qu’en temps de crise, il faut se tourner vers les plans B, surtout lorsqu’il y a une pénurie de médicaments sur le marché. «Comme cela a été fait pour les vaccins. Certains ont été approuvés avant même leur homologation par l’OMS, et la campagne a été efficace», explique-t-on. Cependant, d’autres anciens hauts fonctionnaires qui ont navigué pendant des décennies dans le milieu ne sont pas du même avis.

À la suite du discours budgétaire 2020-2021, il avait été décidé que la définition de specified standards des médicaments allait être amendée. Avant la présentation de ce Budget, les médicaments devaient répondre aux normes anglaises, françaises, américaines ou européennes. Avec l’amendement, les médicaments répondant aux normes indiennes ont été inclus. Si, dans l’absolu, cela ne pose pas de problème, des questions subsistent quand même. «Regardez le Molnupiravir. Lorsqu’une compagnie a une licence de Merck, il y aura tout d’abord des contrôles de qualité par ce laboratoire pour s’assurer que le médicament est fabriqué comme il faut car son nom est en jeu. Ce qui n’est pas le cas pour les produits fabriqués sans licence», explique un ancien cadre de la Santé.

De plus, il estime que l’aval des instances internationales est très important car les premières données sur l’efficacité d’un médicament proviennent du producteur. L’exemple est toujours le Molnupiravir. Alors que les essais cliniques communiqués par Merck avaient annoncé une réduction de 50 % des risques d’hospitalisation, les autres instances internationales se sont accordées pour conclure à une réduction de 30 %.

«Un fabricant flattera toujours son produit, d’où l’importance d’avoir l’aval de plusieurs agences indépendantes.» Il rappelle que le fabricant de Sinopharm avait confirmé l’efficacité des vaccins, mais il a fallu des analyses de l’OMS pour conclure qu’il n’y avait pas de données sur les personnes âgées et celles ayant des comorbidités. De plus, le Molnupiravir et le Tocilizumab sont des médicaments administrés aux personnes déjà malades. «Ce n’est pas préventif, contrairement aux vaccins. Il faut alors qu’il n’y ait pas de doutes sur leur efficacité, vu le risque de rendre les personnes plus malades.»