Il a été Senior Minister jusqu’en février de cette année. Nando Bodha est donc bien placé pour savoir comment fonctionnait le High Level Committee présidé par le Premier ministre sur le Covid car il y siégeait. Selon lui, il est impossible que Kailesh Jagutpal et Pravind Jugnauth ne soient pas au courant de l’achat d’un million de cachets de Molnupiravir à CPN Distributors.

«Ce comité se réunit tous les jours et c’est là que toutes les décisions sont prises», explique l’ancien ministre des Affaires étrangères. L’exemple qu’il cite concerne les vaccins. Tous les jours, il y avait des mises à jour sur le stock, les commandes, la provenance et les prix. Mais il n’y a pas que cela. Même l’acquisition des équipements comme le Personal Protective Equipment et les tests se passaient de la même manière. «Il est donc impossible que l’achat d’un million de cachets de Molnupiravir ne s’est pas passé comme ça.» Ce comité, rajoute-t-il, est l’instance suprême où tout est analysé et les grandes décisions prises.

Notifier le Conseil des ministres

De plus, il estime qu’au vu de l’importance et le prix de cette commande, Kailesh Jagutpal devait notifier le Conseil des ministres. L’autre fait qui le conforte pour affirmer que Pravind Jugnauth ne peut pas feindre l’ignorance est qu’il avait dit, le 9 décembre, soit à la veille de la Private Notice Question, dans son allocution à la nation, que le pays a un stock d’un million de Molnupiravir. Cela, en ces termes : «Mardi, nou finn recevwar enn million doz Molnupiravir, ki enn nouvo medikaman kont viris la. Ek li pli efikas si ou pran li boner. Minis Jagutpal pou explike ki dispozition pe pran pou donn sa bann tretman la dan bann lopital.» Pour Nando Bodha, la déclaration du Premier ministre après l’éclatement du scandale où il dit qu’il a appris cela au Parlement ne tient pas la route.

Un autre point abordé par l’ancien ministre des Affaires étrangères est la manière dont cette acquisition a été faite auprès de CPN Distributors, soit, à travers une unsolicited bid. «Il y a eu un restricted bid avec cinq fournisseurs qui sont de confiance et qui sont connus comme des importateurs. CPN ne pouvait pas y participer pour des raisons évidentes. C’est Mauritius Pharmacy qui a eu ce contrat», explique le leader du Rassemblement Mauricien. Raison pour laquelle l’achat controversé s’est fait le 7 décembre sans appel d’offres. Quant à l’urgence, Nando Bodha reprend les propos des autres experts pour expliquer que le ministère aurait pu commander une quantité limitée pour une utilisation immédiate le temps que le stock de 800 000 cachets arrive à Maurice.

Système d’appel d’offres à être revu

Face à tout cela, Nando Bodha rejoint le front de contestation en demandant la démission de Kailesh Jagutpal. «Lorsqu’on voit comment Raj Dayal, Ravi Yerrigadoo, Ivan Collendavelloo et Showkutally Soodhun ont dû partir, je ne comprends pas comment le Dr Kailesh Jagutpal, avec toutes les preuves qu’il y a, peut toujours rester en poste», fait-il remarquer en rappelant que le ministre de la Santé a justifié, à deux reprises, l’acquisition, la quantité et le prix de cet achat. «Aujourd’hui, le Premier ministre est incapable de prendre des décisions et met la responsabilité sur le dos des fonctionnaires», affirme l’ancien ministre MSM. En outre, il considère que tout le système d’appel d’offres et d’acquisition par les ministères doit être revu pour davantage de contrôle.