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La semaine décryptée

19 décembre 2021, 12:47

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La semaine décryptée

Voir les événements de la semaine autrement. Il s'agit d'une revue critique-et politique- de l’actualité comme rapportée dans les médias du lundi 13 décembre au vendredi 17 décembre.

Lundi 13 décembre

«Jaloux» du chairman ou doléances justifiées ?

Selon l’express du lundi 13 décembre, pas moins de six voisins de Bhooneswar Rajkumarsingh, chairman de l’Independent Broadcasting Authority (IBA), feraient face à des «nuisances intenables» en raison d’un business de camions opéré par le mignon du gouvernement. 

Cela se passe dans le village autrement paisible de Laventure mais la compagnie du chairman entraîne un lot de problèmes allant de bruits étourdissants à la pollution de l’air avec fumée, mazout et poussière de ciment mais aussi des travaux mécaniques. Certains de ces mastodontes de 30 tonnes, selon les habitants, démarrent à 3 heures du matin et d’autres rentrent tard dans la nuit. 

Il se pourrait que le chairman, symbolisant la réussite personnelle spectaculaire et le progrès social et économique, ne soit pas le bien-aimé dans le quartier. En opérant des mastodontes de cette dimension, le chairman constitue aussi un exemple en chair et en os d’un processus qu’on appelle la démocratisation de l’économie. Car seules de très grosses entreprises sont capables de monter une telle opération. 

Il n’est pas difficile toutefois, avec les moyens modernes dont on dispose dans le pays, de déterminer s’il y a vraiment des atteintes à l’environnement et à la santé des habitants. 

Il ne manque plus qu’un panel d’avocats pour porter assistance légale (et musclée) à ces habitants. Dans un esprit de fair-play, le chairman devrait, pour sa part, encourager les radios privées à assurer des reportages sur ce cas particulier à Laventure.

Mardi 14 décembre

Rodrigues pas en retard…

Les Rodriguais, dès l’année 2002, n’ont pas tardé à maîtriser les technologies de l’information et de la communication (TIC) bien que ne disposant pas à l’époque d’une puissante bande passante. Un cybercafé s’installa bien vite à Port-Mathurin. 

Depuis 2002, différents gouvernements et des compagnies privées impliquées dans les TIC ont systématiquement investi pour améliorer la connectivité de Rodrigues avec l’île principale mais aussi avec le reste du monde. Le Rodriguais, étant plus dévoué au travail et ayant un sens de débrouillardise plus prononcé que l’habitant de l’île principale, a su faire bon usage de toutes les opportunités offertes par les télécommunications modernes. 

Malheureusement, certains à Rodrigues ont aussi exploité le côté négatif de ces technologies. Ce qui fait qu’un énorme scandale, impliquant la production de pas moins de 1 000 vidéos à caractère pornographique, selon l’express du mardi 14 décembre, secoue la deuxième île de la République de Maurice. 

Comme on est tenté de le dire en pareille situation, on n’arrête pas le «progrès».

Mercredi 15 décembre

Coup de poing… américain

Après l’alerte «rouge écarlate» de la France qui frappa Maurice et qui fut répercutée dans les médias du monde entier, voilà que l’image de notre pays a essuyé un énorme coup de poing des États-Unis. L’express du mercredi 15 rapporte que Washington a placé Maurice au niveau 4 de l’alerte Covid, qui veut dire ‘Do Not Travel’ vers notre pays. 

Bien sûr, cette décision américaine a été rapportée dans tous les médias du monde, à l’exception peut-être de ceux de la Corée du Nord, pays qui ne nous envoie pas des touristes. Mais Maurice ne se distingue pas comme une république bananière paria en raison de cette mesure américaine. L’Italie et le Groenland, deux pays civilisés, sont aussi frappés par le Level 4 de l’Oncle Sam. 

Reste à savoir quelle carte Maurice pourrait jouer pour faire assouplir la décision américaine. Tir-lamores sur Diego Garcia ? 

Comme si le gouvernement mauricien est guidé par l’instinct du suicide diplomatique, un événement incroyable devait se produire le lendemain, c’est à dire le jeudi 16 décembre. On recevait ce jour-là à l’aéroport de Plaisance quelque 203 580 doses de vaccin Pfizer comme don du gouvernement américain. 

Aucun ministre n’était présent à l’aéroport pour de cette cérémonie organisée par les Américains. En revanche, le vaccin chinois Sinopharm fit l’objet d’un accueil grandiose le 20 mai 2021 à Plaisance avec la participation du Premier ministre lui-même, du ministre de la Santé et du ministre des Affaires étrangères. 

Heureusement pour le gouvernement de Maurice que Donald Trump n’est plus le président des États-Unis…

Jeudi 16 décembre

Culture «chatwa» : Même le secteur privé «infecté» ?

Intéressante interview en anglais de Jean Claude de l’Estrac dans l’édition du jeudi 16 décembre 2021 de l’express. 

L’ancien journaliste et homme politique fait allusion à un phénomène nouveau dans les annales politiques, économiques et administratives du pays. 

Il s’agit du contrôle par le gouvernement d’institutions relevant du secteur privé. Le régime exerce déjà une mainmise sur toutes les institutions officielles à l’exception, pour le moment, du bureau du Directeur des poursuites publiques et de la Cour suprême. 

S’est produite en effet dans le secteur privé une nomination inédite. Un protégé du gouvernement porte maintenant le manteau de secrétaire-général de la Mauritius Chamber of Commerce and Industry (MCCI). Il s’agit-là d’une des institutions les plus importantes sinon de la plateforme la plus utilisée par le secteur privé pour assurer le dialogue et l’interaction avec le gouvernement. 

Le problème avec ce n° 1 de la MCCI, c’est qu’il a été arrêté par la police dans une affaire de corruption. Il fait face à une accusation provisoire. Or, pour moins que ça, Raj Dayal et Ivan Collendavelloo avaient dû abandonner leurs fonctions ministérielles. 

Qui aurait cru que la MCCI serait un jour dirigée par un chatwa politique, se demandent d’aucuns…

Vendredi 17 décembre

Le «lakri-chor», version 2021

Existe-t-il un brillant stratège au MSM qui aura orchestré l’arrestation de Roshi Bhadain tôt le matin du vendredi 17 décembre 2021 ? 

S’il y avait des calculs politiques derrière cette action pour détourner l’attention de l’opinion publique de l’énorme scandale de Molnupiravir/Akash Chuttoo, cela s’est soldé par un énorme succès. On n’a parlé plutôt de Bhadain que de Chuttoo et de ses associés potentiels en haut lieu. L’accusation pesant sur Roshi Bhadain a pris une dimension des plus cocasses car on y parle de… vol de bois au préjudice du gouvernement. 

Ce n’est pas pour la première fois qu’une affaire de bois du gouvernement est portée sur la place publique. En 1987, alors que le pays était engagé dans une campagne électorale en vue de deux partielles, l’une à Mahebourg-Plaine Magnien et l’autre à Rivière-des-Anguilles/ Souillac, une affaire de ‘vol’ de bois fut évoquée. 

En effet, le MSM désigna Dhundev Bahadoor, dirigeant du Human Service Trust (HST), comme son candidat au no 13. Or durant la même période plus ou moins, l’Église avait cédé l’hospice de Calebasses au HST. Croyant bien faire pour améliorer les conditions physiques de l’hospice, le HST y fit abattre quelques arbres. Le responsable, Dhundev Bahadoor, un homme intègre et très dévoué à la cause des pauvres et des malades, ne savait pas qu’il commettait une infraction à la loi car ces arbres faisaient partie de la forêt de Pamplemousses. Bahadoor fut alors poursuivi pour cette infraction purement technique. Malheureusement pour lui, un esprit machiavélique au MMM, qui maniait bien le bhojpuri, l’affubla du titre de lakri-chor, littéralement «voleur de bois». Donc, pendant toute la campagne électorale, le pauvre Bahadoor traîna le boulet de lakrichor, à ne pas confondre avec larki-chor, qui veut dire «voleur de fille». 

Les élections partielles n’eurent pas lieu car le pays alla tout droit vers des élections générales. Après cette brève incartade dans le monde politique, Dhundev Bahadoor se consacra entièrement au travail social, assurant à l’hospice une gestion impeccable. L’établissement de Bahadoor accueillait des infortunés de toutes les composantes de la population mauricienne, sans distinction de race ou de religion.