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Fourniture d’eau: des solutions au compte-gouttes

19 décembre 2021, 21:00

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Fourniture d’eau: des solutions au compte-gouttes

Les années se suivent et se ressemblent. En cette période de l’année, les réservoirs et autres cours d’eau commencent à afficher mauvaise mine, laissant planer le spectre du robinet à sec. Mais plus d’un demi-siècle après la création de la CWA, des milliards dépensés dans des tuyaux et des barrages, des promesses de fourniture 24/7 faites par tous les gouvernements, c’est toujours la douche froide. Pourquoi?

Tuyaux usés, stockage d’eau inadéquat ou encore changement climatique. Les causes d’une fourniture d’eau en dents de scie à travers le pays sont connues et ne datent pas d’hier. Pourtant, près de 50 ans après la création de la Central Water Authority (CWA), sept ans après la promesse d’une fourniture 24/7 et des décennies d’études menées, le problème reste entier.

Dans le dernier budget, le gouvernement a encore fait état du remplacement de près de 300 mètres de vieux tuyaux débouchant sur les réservoirs et sites de pompage. Il est aussi question d’installer sept réservoirs gonflables ou l’acquisition de 25 réservoirs de grande contenance. Le tout pour Rs 120 millions. Le projet phare était sans doute la construction d’un barrage à Rivière-des-Anguilles, annoncé depuis plus de 10 ans et dont le coût total est estimé à Rs 9,4 milliards. Mais est-ce vraiment la solution à long terme ?

Selon Prem Saddul, ancien chairman de la CWA, ces investissements et projets annoncés «ne sont pas suffisants» même s’ils sont nécessaires. «Il faut comprendre que les consommateurs domestiques, commerciaux ou même industriels ne font qu’augmenter alors qu’en parallèle, la distribution ne change pas. Malheureusement, il est de plus en plus difficile de trouver une juste balance. Au contraire, il y a un déficit plus compliqué à combler au fil des années sans compter les effets du changement climatique.»

Quelle est donc la solution ? Pour le géomorphologue, l’une des solutions est d’augmenter la capacité de stockage, une idée qu’il avance depuis plu- sieurs années déjà. «Ce n’est pas possible que plus de 60 % de l’eau soit perdue sans être exploitée. On parle là de 100 millions de mètres cubes d’eau. Le remplacement des tuyaux est nécessaire certes, mais la situation ne s’améliore qu’au goutte-àgoutte et à court terme.» Autre solution que propose Prem Saddul : le recours à un partenariat public-privé avec la CWA qui garde tous ses biens.

Un ancien haut cadre du ministère des Utilités publiques abonde dans le même sens. «Tant que la CWA continue dans sa forme actuelle, le problème perdurera. Il faut passer par une réforme, comme cela a été le cas au Cameroun, par exemple. Mais il faut qu’il y ait cette volonté politique.»

Harry Boolauck, ancien directeur de la CWA, n’est pourtant pas convaincu qu’un partenaire stratégique apportera plus que ce que les autorités locales ont déjà fait. «Depuis 1973, il y a eu plusieurs études, plusieurs consultants de l’Angleterre, de la France, du Japon, de l’Allemagne ou encore de Singapour. Mais par la suite, rien n’a été fait et la situation n’a fait qu’empirer. J’ai cru comprendre qu’il y en aura d’autres mais c’est du gaspillage. Il faut absolument augmenter la capacité de stockage et je suis en faveur d’un recours au dessalement de l’eau de mer. Certes, il y a un prix à payer mais il faut passer par de gros investissements si les autorités veulent tenir leurs promesses aux citoyens à long terme.»

Pluviométrie : sombres prévisions

Rien que pour la période du 1er au 15 décembre, le pays a enregistré une pluviométrie moyenne de 35mm, ce qui ne représente que 51 % de la moyenne pour cette période. Des chiffres avancés par la station météorologique de Vacoas. La région de l’Ouest est actuellement la plus affectée avec seulement un millimètre de pluie enregistré. Selon les prévisions, ce n’est que vers mi-janvier que des grosses pluies peuvent être attendues mais il est encore trop tôt pour déterminer avec certitude si les pluies attendues pourront combler la période de sécheresse de décembre, due notamment au phénomène climatique, La Niña.