Selon un communiqué du ministère de la Santé émis lundi, il ressort que le variant Omicron était présent à Maurice avant l’atterrissage du vol en provenance d’Afrique du Sud, le 27 novembre dernier. Sur 100 échantillons collectés entre le 23 novembre et le 5 décembre, dix cas du variant Omicron et 90 cas du variant Delta ont été détectés. En ce qui concerne le variant Delta, 78 étaient issus de la communauté et 12 étaient des passagers testés positifs à l’arrivée. 

Quant au variant Omicron, les échantillons ont été collectés du 23 au 27 novembre. Des dix cas, huit étaient issus de la communauté et deux étaient des passagers du vol en provenance d’Afrique du Sud. Ce qui signifie que comme tous les autres pays où le variant a été détecté, il était présent bien avant la décision de fermer les frontières avec certains pays d’Afrique. La raison évoquée est que le variant circulait déjà dans plusieurs pays, à l’instar des Pays-Bas et de l’Angleterre, avant qu’il ne soit découvert à la minovembre. Pour l’heure, le patient zéro n’est pas connu. 

Est-ce inquiétant ? Pas pour l’instant, avance Houriiyah Tegally, bioinformaticienne qui fait partie de l’équipe qui a découvert ce variant. «Pour l’instant, à Maurice, le variant n’a pas pris le dessus, comme c’est le cas en Angleterre ou aux États-Unis.» Cependant, elle précise qu’il est primordial de faire des séquençages réguliers car le virus se propage à une rapidité jamais vue auparavant et deux semaines représentent un laps de temps conséquent. 

Qu’en est-il de la sévérité ? Les huit patients locaux avaient un cycle vaccinal complet et non seulement ils n’ont pas été hospitalisés, mais ils sont totalement guéris. Il faudra attendre encore deux semaines pour avoir une meilleure idée de sa pénétration dans la communauté. Dans les autres pays, il ressort que les hospitalisations et décès sont à la hausse, mais l’Omicron fait moins de dégâts que le Delta. «Mais, encore une fois, il est trop tôt pour l’affirmer. Il faut encore plus de données pour avoir une idée claire.» 

De plus, la bio-informaticienne explique que Maurice représente un cas particulier. Contrairement à la majorité des pays, le Delta n’a pas totalement pris le dessus. Dans les séquençages, il y avait encore des cas du variant B 1.1.318. «Il se peut que ce variant ait des points communs avec le Delta, ce qui expliquerait la situation. La même chose a été notée en Amérique latine. Le Beta n’a pas pris le dessus à cause des similitudes avec le Gamma, qui est originaire de là-bas», explique-t-elle. 

De plus, l’autre avantage de Maurice réside dans la vaccination. La majorité de la population est vaccinée, le pays vient de passer par une vague d’infection et les boosters sont administrés à grande vitesse. «Il a été noté que les personnes boostées sont plus résistantes. De plus, le mix vaccinal, qui se pratique à Maurice, est plus efficace contre l’Omicron. Là-dessus, les données sont claires», dit-elle. 

Sommes-nous protégés, donc ? «Absolument pas», met-elle en garde. «Les gestes barrières doivent être maintenus, tout comme toutes les précautions à l’approche des fêtes, pour éviter au maximum une nouvelle vague, d’autant plus que les propriétés du virus sont toujours à l’étude.»