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Éducation: le distanciel de retour, casse-tête pour les collégiens

12 janvier 2022, 18:00

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Éducation: le distanciel de retour, casse-tête pour les collégiens

Retour aux classes en distanciel. Petits et grands doivent de nouveau recharger tablette, portable ou même s’approprier la télé en attendant de nouvelles consignes du ministère de l’Éducation. Ce dernier trimestre est redouté par beaucoup d’élèves prenant part aux examens, les cours en ligne n’ayant pas toujours été bien assimilés…

En ce lundi matin, jour de la rentrée, Adrien (*) est de nouveau scotché à sa tablette. Finie la grasse matinée, à son grand désarroi. «Tous les jours, il faut se lever tôt. On doit se dire que l’école a repris.» Collégien en Grade 10, il sait que la tâche du dernier semestre ne sera pas facile. Surtout dans les matières où il galère. «Cela passe encore pour la littérature anglaise, mais pour les autres, ce n’est pas facile. Surtout les mathématiques. Il y a trop de formules à écrire et comprendre.» Le professeur, dit-il, explique plus vite qu’en classe normale. «Il jongle avec les chapitres. On n’a pas eu le temps d’assimiler une équation qu’il est déjà passé à autre chose. Pas même le temps de lui dire que l’on n’a pas compris.»

Aujourd’hui, il est surtout inquiet par rapport aux examens qui approchent à grands pas. «Il y a plusieurs matières où j’ai mal travaillé depuis le début de l’année. Je vais tout faire pour me rattraper, d’autant plus que je veux aller en Grade 11. Et puis, honnêtement, suivre un sujet sur l’écran, c’est beaucoup plus compliqué. Dans la classe, avec le tableau, on comprenait mieux. Quelques fois, en expliquant l’exercice, l’on ne peut pas voir la réponse car l’écran du smartphone est trop petit.» Mais ce qui lui manque le plus, c’est le contact avec ses amis. «On ne peut plus faire de bêtises et c’est vraiment dommage.»

Certes, il n’est pas le seul à qui manquent ces moments de partage. C’est la même chose pour Sam*. Élève d’un collège de Rose-Hill, l’absence de ses copains lui pèse et le perturbe presque. «Ce sont des moments que l’on ne peut pas décrire. Même si l’on était le plus souvent très appliqués en classe.» La reprise en distanciel lui pose un gros problème technique. «La connexion Internet n’est pas aussi efficace. Quelques fois, on loupe ce que le professeur veut dire, surtout quand ce problème intervient dans les matières où l’on a quelques soucis de compréhension.» Il confie que certains professeurs aiment bien les prendre de court avec des tests surprises.

Autre facteur qui commence à le perturber, c’est fixer l’écran toute une journée. «J’ai la tête qui fait mal en fin de journée. Mes yeux aussi commencent à me gêner. J’ai l’impression que je vais devoir porter des lunettes et ce n’est pas évident.» Quid des examens en fin d’année scolaire ? «On nous a informés que les examens se feront en ligne. Mais on n’a pas la moindre idée de comment cela va se passer et cela m’inquiète.» Idem pour sa petite sœur qui est en Grade 9. «Quelques fois, les professeurs n’allument pas leur caméra et on n’a aucune idée de ce qu’ils présentent.» Le seul point positif est qu’elle ira au collège en février pour assister à certains cours. «Ce n’est pas évident car nous manquons de pratique dans certains sujets comme la cuisine et la science.»

Si ces jeunes interrogés ont les moyens de suivre leurs leçons sur tablette ou smartphone, ce n’est pas le cas pour tout le monde. Nous avons discuté avec une mère célibataire, qui a trois enfants en Grades 7, 9 et 11. «Je n’ai qu’une seule tablette. Qui a la priorité ? Ma fille est en Grade 9 alors que mon fils est en Grade 11. Les collèges de mes enfants me demandent pourquoi ils ne suivent pas régulièrement les cours, et ils ne veulent pas comprendre que je n’ai pas les moyens pour le faire. Est-ce que la ministre de l’Éducation sait que tous les enfants n’ont pas les moyens de suivre ces cours ? J’en doute fort…»

De son côté, Simla*, mère d’une petite de cinq ans et d’un petit de deux ans, en voit de toutes les couleurs. Enseignante au primaire, elle se dévoue pour son aînée même si elle rencontre des difficultés. «Elle ne veut pas m’écouter. Pour elle, je suis sa mère, et pas sa prof. Si elle arrive pendant 15 minutes à rester focused sur un devoir, après je la perds pour le reste de la journée. Son petit frère veut aussi être en classe. Ce n’est pas facile. Je m’interroge comment font les autres parents qui travaillent ?» Elle confie que l’école maternelle où va sa fille envoie régulièrement des devoirs à faire, mais cela s’avère compliqué de la faire se concentrer. «On se demande ce que l’enfant a pu apprendre pendant presque une année scolaire.» En tout cas, tous espèrent qu’un retour à la normale puisse se faire aussi vite que possible

(*) Les prénoms ont été modifiés.

Une pétition pour la réouverture des écoles

Alors que la rentrée des classes a eu lieu en ligne, lundi, des parents contestent cette décision. Pour beaucoup, cette situation emprisonne les enfants qui sont contraints d’apprendre entre quatre murs. Les écoles sont fermées depuis presque deux ans et les enfants s’éloignent de plus en plus des études. Certains parents s’inquiètent de l’impact psychologique que cette fermeture pourrait avoir sur l’état mental des enfants. Au point où une pétition a été organisée pour demander la réouverture des écoles.

Extrait de la pétition : «En conséquence, on peut déjà remarquer sur le terrain une hausse dans les problèmes sociaux. Comme le préconise l’UNESCO, les enfants doivent être à l’école et aucun effort ne doit être épargné en ce sens. Nous demandons donc la réouverture immédiate de tous les établissements scolaires en présentiel à l’île Maurice.» D’autres militants, notamment sur la page Facebook Mums of Mauritius, réclament la réouverture des écoles pour que les enfants puissent retrouver une vie normale. Ils contestent le silence de la ministre de l’Éducation Leela Devi Dookun-Luchoomun sur cette prise de décision importante pour le bien-être des enfants.