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Omicron: endémique mais pas trop

16 janvier 2022, 14:00

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Omicron: endémique mais pas trop

La lumière au bout d’un tunnel qui aura duré deux ans. Avec l’Omicron, la pandémie est en phase de devenir endémique, ce qui veut dire que le monde pourra ‘vivre avec’, ce qui signale un retour à la normale. C’est ce que Marco Cavaleri, chef du département de vaccination de l’Agence européenne des médicaments, a affirmé cette semaine aux médias. Mais la communauté scientifique, même si elle est optimiste, affirme qu’il est trop tôt pour crier victoire… 

Marco Cavaleri a expliqué qu’avec le taux grandissant d’immunité au sein de la population, et avec l’immunité naturelle qui se répand, vu le taux de contamination avec l’Omicron, la pandémie du Covid est en voie de devenir endémique, ce qui veut dire que nous pourrons, donc, vivre avec. Mais dans la foulée, il précise que même si personne ne sait quand le monde verra la lumière au bout du tunnel, ce jour viendra mais qu’en ce moment, nous ne devons pas oublier que nous sommes en pleine pandémie. 

Suite à cette annonce, plusieurs scientifiques ont fait savoir qu’il est trop tôt pour faire de telles affirmations. Pourquoi ? «Lorsque nous parlons de maladie endémique, nous parlons d’une maladie présente tout le temps mais qui n’affecte pas la société. Or, le Covid, même avec l’Omicron, est présent mais continue d’avoir un impact sur la société», explique Houriiyah Tegally, bio-informaticienne mauricienne et chercheuse dans l’équipe qui a découvert le variant Omicron. Certes, dans certains endroits, les hospitalisations ont diminué par rapport au Delta, mais l’infection engendre toujours des cas nécessitant une hospitalisation et continue de tuer quotidiennement. «Il n’y a pas que cela. D’autres secteurs de la vie, comme l’aviation et le tourisme, en souffrent toujours», explique la bio-informaticienne. 

Il y a donc encore du chemin à parcourir avant de parler de maladie endémique. D’ailleurs, lors de son allocution, Marco Cavaleri a mis l’accent sur la pression toujours existante sur le système hospitalier depuis que l’Omicron a commencé à se répandre. 

L’autre point que soulève Houriiyah Tegally est la gravité de la maladie. L’Omicron cause moins de pneumonies car il se reproduit moins bien dans les poumons. «Mais c’est un virus systémique, c’est-à-dire qu’il affecte aussi d’autres organes. Nous voyons, par exemple, une hausse dans les inflammations des artères ou encore, un pourcentage assez élevé de personnes souffrant de Covid long et qui ont des séquelles.» Dans la foulée, elle précise que comme elle, tous les autres chercheurs espèrent que le Covid devienne endémique, mais il faut aussi regarder la réalité en face. Tout cela lui fait dire que l’annonce d’endémie a été un peu précipitée. 

L’efficacité 

La booster dose offre une meilleure protection contre l’Omicron. Houriiyah Tegally se base sur les études qui ont prouvé que les personnes avec trois doses de vaccins, ou un schéma vaccinal complet et une infection, sont mieux protégées contre l’Omicron. Qu’en est-il d’une quatrième dose, ou de la vaccination successive chaque six mois ? La bio-informaticienne avance que les données sur l’Omicron sont récentes car les campagnes pour la troisième dose datent de moins d’un an à l’international. «Il faudra voir, avec le temps, si la protection est maintenue. Pour l’heure, il est difficile de dire si une quatrième dose est nécessaire ou pas. Mais nous parlons là d’efficacité contre l’infection. L’efficacité d’un schéma vaccinal sans booster contre les formes graves de la maladie n’est pas remise en question même avec les nouvelles données», tientelle à préciser. 

Maurice: climat favorable ? 

À Maurice, un fait assez surprenant a été noté. Depuis le premier cas, l’Omicron n’a pas pris le dessus sur le Delta, comme cela a été le cas presque partout. Est-ce notre immunité naturelle ? Ou est-ce que c’est parce que «gouvernma pe fer enn bon travay ek pa pe dir nou tou» ? 

La situation, explique Houriiyah Tegally, est certes bizarre, mais n’a pas encore été étudiée en profondeur. Cependant, elle avance qu’une des explications probables est la chaleur du moment. En Afrique du Sud, les cas, qui avaient grimpé en flèche ont chuté tout aussi vite. À Maurice, le virus a été introduit en été et les cas ne décollent pas. Dans l’hémisphère nord, la situation est totalement différente. «L’Omicron est biologiquement différent du Delta, qui lui, n’était pas affecté par le climat. C’est l’une des explications probables…»