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Diabète: les clés d’une bonne alimentation

27 janvier 2022, 18:30

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Diabète: les clés d’une bonne alimentation

Être diabétique ne nous met pas toujours dans notre assiette. Que manger ? Quels aliments éviter ? N’a-t-on pas le droit de craquer pour la moindre sucrerie ? Quels effets en cas de nutrition déséquilibrée sur la maladie ? L’Association pour la promotion de la santé (APSA) a organisé un atelier de travail à ce sujet, lundi. Reportage.

Il est 9 h 30 le lundi 24 janvier. À l’APSA Diabetes Care Center à Trianon, Randy Rouget met les petits plats dans les grands. Menu du jour : l’alimentation du diabétique. Ses convives, une dizaine au total, ne cachent pas leur soif d’information. Car se défaire des mythes est un atout pour gérer la maladie. «Les cas de diabète augmentent. De nouveaux patients viennent régulièrement à l’association et comptent une population plus jeune dont des adolescents. Et c’est dommage. Pour combattre cela, il faut les encadrer à travers des ateliers d’éducation et de nutrition», confie Kamla Pandoo, responsable du département Prévention et Éducation de l’APSA.

Pendant sept semaines, le patient assiste à ces événements qui incluent aussi une consultation avec un médecin, deux avec une diététicienne, une avec un psychologue ainsi que deux vouchers pour des prises de sang, gratuitement. «Il faut un encadrement très solide. Le gros souci c’est que beaucoup pensent que le diabète est l’affaire d’un seul médecin. Il est faux de croire qu’il suffit de prendre des médicaments pour être guéri. Le diabète nécessite une gestion par une équipe pluridisciplinaire. Il repose sur trois piliers : l’alimentation, l’activité physique et le traitement médical.»

Justement, lundi, l’accent était mis sur la nutrition des diabétiques. Un véritable casse-tête pour les patients puisque ce domaine est souvent truffé d’idées reçues. Lesquelles ? «Que les légumes comme la betterave, la pomme de terre et la carotte ne sont pas idéales pour les diabétiques… Ou qu’il est mieux de boire des boissons aux sucres artificiels que les versions au sucre régulier. Ce sont là des exemples de fausses perceptions», déclare Randy Rouget, nutritionniste. Rappelant qu’il est crucial de diviser son assiette en quatre en la composant de fruits, légumes, féculents et de protéines, il explique que ce sont les mauvaises combinaisons alimentaires qui peuvent faire grimper la glycémie. Par exemple, manger une salade russe (pomme de terre, betterave et carottes) avec du pain. À la place, on peut manger cette salade et y rajouter des crudités ou d’autres légumes.

Effets secondaires

Côté légumineuses, qui font partie des protéines végétales, et les bouillons bred, il faut éviter tout excès de sel. Le dosage journalier est de 5 g par jour pour le sel, soit une cuillère à café. À la place, des aromates naturels peuvent être utilisés comme la coriandre, l’échalote, les herbes, l’ail, entre autres. Et pour cuisiner les légumes en conserve comme les petits pois, les champignons, etc., il convient de bien les rincer d’abord pour enlever tout excès de sucre.

En termes de féculents, les versions complètes (riz, pain, pâtes, céréales) sont toujours conseillées. Pourquoi ? Car elles contiennent des fibres qui disposent d’un index glycémique plus faible comparé au riz blanc, pain blanc, pâtisseries, etc. Les produits complets impliquent moins de «poussée» de sucre dans le sang. De plus, c’est une source de vitamine B complex.

Qu’en est-il des sucres artificiels ? Le nutritionniste appelle à la vigilance car même si cela n’affecte pas la glycémie, ces produits ont des effets secondaires. D’autant que selon des recherches, certaines versions artificielles sont associées à des risques d’Alzheimer. Quant aux produits labellisés «sans sucre ajouté», Randy Rouget attire l’attention sur le fait que l’aliment contient déjà du sucre à la base. Attention aussi aux aliments allégés en sucre et surtout au type de sucre de substitution en question.

«La stévia est naturelle et n’a aucun effet sur le taux de sucre. Toutefois, certains produits ne contiennent qu’un faible pourcentage de stévia et le reste est artificiel. Donc, c’est à proscrire.» Pour les jus pressés, il suggère de manger directement le fruit pour éviter de perdre les fibres. D’ailleurs, il vaut mieux éviter de consommer trop de fruits à la fois car bien que ce soit un sucre naturel, ça a quand même un effet sur la glycémie. Le plus important est de réadapter son alimentation sans imposer un régime draconien. Comme cuire un mine frit en portion limitée et en y ajoutant un sauté de «bred» et de champignons noirs, faire du poulet ou poisson avec une panure de noix au four, etc. Un petit carré de chocolat noir peut être consommé, de temps en temps, mais il vaut mieux le faire en journée pour dépenser l’énergie, recommande-t-il.

Au bout de deux heures et 45 minutes d’atelier, les patients en ressortent avec la pêche. Car bien qu’ils soient diabétiques, les carottes sont loin d’être cuites pour eux. Ils ne seront pas sur le gril, comme en témoigne Vincenzo Barbera, 73 ans, Italien qui vit depuis 11 ans à Maurice. Il évoque une riche source d’information. «C’est très intéressant. Il y a plusieurs choses que j’ignorais notamment sur les pâtes et le riz, etc.»

Colette, 59 ans, diagnostiquée depuis trois ans, affirme qu’elle était perdue au départ. «Une cousine a suivi l’atelier et me l’a recommandé. Avec ce suivi, mon taux de diabète s’est stabilisé. Maintenant, nous avons les bonnes informations. Il y avait trop de mythes alimentaires. Je suis bien avertie à présent.»

Questions à Audrey Hardy présidente de l’APSA : «500 000 personnes souffrent du diabète

Quelle est la progression du diabète aujourd’hui et pourquoi une telle ampleur ?

Beaucoup de facteurs entrent en jeu, que ce soit la génétique, le style de vie, le manque d’exercice, etc., mais personnellement je crois que le point le plus important, c’est la méconnaissance de la maladie par la population en général, et tout particulièrement par ceux qui sont à risque ou déjà atteints.

Quelle proportion des patients diabétiques est encadrée par l’APSA sur la totalité des Mauriciens atteints ?

Une partie infime, quand on sait que le diabète est de loin le problème sanitaire le plus important de l’île, avec plus de 500 000 personnes qui en souffrent ou qui sont prédiabétiques, soit près d’un Mauricien sur deux. Pour le traiter dans son intégralité, cela demanderait un dispositif très important, alors que nous ne sommes qu’une ONG avec des moyens très limités. Pour vous donner une idée, en 2021, avec les contraintes du Covid-19, nous n’avons pu réaliser qu’environ 1 000 dépistages. Par contre, en ce qui concerne le soin des pieds diabétiques, sur 152 patients qui présentaient des plaies et qui ont été traités à l’APSA, 61 d’entre eux ont été complètement guéris, ce qui représente un pourcentage de 40 % d’amputations évitées… ce qui est énorme. De plus, il faut préciser que ce chiffre n’est pas final car certains d’entre eux sont toujours en traitement à l’APSA.

Sur le plan national, quand nous savons qu’il y a environ 500 amputations par an à Maurice et que 12 % ont donc pu être évitées grâce à nos soins prodigués, c’est extraordinaire. Par ailleurs, nous sommes aussi très encouragés par le fait que la plupart des patients diabétiques qui ont fait appel à nous ont eu des résultats très positifs et arrivent à bien contrôler leur diabète. Bon nombre ont même arrêté la prise de leur médicament, leur taux de glycémie étant revenu à la normale. Pour cela, toute l’équipe de professionnels de l’APSA Diabetes Care Centre se donne à fond, entoure et prend soin de nos patients d’une manière remarquable.

Comment mieux faire comprendre aux patients le besoin vital d’une prise en charge dès le diagnostic ?

Malheureusement, la plupart du temps, les gens se réveillent seulement quand la situation est devenue grave, avec déjà des complications à l’horizon, alors que si ça avait été pris à temps, s’ils avaient pris de bonnes décisions et habitudes de vie, ils n’en seraient pas là. Mais je ne peux que continuer à encourager les Mauriciens, surtout ceux qui ont des parents diabétiques ou qui sont en surpoids, à se faire dépister, que ce soit à l’APSA ou ailleurs, et à être pris en charge au plus tôt si eux-mêmes sont diabétiques ou à risque.

Aliments : Quels dosages en sucre ?

Selon l’APSA, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande une consommation allant jusqu’à 25 g de sucre par jour. Mais à quoi cela équivaut-il ? Globalement, à 6 cuillères à café de sucre. Et en termes de mets, quels sont les dosages de sucre correspondants ? En somme, la majorité des nutriments contiennent du sucre. Voici un petit lexique :

1 bouteille de boisson gazeuse : 10 petites cuillères de sucre.
1 tranche de pain blanc : 3 cuillères à café de sucre
1 farata blanc : 6 cuillères à café de sucre
1 tasse de pâtes cuites : 6 cuillères à café de sucre  
1 verre de lait : 2,5 cuillères à café de sucre  
1 banane : 3 cuillères à café de sucre
1 tasse de riz blanc cuit : 9 cuillères à café de sucre

Petit conseil: consommez les fruits ou aliments riches en sucre à partir de midi.

Il vaut mieux éviter de les manger le matin.

Obésité centrale : L’homme plus vulnérable aux maladies cardiaques

Deux types d’obésité affectent l’humain. La première qui est centrale/androïde, est concentrée sur le ventre. On la qualifie d’obésité sous forme de pomme. Quant à la seconde, elle est gynoïde. Ici, l’excès de graisse se situe au niveau des cuisses, donc répliquant la forme d’une poire. Laquelle de ces catégories est plus dangereuse ? Selon Randy Rouget, l’obésité centrale est la plus nocive. «Ceci implique que la graisse est concentrée à proximité des organes vitaux comme le cœur, la ratte, le foie, etc. Ce type d’obésité est plus fréquent chez l’homme, ce qui le rend plus vulnérable aux maladies cardiaques. Quant à la femme, elle développe plus souvent l’obésité gynoïde.»