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Jour chômé: l’impact financier estimé à Rs 1 milliard… pour l’instant
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Jour chômé: l’impact financier estimé à Rs 1 milliard… pour l’instant
L’alerte cyclonique levée, il nous faut à présent gérer les dégâts. Si chaque infrastructure endommagée représente un coût pour l’État et les particuliers, une journée de chômage forcée comporte un sérieux impact économique. En effet, la production à l’arrêt pour les industries nécessitant la main-d’œuvre en présentielle et la baisse de productivité pour ceux qui n’ont pas pu opérer en télétravail constituent des pertes financières. Tout cela nous incite à mieux nous préparer et à investir intelligemment dans certains projets d’infrastructure prioritaires.
L’effet post-cyclonique de Batsirai sera, à n’en pas douter, également économique. En effet, du côté du ministère des Finances, on estime l’impact économique de cette journée chômée à environ un milliard de roupies, cela considérant que tous les secteurs n’ont pas connu un arrêt à 100 %, certains, à l’instar de ceux opérant dans les services financiers, ayant pu continuer d’opérer en télétravail et les hôtels étant toujours opérationnels. Or, il nous faut aussi tenir compte de ces foyers privés d’électricité, rendant le télétravail impossible, et il ne faut pas oublier que contrairement à un confinement, un cyclone cause des dommages matériels dont les réparations coûtent à l’État et aux particuliers. Résultat: au-delà du calcul théorique, il faudra voir l’impact financier réel de ces dégâts au courant des prochaines semaines.
Si nous avons connu un avertissement de cyclone de classe 4 après 15 ans, Maurice est pourtant une île tropicale, à risque d’essuyer des tempêtes, d’autant plus que le changement climatique est un problème de plus en plus pressant mondialement.
N’est-il pas temps pour Maurice d’investir dans des projets d’infrastructures qui tiennent compte de ces risques climatiques ? «De manière générale, un arrêt total de l’économie coûte environ Rs 1,3 milliard à l’État. Dans le cas présent avec le cyclone, l’impact sera un peu moins car certains secteurs ont continué d’opérer à distance, le télétravail devenant une norme depuis la pandémie. Par contre, d’autres secteurs dont le commerce, le secteur manufacturier, les banques et les transports, entre autres, ont été partiellement ou totalement paralysés. Maintenant, il faut prendre en compte les coûts additionnels avec les plantations, les pylônes électriques, les bâtiments endommagés et les voitures parmi tant d’autres dégâts ayant un impact financier. Il faut aussi pouvoir pré- voir, car des cyclones, il y en aura d’autres», explique l’économiste Kevin Teeroovengadum.
Selon lui, il est important de suivre l’exemple de certains pays, à l’instar de Taïwan, et d’inclure les risques cycloniques dans les projets d’infrastructures, comme les câbles électriques souterrains, une étude sur la capacité de nos bâtiments avec leurs grandes baies vitrées à résister à la pression des vents violents ou encore la capacité de stockage pour le secteur agricole et les méthodes alternatives, comme la plantation verticale d’intérieure entre autres.
Voyons de plus près les répercussions économiques de Batsirai par secteur.
Manufacturier
«Nous allons vite rattraper le retard occasionné avec les heures supplémentaires», dit-on à la MEXA
La zone manufacturière étant une contributrice majeure au Produit interieur brut (PIB) nominal du pays, l’arrêt de ses activités peut soulever des inquiétudes. Cependant, pour Lilowtee Rajmun-Joosery, directrice de la Mauritius Exports Associations (MEXA), cette situation n’est pas à comparer à un manque à gagner ou à une perte, la situation actuelle n’étant pas le résultat d’opérations directes impliquant les ressources financières, humaines et celles associées aux équipements, l’impact serait donc limité. «Toute durée d’arrêt de travail liée à une situation qualifiée de force majeure comme dans le cas du passage d’un cyclone tropical, n’a techniquement pas de valeur financière, car on est en mesure de rattraper le temps perdu grâce à une réorganisation du travail, incluant les heures supplémentaires. Il est à savoir que le travail a repris dès le jour où l’alerte numéro 4 n’était plus en vigueur.» Pourtant, d’aucuns peuvent se dire que les heures supplémentaires représentent un salaire supplémentaire, et donc des coûts additionnels.
S’il y a un élément qui risque de perturber la sérénité des acteurs du secteur manufacturier, avance la directrice de la MEXA, c’est l’impact du passage d’un cyclone sur les opérations portuaires. «Dans certains cas, si une commande est pressée, il n’est pas interdit à un importateur de demander qu’une commande soit expédiée par voie aérienne. Si ce n’est pas le cas, il va falloir vivre avec les conditions météorologiques qui peuvent contraindre des cargos à ne pas opérer ou bien à s’éloigner du port, le temps que le calme revienne. Tout ce qu’on est en mesure de faire, c’est de rééchelonner la date de chargement des produits destinés à l’exportation. Il est peu probable que les compagnies imposent la surcharge occasionnée par le passage d’un cyclone quelconque sur les opérateurs du secteur manufacturier.»
Pourtant, selon le Chief Executive Officer (CEO) de Star Knitwear, le cyclone Batsirai est venu chambouler la production. Même après la levée de l’alerte cyclonique, en raison du mauvais temps et du vent fort, il a été décidé tôt hier matin que sur les 1 400 employés de Star Knitwear, 10 % seulement du personnel devront se rendre au travail un peu plus tard dans la matinée pour faire le point. La décision de ne pas opérer a été prise vu les risques d’inondations et d’accidents. D’autre part, il fallait aussi faire l’analyse de l’impact du cyclone avant la reprise des activités. «Deux jours de pertes sont énormes si l’on calcule l’impact direct du cyclone sur l’entreprise, car une journée implique Rs 3 millions de chiffres d’affaires. Perdre mercredi et jeudi, donc deux jours d’opérations, nous cause une perte d’environ Rs 6 millions au minimum», explique Ahmed Parkar. Et d’ajouter :«Quand il y a le mauvais temps, les bateaux ne viennent pas à Maurice. Pire, il se peut que pendant les cinq prochains jours, les bateaux ne puissent pas entrer au port.» Cela, alors que la crise du Covid-19 engendre déjà des problèmes de logistique et de connectivité maritime.
Construction
Après la hausse des prix des matériaux, enter Batsirai
2022 commence mal pour le secteur de la construction. En effet, Batsirai est venu empirer une situation déjà difficile, nous confie Booshan Ramloll, directeur de BRBR Construction Ltd. «Ce n’est pas possible de travailler sur les chantiers quand il pleut, sauf pour les travaux d’intérieur. Avec ce temps cyclonique, nous perdons encore trois jours de travail, car bien que l’alerte cyclo- nique ait été levée très tôt en ce 3 février, le temps reste mauvais.»
Si on ajoute les sous-secteurs liés à la construction, nous parlons d’environ Rs 100 millions de pertes par jour, précise-t-il, cela alors que le secteur fait face à une forte inflation. «Il nous faut être beaucoup plus performants pour pallier ces pertes et le gouvernement doit trouver des solutions dans le prochain budget par rapport à cette situation.»
Distribution
«L’absentéisme handicape le service», relève Ignace Lam
Au niveau de la grande distribution, la majorité des pertes ne pourra pas être rattrapée. Chez le groupe Intermart, on s’oriente vers au moins une vingtaine de millions de roupies de pertes, nous confie Ignace Lam, le Chief Executive Officer (CEO). Si les activités ont repris hier, le temps était quand même mauvais et il n’a pas été évident d’avoir tous les employés à l’heure et d’ouvrir les magasins à temps. Hormis les retards, l’absentéisme handicape le service. Il cite en exemple qu’il n’y avait qu’entre 50 % et 60 % des caisses opérationnelles hier.
Agence de voyages
«Des voyages reportés»
Du côté de Shamal Travel, on nous fait comprendre que beaucoup de voyageurs ont reporté leur date de voyage. On note quelques annulations de vols, mais comme il est possible de bouger les dates, l’agence n’est pas affectée. «Comme ce ne sont pas tous des annulations, on ne s’attend pas à ce que le cyclone affecte le chiffre d’affaires de l’entreprise. Le cyclone est temporaire», soutient le directeur Ajmal Tincowree.
Restauration
«Un coût additionnel pour rouvrir»
Aussi copropriétaire de The Food Factory, un fast food extérieur à Grand-Baie, Ajmal Tincowree nous confie qu’en raison du mauvais temps, le restaurant est resté fermé. «Nous avons dû fermer le 1er février à la mi-journée. Nous avons ensuite perdu la journée de mercredi. The Food Factory est aussi resté fermé aujourd’hui (hier). C’est environ Rs 250 000 de perte à cause du cyclone. Il y a le manque à gagner et le coût additionnel pour rouvrir.» Il attend que le temps s’éclaircisse pour connaître la marche à suivre concernant les opérations du restaurant.
Hôtellerie
«Les annulations, quand il y en a, sont très faibles», affirme Jocelyn Kwok, CEO de l’AHRIM
«Un cyclone ne dure jamais longtemps. Il entraîne, certes, quelques reports de réservations, et les annulations, quand il y en a, sont très faibles. En réalité, la préoccupation immédiate des hôteliers en temps de cyclone n’est pas tant l’impact sur les réservations que la gestion des opérations, rendue plus complexe», explique le CEO de de l’Association des hôteliers et des restaurateurs de l’île Maurice (AHRIM), Jocelyn Kwok.
Selon lui, le premier défi est la sécurité des employés et des résidents, sans oublier le déplacement du personnel et leur hébergement dans certaines situations, supposent une réorganisation, de même que le service en chambre et la mise en place d’activités afin de maintenir autant que possible une expérience client agréable. «Un cyclone, c’est aussi des vols retardés pour cause de fermeture de l’aéroport. Heureusement, le taux d’occupation de janvier étant très moyen, environ un tiers du taux de janvier 2020, accommoder les clients censés quitter l’hôtel n’a pas véritablement causé d’inconvénients, pour la plupart des hôtels du moins. Ce qui est plus regrettable, c’est la déception de la clientèle locale qui a vu son long week-end de fête perturbé.»
À ce stade, les hôtels ne comptent pas de gros dégâts à déplorer au niveau des bâtiments. Dès que les vents se seront calmés, les hôteliers pourront mieux évaluer l’impact des raz-de-marée sur la plage et évaluer l’ampleur des travaux de réhabilitation qui s’avéreront nécessaires.
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