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Cours en ligne: le bilan

31 janvier 2022, 20:00

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Cours en ligne: le bilan

L’heure du bilan des classes en ligne a sonné. La pandémie de Covid-19 a déplacé l’éducation à la maison pour éviter une prolifération du virus dans les écoles. L’apprentissage à distance signifie que la maison devient physiquement la salle de classe, mais l’école reste responsable de l’éducation de l’enfant. Cependant, la technologie et l’accès à l’Internet sont devenus des outils indispensables. Par exemple, en cas de cyclone ou de fortes pluies, ils pourraient suppléer à l’absence de classes physiques.

«Ouf.» «On attendait cette décision de- puis longtemps», ont déclaré Nadeem et Amrine Bhoodhoo, un couple d’enseignants, après l’annonce de la ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun, vendredi dernier, au sujet de la réouverture des écoles le 2 février. Ils sont également parents de deux petites filles, Hiba, 2 ans et Haya, 5 mois. Ils soulignent qu’il n’est pas toujours facile de jongler entre vie de famille et cours en ligne, puisque leurs enfants sont en bas âge et exigent toute leur attention. «Heureusement, nous avons le soutien de la belle-famille. Parfois, même avec leur aide, lorsque nous travaillons à domicile, les enfants savent que nous sommes à la maison et il devient difficile de leur faire com- prendre que nous devons travailler. Il faut inventer des histoires pour pouvoir continuer notre travail.»

Ils ajoutent que de nombreux élèves se plaignent de l’éducation en ligne, en particulier ceux du premier cycle du primaire, qui éprouvent des difficultés. Il n’est pas facile pour les petits de manipuler l’ordinateur et les applications.

«Certains parents n’ont pas accès à l’Internet et n’ont pas d’ordinateur. Avec les cours en ligne, ces outils étaient une nécessité. Donc, une autre dépense. Or, tous les parents n’ont pas les moyens financiers.»

Bien sûr, tous les avantages que la technologie nous apporte sont tout aussi importants. Mais à force d’être scotchés pendant des heures, la santé des enfants en sera affectée. «Le temps passé est trop long. Cela a un impact sur la santé des enfants, au niveau des yeux et souvent ils souffrent de maux de tête. De plus, lorsqu’un enseignant est physiquement présent dans une salle de classe, il peut concevoir de nombreuses stratégies d’enseignement sur place pour s’assurer que l’apprentissage ait lieu. Pendant les cours en ligne, il n’est pas toujours facile de voir les faiblesses de tous les élèves», constatent Nadeem et Amrine Bhoodhoo.

Deepika Ghunasham Ramsurn abonde dans le même sens. Actuellement en congé maternité, elle confirme qu’il est difficile de gérer entre la vie de maman et les cours en ligne en même temps. «J’ai deux garçons. L’un a 4 ans et est en pré-primaire et l’autre est un nouveau-né. Ce dernier a besoin de plus d’attention et l’aîné a des cours en ligne presque en même temps. Et il ne travaille que si je suis assise à côté de lui. Mais c’est dur, parce que quand mon bébé pleure, c’est fini. L’aîné est distrait quand je me lève, lui aussi quitte son écran. Mais enfin une bonne nouvelle. Le homeschooling ne va plus durer longtemps. Je suis très contente de la reprise des cours en présentiel. J’ai hâte de revivre la nouvelle normalité avec mes élèves. Idem pour mon fils, il veut revoir ses camarades», confie l’enseignante de langues orientales, à l’école primaire.

Girish Bijlall, enseignant de Design and Technology dans un collège du Nord, partage le même avis que les trois autres enseignants. «La réouverture des écoles est une bonne décision. Bien sûr, nous savons que la pandémie est dangereuse. Mais c’est à nous de faire comprendre aux élèves que les gestes barrières doivent être respectés. L’enseignement à domicile n’est pas une tâche si facile. Les étudiants ne sont pas appliqués comme à l’école en présentiel. Pour certaines matières, l’enseignement est plus facile. Mais pour moi, étant professeur de Design and Technology, j’ai beaucoup de mal avec mes élèves quand il y a des dessins géométriques à faire avec des sets square ou avec des T-square», analyse ce père d’un petit garçon en pré-primaire.

Le Design and Technology étant une matière plutôt compliquée à enseigner en ligne, Girish se dit ravi de la rentrée. «Mes élèves de Grades 11 et 13 ont des projets à soumettre pour leurs examens. À la maison, ils ne travaillent pas, tandis qu’à l’école, ils seront surveillés de près et ils feront plus d’efforts lorsque je serai physiquement avec eux.»

De plus, Girish rapporte que des élèves ne se connectent pas pour suivre les cours en ligne. Que font-ils ? «Dans une classe, s’il y a 25 élèves, seuls sept à huit élèves sont présents, pendant que d’autres profitent de la situation pour aller travailler dans les magasins. Quand on en parle aux parents, ils disent qu’ils feront le nécessaire. En vain. Je me demande si les parents n’ont pas la responsabilité envers leurs enfants de les obliger à suivre les classes en ligne ?»

Par ailleurs, Anusha Rambaran, enseignante en école primaire, relate que l’enseignement en ligne est une approche très constructive de l’apprentissage, car il s’accompagne d’un temps flexible pour les apprenants, mais il comporte certains défis. «Tous les élèves ou parents ne sont pas connectés à l’internet. Souvent, ils ne sont pas familiarisés avec la technologie et ne peuvent pas bien guider leurs enfants. Les jeunes ont aussi du mal à rester connectés via les plateformes en ligne en raison de leur courte durée d’attention. Ils trouvent généralement cela ennuyeux car ils ne peuvent pas interagir. Mais il y a encore des élèves qui apprécient cette plateforme en ligne car elle est engageante et innovante, à travers des quiz, des chats, des vidéos. En tant qu’enseignante, je trouve cette approche sensée car cela nous permet d’enseigner à notre rythme. Certes, le back to normal est une bonne décision. Un grand soupir de soulagement.»

Melissa, mère de la petite Letisha, en Grade 3, à la Ramburun Gvt School, pointe aussi la difficulté d’attention des plus petits. «Au début, quand elle était à la maison, elle était toujours motivée à faire ses devoirs, mais avec le temps, cette envie s’est estompée. Quand la prof donnait des exercices, elle les faisait en deux voire trois jours. Maintenant, la durée est de deux semaines. Elle s’est éloignée des études. Elle a retenu certaines leçons, mais elle est devenue plus paresseuse sur certains points.»

Même son de cloche pour Amlesh Dosieah, enseignant d’éducation physique. Il est très heureux qu’enfin professeurs et élèves retournent très bientôt à l’école. Il accueille cette décision avec joie. Cependant il résume les classes en ligne comme un défi. Car pour enseigner sa matière, il faut être sur un terrain de sport. «Malheureusement, la situation exige que les cours se déroulent en ligne. Je n’ai d’autre choix que de profiter de la situation pour couvrir au maximum la partie théorique du programme.»

Cependant, l’enseignant fait ressortir que la plupart des inconvénients ont été rencontrés lors de problèmes de connexion avec les services d’internet. Très souvent, les sessions en ligne ont dû être annulées en raison d’une mauvaise connexion. «De plus, lorsque je pose des questions aux élèves pour vérifier s’ils suivent la classe, souvent ils ne sont pas devant leur écran, même si l’indicateur sur la plate-forme indique qu’ils sont en ligne.» Umika Ramoo, directrice associée à Northlands et Sunfield City School, se réjouit aussi de la réouverture des écoles. «En raison de la pandémie, les écoles sont passées à l’enseignement en ligne pendant des mois, ce qui a obligé le personnel et les élèves à s’adapter à la nouvelle normalité. Mais bientôt, terminé les cours en ligne. À Northlands et Sunfield City School, nous sommes prêts à accueillir les élèves. Tout en tenant compte des protocoles sanitaires. Nous avons une équipe expérimentée avec du personnel qualifié pour reprendre les cours.»

Les interactions enseignants élèves ne peuvent pas être pleinement réalisées avec des cours en ligne uniquement. De plus, les parents qui travaillent seront soulagés du stress de laisser leurs enfants à la maison, souvent seuls.

De son côté, Anjan Sadoocharan, mère d’une petite fille en Grade 1, est très heureuse que la ministre de l’Éducation ait pris la décision que toutes les classes sans exception reprendront le 2 février en présentiel. Comme elle vient d’Inde, elle a eu beaucoup de mal à aider sa fille dans la matière française. «C’est dur. Les cours en ligne, ce n’est pas comme aller à l’école. Où l’enfant doit porter son uniforme, avoir son cartable, entre autres… L’enfant a un apprentissage supérieur quand il a des règles. Surtout, l’interaction physique est essentielle entre les élèves et les enseignants du primaire. Les séances sur la MBC n’intéressent pas ma fille», déplore l’habitante de Nouvelle Découverte, qui gère une boutique.

Anjan insiste sur le fait qu’elle doit s’asseoir avec sa fille pour lui faire apprendre de manière ludique. «Bien sûr, les livres scolaires aident aussi. Je suis à la fois la mère et l’enseignante.»

Même son de cloche pour Christelle, habitante des Plaines Wilhems, qui exprime sa joie et sa gratitude après l’annonce de vendredi. «Les classes en ligne n’étaient pas faciles pour mon fils en Grade 9. Il manquait beaucoup de concentration, il prenait des pauses à chaque fois pour utiliser son téléphone pour voir les vidéos de ses amis sur TikTok. J’ai dû confisquer son téléphone pendant les heures de classe. En revanche, à l’école, il y a plus de discipline.»

Des élèves saluent également la reprise. Pour ceux qui ont accès à la bonne technologie, l’apprentissage en ligne s’est avéré plus efficace de plusieurs façons. Néanmoins, cette efficacité varie selon les groupes d’âge. Le consensus général sur les enfants, en particulier les plus jeunes, est qu’un environnement structuré est nécessaire car les enfants sont plus facilement distraits.

Pramika Etwaro, 18 ans, élève au collège Dr Maurice Curé, dit que les cours en ligne «are the new thing». «Ils nous permettent certes de rester connectés à nos études mais ils sont épuisants. Avoir nos professeurs et nos amis devant nous aide à créer un environnement positif et nous pousse à travailler plus fort. Je suis contente de pouvoir reprendre le chemin de l’école bientôt. Parce que je vais prendre part aux examens du Higher School Certificate (HSC). Les cours en ligne ne peuvent pas remplacer ceux en présentiel.»

Idem pour Chanvi Seetul, 17 ans : «Les cours en ligne ont été une lutte. Ils ont leurs avantages et leurs inconvénients. Personnellement, mes professeurs étaient très sérieux et ponctuels. Nous avons fait de notre mieux pour faire face à la situation. Cependant, les cours en ligne sont également associés à des problèmes de santé, tels que des maux de tête, une mauvaise vue et des étudiants étaient même mentalement épuisés. Au final, les cours en ligne sont devenus monotones», commente cette élève du collège Droopnath Ramphul.

Si, pour beaucoup, les cours en ligne sont un casse-tête, ils ont également aidé à certains égards. Shansita Dishtee Sewpal dit que c’était une nouvelle et bonne expérience. «En raison de la pandémie, avoir des cours en ligne m’a vraiment aidée à faire plus attention en classe. Mes heures d’étude sont également devenues plus flexibles et cela m’a aidé à rattraper beaucoup de travail de révision. Le seul inconvénient qui m’a vraiment affectée était de ne pas pouvoir rencontrer mes amis tous les jours», conclut cette collégienne du Queen Elizabeth College.