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Démission du MMM: le coeur n’y est plus pour Jenny Adebiro
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Démission du MMM: le coeur n’y est plus pour Jenny Adebiro
C’est lors d’une conférence de presse hier que Jenny Adebiro, ancienne membre du Mouvement militant mauricien (MMM), a donné des explications sur sa démission surprise survenue jeudi. Selon l’ex-présidente de l’aile féminine du parti, elle va se concentrer sur sa vie personnelle et professionnelle, mais a quand même imputé son départ au manque de soutien, entre autres…
Le jour du décompte des voix, il n’y a eu aucun membre de la commission des femmes ni aucune députée pour la soutenir dans la cour de l’école. «La décision vient peut-être de là», a fait savoir Jenny Adebiro. Il a fallu attendre l’heure des questions pour qu’elle donne des précisions. «Nou kamarad Joanna li vreman lor la defensiv touletan lor bann zafer drwa. Me mo pa fi’nn mem trouv bann post ni par rapor à zisman lakour ni pou ‘recount’.» Dans la foulée, elle a précisé qu’elle ne défend pas Bobby Hurreeram, qui avait tenu les mêmes propos le jour de sa démission, mais qu’elle n’est pas là pour défendre Joanna Bérenger non plus.
Mais le manque de soutien n’est pas la seule raison qui l’a motivée à claquer la porte des mauves. Jenny Adebiro a expliqué qu’elle avait été élue présidente de l’aile féminine, mais après son congé de maternité, son titre n’était que sur papier. À son retour en 2020, elle n’avait plus le rôle. D’ailleurs, elle s’est déjà retrouvée dans une réunion du bureau politique sans compte rendu. «Après un congé maternité, tout le monde reprend son poste. Même une députée reprend son poste», a-t-elle lâché. Cette situation a mené à une certaine frustration et elle a été blessée. Mais de toute manière, a-t-elle rajouté, il fallait de nouvelles élections pour renouveler la présidence des instances du parti, mais il n’y en a jamais eu. Ce qui la pousse à se demander si la constitution du MMM est respectée par le parti lui-même.
Est-ce que ce sont les négociations avec le Parti travailliste qui ont précipité son départ ? Jenny Adebiro a rappelé qu’elle a vécu le Remake, la cassure, l’alliance PTr-MMM de 2014. Elle a toutefois dit qu’il y a des zones d’ombre et que les militants ont des réserves face aux négociations.
«Des loups-garous avec des valises»
Que s’est-il réellement passé concernant la présidence de l’aile féminine ? Les versions se succèdent. Arianne Navarre Marie, députée du MMM de la circonscription no1, explique que Jenny Adebiro avait pris un congé maternité après son accouchement. C’est Rouma Bahadoor, la vice-présidente de l’aile féminine, qui a assuré la suppléance. «Mais à son retour, elle n’a jamais exprimé le souhait de reprendre son poste. Nous avons assumé qu’elle voulait prendre un peu de temps pour sa vie personnelle, donc la vice-présidente a continué à assumer le rôle. À aucun moment, elle n’a soulevé ce problème lors des réunions», fait-elle ressortir.
Mais lors de sa conférence de presse, Jenny Adebiro a déclaré qu’elle s’attendait à reprendre automatiquement le poste. Pourquoi cela n’a pas été le cas ? Selon Ajay Gunness, secrétaire général des mauves, Jenny Adebiro s’était éloignée du parti après les élections de 2019. Puis, quelque temps après son retour après son congé de maternité, c’est la candidate du MMM aux élections de 2019 qui avait elle-même approché Paul Bérenger pour demander à ce qu’elle soit remplacée à la présidence de cette instance suite à un «problème familial sérieux».
La demande a été refusée. «Mais elle a choisi de s’éloigner tout de même», dit Ajay Gunness et la question n’a jamais été soulevée. «Elle n’a montré aucun intérêt et ne venait que très rarement aux réunions. L’actuelle vice-présidente n’a pas été titularisée par respect pour elle !» lâche le secrétaire général du parti, réitérant que la décision de s’éloigner des instances venait de Jenny Adebiro elle-même. Mais d’autres sources affirment qu’à cause de ce problème impliquant un de ses proches et une enquête policière, elle a été mise à l’écart, du moins, jusqu’à la fin de l’affaire.
Quant au soutien, Arianne Navarre-Marie exprime son incompréhension. «À la cour, Deven Nagalingum, Joanna Bérenger et moi-même étions souvent présents à ses côtés», rappelle-t-elle. Le jour du décompte, des militants de plusieurs circonscriptions et instances étaient présents parmi les agents sollicités pour veiller au bon déroulement de l’exercice dans les classes. «Mais nous n’avions pas le droit d’être physiquement présents dans la cour», rappelle Arianne Navarre-Marie. Elle rajoute qu’en compagnie de l’état-major du parti, elle a suivi le décompte du quartier général du MMM. La communication était constante avec Jenny Adebiro et après l’exercice, elle les a rejoints au QG pour un débriefing. «Je ne comprends donc pas pourquoi elle dit cela.»
Revenant sur la démission, Ajay Gunness rappelle qu’il y a à peine une semaine, Jenny Adebiro était critique à l’encontre du gouvernement, mais lors de sa conférence de presse, son langage était un peu plus nuancé. «Le mercato politique a commencé et nous savons qu’il y a des loupsgarous qui marchent avec des valises», dit-il, sans en dire plus.
Une absence remarquée par les agents
Mevin Miniandee est un des chefs-agents de la circonscription no19. Il explique aussi qu’après les élections de 2019, Jenny Adebiro avait pris ses distances du parti. «Pour le Nouvel an, aucun des militants qui avaient travaillé pour elle n’a eu de messages. Elle n’est réapparue que lorsque sa pétition électorale a été entendue en cour», relate-t-il. Revenant sur le soutien, Mevin Miniandee affirme que les militants ont été mobilisés dès l’aube et que l’état-major du parti, y compris les députés, a été en communication constante avec lui. «Donc, il est faux de dire qu’elle était abandonnée. Tout le parti, y compris Joanna Bérenger, a été en contact permanent pour savoir ce qui se passait», indique-t-il.
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