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Saint-Valentin: les 70 ans d’amour de Serge et Mariamah Jugdhur
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Saint-Valentin: les 70 ans d’amour de Serge et Mariamah Jugdhur
Les secrets pour la réussite d’un mariage ? Une bonne hygiène de vie, passer du temps en famille, comprendre l’autre et de l’humour, surtout, indiquent Serge et Mariamah Jugdhur. Âgé de 92 et 90 ans respectivement, ce couple vient tout juste de célébrer ses 70 ans de mariage, en février. Une romance qui a su traverser le temps et qui gagne en intensité chaque jour. De cette union, sont nés un garçon et une fille.
Dans leur maison, à Curepipe, Serge et Mariamah Jugdhur inspirent une belle quiétude, caractérisant leurs vieux jours. Leur complicité est palpable, confie Guylaine, leur fille.
Comment cette romance a-telle commencé ? Issu d’une famille de quatre enfants, Serge Laurent Jugdhur voit le jour à Beau-Vallon, le 2 août 1929. À l’époque, son père officie comme le cuisinier officiel du diocèse de Saint-Pierre.
Très actif dans la chorale de l’église de St-Pierre avec ses amis, Serge Laurent Jugdhur se joint à l’armée en 1949 et est affecté en Égypte pour trois ans. Il devient ensuite caporal et gagne le respect de tous de par sa fonction. «Mon papa devait agir comme traducteur en milieu judiciaire, représentant ainsi les Mauriciens. Il passait beaucoup de temps à rédiger des lettres pour ses amis voulant communiquer avec leurs proches», explique leur fille.
À l’époque, il devait passer un test d’anglais avant sa mobilisation à l’armée. Et c’est avec fierté qu’il affiche son certificat remis par la Royal British Army.
En 1952, il rentre à Maurice. Cette année marque un tournant décisif de sa vie. D’abord, Serge Laurent Jugdhur vit la douloureuse perte de sa maman et part vivre chez sa tante, à Curepipe. C’est là qu’il aperçoit sa future dulcinée pour la première fois. Elle se prénomme Mariamah Yvonne Mootoosamy. Cette jeune fille vivait juste à côté. «C’était le coup de foudre. Un cousin avait aidé mes parents à faire connaissance.»
À l’époque, Mariamah Yvonne Jugdhur était originaire d’une famille de 13 personnes. «Les temps étaient durs pour beaucoup. Mais les gens étaient très solidaires et les voisins étaient bien plus que des membres de la famille. Notre jeunesse est remplie de valeureux souvenirs», se remémore Mariamah Yvonne Jugdhur. Elle évoque des gens élégamment vêtus de costumes pour se rendre aux courses hippiques, comme s’il s’agissait d’un événement spécial. Le milieu était modeste mais le bonheur était au rendez-vous. Serge Laurent Jugdhur revient sur la santé de fer des habitants d’alors grâce à leur bonne constitution ainsi que d’aut res images du passé : «Il y avait aussi le plongeon matinal dans la rivière, même pendant les jours les plus froids et l’incontournable match de football avec ses amis.»
Lorsqu’ils se marient, Serge Laurent Jugdhur et Mariamah Yvonne Mootoosamy ont 22 et 20 ans respectivement. Professionnellement, il reçoit des offres d’emploi dans le «nursing» et les «fire services». Après des essais, il ne poursuivra pas dans cette voie. En revanche, il démarre sa propre entreprise et recrute une équipe spécialisée en maintenance des bâtiments. Comme entrepreneur, il travaille pour les services de sa majesté – la Navy – pour les compagnies de construction, notamment Blanche Birger et le Beau Plan Sugar Estate. Au total, Serge Jugdhur possède 40 ans d’expérience en la matière. Déroulant le fil de ses accomplissements, il repense à une gigantesque colonne militaire de 600 pieds qu’il fallait peindre. «C’était un grand défi, plusieurs des effectifs n’osaient pas grimper à une telle hauteur pour accomplir cette mission», souligne-t-il, en arborant un sourire de satisfaction.
Bien entourés par leurs fille, gendre et quatre petits-enfants : Caroline et Steven, qui vivent en France, Syman qui réside en Italie après des études aux États-Unis et Rayyan qui vit à Maurice, le couple continue à écrire son histoire… d’amour. Ainsi, on voit toujours Mariamah Yvonne Jugdhur aux petits soins pour son mari, Serge. Et qui s’inquiète toujours pour le bien-être de ce dernier. De son côté, lui se montre toujours attentionné vis-à-vis de son épouse et de ses enfants. «Je me souviens encore des jours heureux de ma jeunesse car son père a toujours veillé à ce que notre famille ne manque de rien. Il nous a transmis une riche palette de valeurs humaines», déclare Guylaine.
Aujourd’hui, après 70 ans ensemble, ils sont toujours autonomes. Mariamah Yvonne Jugdhur s’occupe toujours de sa maison, sa cuisine, son repassage et continue à être la parfaite maîtresse de maison. Serge Laurent Jugdhur nous parle de leur parcours et est fier de fêter leurs noces de platine. Il nous dit d’ailleurs que «c’est très rare» aujourd’hui d’atteindre 70 ans de mariage. À la base de cette recette du bonheur qui perdure : la patience et la compréhension qui ont toujours régné et qui règnent toujours au sein du couple, confie Mariamah Yvonne Jugdhur. «De nos jours les gens se fâchent pour un rien et tournent le dos à leur conjoint trop facilement.»
Loin de faire leur âge, ce couple sourit avec des yeux remplis d’émotion. Serge Laurent Jugdhur raconte comment ils ont survécu aux moments difficiles tout en restant soudés comme au premier jour. On note douceur et sérénité dans leur relation. Selon eux, beaucoup de couples plus jeunes ne devraient pas se découragera au moindre défi de la vie. Ayant perdu plusieurs proches au fil des années, le couple a su rester côte à côte et continuer le chemin ensemble. Ensemble, ils savourent la vie exceptionnelle qui leur a été donnée.
Témoignages
Ils ont perdu leur Valentin/Valentine
Ce 14 février marque la fête des amoureux. Or, pour plusieurs Mauriciens, cette célébration fait retentir la douloureuse perte de leur conjoint. Décédés d’une maladie ou dans des circonstances tragiques, ces derniers laissent un vide dans leur vie.
Kishan Bundhoo: «Il y a un réel manque à la maison»
Bientôt un mois que Kishan Bundhoo, 40 ans, habitant Fond-du-Sac, a perdu son épouse, Sweta. Cette dernière est décédée en janvier du Covid-19, à l’âge de 38 ans. Kishan confie qu’un réel manque se fait sentir dans la famille. «On ressent qu’il manque quelqu’un dans la maison. Nous étions trois avec ma fille de 17 ans. Nous étions très complices. Comme dans tous les couples, il y a des petites disputes, mais celles-ci ne duraient jamais longtemps.» Cette année, Kishan Bundhoo se retrouve seul le jour de la Saint-Valentin, mais il pensera très fort à Sweta, qui sera dans ses pensées en ce jour spécial.
Josiane, 76 ans: «Roger n’oubliait jamais la moindre fête, y compris la Saint-Valentin»
«C’est en 2018 que Roger, mon mari, nous a quittés. Il est décédé à la suite d’une congestion. Nous avions 49 ans de mariage. Il allait fêter ses 72 ans», confie Josiane, sa veuve. Aujourd’hui, pour la Saint-Valentin, ses pensées seront dirigées vers lui. Et ce, particulièrement, après pratiquement quatre ans de séparation. «Je sais qu’à chaque moment, nous étions ensemble. Malgré les épreuves de la vie, j’ai mené ma mission. Quand je me suis sentie découragée, je me suis tournée vers l’Église. Un prêtre m’a beaucoup soutenue. Même s’il n’est plus là, je dois poursuivre mon chemin. Mes proches m’apportent énormément de courage», confie-t-elle. Elle se remémore des célébrations passées avec son époux qui lui offrait une bouteille de vin ou une somme d’argent pour s’acheter un petit cadeau. «Roger n’oubliait jamais la moindre fête, y compris la Saint-Valentin.»
Sevrine Botte : «Notre première Saint-Valentin a aussi été la dernière»
Sevrine Botte et Jean-Baptiste Julie, 20 ans, étaient jeunes et avaient des projets plein la tête pour leur avenir ensemble. Mais malheureusement, le destin en a décidé autrement. Jean-Baptiste Julie, habitant Lallmatie et qui exerçait comme coach de fitness dans une salle de gym à Pailles, a trouvé la mort dans un accident de la route à Salazie en septembre dernier, laissant Sevrine, qui habite dans un village du Sud, dans une douleur profonde qu’elle peine à traverser. Bien qu’ils aient été ensemble durant un peu plus d’un an, les deux tourtereaux étaient très fusionnels et aspiraient à fonder une famille. Ils avaient fêté leur première Saint-Valentin l’année dernière. «Nous sommes sortis dîner. Baptiste m’avait offert un bouquet de fleurs, des chocolats et une peluche. C’était notre première Saint-Valentin et malheureusement la dernière», dit Sevrine Botte avec tristesse. Elle explique que Jean-Baptiste était son meilleur ami, son confident et un pilier. Du jour au lendemain son monde s’est subitement écroulé et elle doit à présent affronter la vie sans lui.
Marie-Josée, 64 ans: «Bernard demeure toujours dans mes pensées»
Cette année, ce sera sa première Saint-Valentin sans son amour. Le 31 octobre 2021, Marie-Josée, 64 ans, a perdu son époux, Bernard, 69 ans, qui souffrait d’une maladie chronique. «Chaque année, mon mari et moi célébrions la Saint-Valentin lors d’un repas au restaurant. Aujourd’hui, j’achèterai une fleur et la lui déposerai. Ensuite, je ferai un petit repas à la maison», confie-telle. En ce 14 février, Marie-Josée n’a pas le coeur à aller seule au restaurant. Elle se rappelle de leur rencontre lors d’un mariage et cet amour pour lequel ils ont persévéré. «Bernard demeure toujours dans mes pensées.»
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