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Nouvelles preuves contre Maigrot: l’enquête mal ficelée ?
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Nouvelles preuves contre Maigrot: l’enquête mal ficelée ?
Bernard Maigrot était attendu aux Casernes centrales hier, lundi 14 février, afin d’être confronté aux «nouvelles» preuves scientifiques obtenue contre lui. Mais l’interrogatoire a été renvoyé à une date ultérieure. Son avocat, Mᵉ Gavin Glover, Senior Counsel, s’est rendu au Central Criminal Investigation Department (CCID) hier matin pour informer les autorités qu’il était pris en cour. Un nouveau rendez-vous sera fixé.
Pour rappel, l’homme de loi de Bernard Maigrot a expliqué à la cour le 9 février que son client n’a jamais été confronté à ces éléments que la police a utilisés pour l’arrêter une deuxième fois. En effet, c’est sur la base de ces «fresh evidences», soit son empreinte génétique sur un vêtement qui aurait été utilisé pour nettoyer la scène du crime et une corde utilisée pour étrangler Vanessa Lagesse, que la police a inculpé l’homme d’affaires en 2011 alors qu’en 2008 le principal suspect avait bénéficié d’un non-lieu aux assises.
Mᵉ Meenakshi Gayan-Jaulimsing, Acting Assistant DPP, a alors demandé une «discontinuance of the proceedings», soit l’arrêt du procès, afin que Bernard Maigrot puisse être confronté à ces preuves et donner sa version des faits.
Oubli ou erreur
Sollicité, Ranjit Jokhoo, inspecteur à la retraite anciennement affecté à la Major Crime Investigation Team, a expliqué que l’on peut se retrouver dans une situation pareille car au moment où le DPP avait logé l’affaire en cour, ces nouvelles preuves scientifiques n’étaient pas disponibles. Lorsque la police les a obtenues, elle ne pouvait pas continuer à enquêter vu qu’il y a déjà une affaire en cour. Ranjit Jokhoo avait fait état de «sub judice», ce qui signifie que si une affaire est en cours de jugement ou est examinée par un juge ou un tribunal, la police ne peut continuer à enquêter et interférer avec des témoins pour les interroger ou chercher de nouveaux témoins, etc.
Or, en 2011, il n’y avait aucun procès à ce moment-là. Bernard Maigrot avait bénéficié d’un non-lieu en 2008 pour faute de preuves. Aurait-il dû être confronté à ces nouvelles preuves ? Plusieurs enquêteurs abondent dans le même sens et expliquent que, logiquement, Bernard Maigrot aurait dû l’être. «Oui, on aurait dû lui dire : ‘voilà, nous avons tel élément contre vous, quelle est votre explication ?’, afin de lui donner l’occasion de se défendre lorsqu’il a été arrêté», souligne un de nos interlocuteurs. «Comment est-ce que les enquêteurs qui s’occupaient de ce dossier ont-ils pu omettre cet exercice ? Est-ce un réel oubli ou un oubli volontaire lorsque l’on sait que ce genre d’erreur peut faire tomber un cas en cour», s’interroge une source. D’expliquer que le DPP a le pouvoir de rouvrir un dossier s’il y a de nouveaux éléments et d’ordonner à la police d’enquêter à nouveau.
Mᵉ Nirmal Busgopaul relate que les droits constitutionnels du suspect ont été bafoués lorsque la police n’a pas confronté Bernard Maigrot à ces nouveaux éléments. «C’est un droit fondamental pour un suspect afin de bénéficier d’un ‘fair hearing’. Il faut donner l’occasion au suspect de répondre sur les nouveaux faits qui lui sont reprochés», soutient l’homme de loi.
L’homme d’affaires Bernard Maigrot avait été arrêté une première fois après le meurtre de la styliste Vanessa Lagesse survenu dans la nuit du 9 mars 2001 dans son bungalow à Grand-Baie. S’il avait fait des aveux au début de l’enquête, il était ensuite revenu sur sa version des faits et avait dit qu’il avait été forcé d’avouer après un interrogatoire musclé avec l’ex-l’Homicide Squad, dirigée par feu Prem Raddhoa.
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