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Covid-19 - Assouplissement des mesures sanitaires: Pas un mirage
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Covid-19 - Assouplissement des mesures sanitaires: Pas un mirage
Depuis le début du mois de février, une légère hausse des cas rapportés par le ministère a été notée. Alors que pour janvier, le nombre de cas n’a pas dépassé la barre des 700 par semaine, nous sommes désormais à plus de 1 500 cas officiels hebdomadaires. Qu’est-ce qui explique cela ? Est-ce qu’il faudra de nouvelles restrictions, ou sommes-nous prêts à assouplir les restrictions, comme cela commence à se faire ailleurs ? Qu’en est-il de la vaccination ? Le point…
Les cas
Selon le ministère de la Santé, entre le 24 janvier et hier, le pays a enregistré 5 777 cas. Mais le député travailliste Ehsan Juman avance que les chiffres sont bien plus élevés. Selon ses chiffres, le pays a répertorié 7 719 cas entre le 22 et le 24 février. Ces chiffres comprennent les tests PCR et rapides et excluent les cas recensés dans les écoles. Quant aux décès de patients positifs, dans la semaine du 11 au 18 février, le pays en a enregistré 15 alors que dans la semaine écoulée, 27 morts ont été déplorés. Nombre en légère hausse car dans la semaine du 14 au 21 janvier, le pays avait relevé 12 décès. Ce chiffre était plus ou moins stable depuis le début de l’année jusqu’à cette semaine. La grande majorité était âgée de plus de 60 ans, pas vaccinée et vivait avec des comorbidités (voir plus loin).
Selon Shameem Jaumdally, virologue, la situation n’est pas si exceptionnelle que cela. «Il y a eu un relâchement pendant les fêtes de fin d’année. De plus, la majorité des activités ont repris normalement», explique-t-il. En outre, les fêtes et la réouverture des écoles ont eu lieu alors que le variant Omicron était présent. Ce variant, rappelle le virologue, est plus transmissible que les précédents. «Comme le virus reste dans les parties supérieures de la voie respiratoire, il est plus facile de le transmettre en parlant, par exemple», dit-il pour expliquer la nouvelle vague.
Assouplissement des restrictions
Est-ce que cette augmentation signifie qu’au 31 mars, les restrictions sanitaires seront maintenues, voire renforcées ? Shameem Jaumdally avance que dans plusieurs pays, la tendance est à l’assouplissement. Par exemple, en Angleterre, les patients positifs n’ont plus à observer une période d’isolement et les masques ne sont plus obligatoires alors qu’en Afrique du Sud, la vaccination a de moins en moins d’importance. À Maurice, à la fin de cette vague d’Omicron, 30 % de la population aura contracté le virus. «Lorsqu’on ajoute le taux de vaccination à cela, il est clair que la population est désormais protégée», observe-t-il.
À hier, 491 390 personnes à Maurice ont eu la dose de rappel. Mais cela n’empêche pas les contaminations et les décès. Du 30 décembre 2021 au 25 février, le pays a enregistré 128 décès. Pour comprendre la cause de ces décès, il faut remonter au début de la campagne de vaccination. La population mauricienne a été vaccinée en majeure partie avec le Sinopharm et le Covaxin. «On sait désormais que la durée d’efficacité de ces vaccins est très limitée donc, on peut considérer que la booster dose, chez une grande partie de la population, est comme un nouveau cycle de vaccination», déclare Shameem Jaumdally.
De plus, Maurice comporte toujours quelques clusters de Delta. Avec l’Omicron, les décès sont moindres et selon le dernier exercice de séquençage du ministère datant d’hier, sur 71 échantillons collectés entre le 23 janvier et le 13 février, 68 cas d’Omicron avaient été détectés, soit 96 %. Comme ce variant est plus transmissible que le Delta, il est déjà devenu le variant le plus répandu dans le monde et la même tendance se dessine à Maurice. Avec la disparition du Delta et la protection grandissante, les longues périodes de symptômes apparentes ou les décès vont diminuer. Quant aux cas qui augmentent, il explique que biologiquement, une personne peut être infectée deux fois en peu de temps avec deux variants différents car les virus sont différents. «Mais cela ne veut pas dire que c’est dangereux. Le corps peut toujours se protéger contre les variants après une infection.»
Avec un tel taux de vaccination et infection naturelle, le virologue estime que renforcer les restrictions ne sert à rien. «Fermer les écoles, par exemple, ne sert à rien car les parents travailleront toujours et à la maison, on ne porte pas de masques. Donc un enfant sera toujours à risque. Il faut désormais trouver un équilibre pour vivre avec le virus», dit Shameem Jaumdally. Comment faire cela ? Il préconise que la population prenne ses responsabilités sans attendre les autorités. L’exemple qu’il cite est l’Afrique du Sud. Dans le pays, malgré l’absence de restrictions dans les lieux de culte, la distanciation physique est scrupuleusement respectée. Tout comme le port du masque dans les lieux publics. «Il faut que nous aussi nous apprenions à vivre avec et pensions à faire attention», réitère-t-il.
La vaccination réservée aux vulnérables
Si Shameem Jaumdally estime qu’il est primordial que la population fasse sa troisième dose avec un vaccin reconnu, il est persuadé que la campagne doit s’arrêter là. À l’avenir, le vaccin contre le Covid-19 doit être annuel et réservé aux personnes vulnérables. «Ce qui sera développé à l’avenir sera fort probablement comme le vaccin de la grippe, à savoir un vaccin avec tous les variants récents. Les personnes à risque seront protégées contre ces variants mais aussi contre les mutations futures de ces variants», affirme-t-il. Quant à la vaccination annuelle pour toute la population, Shameem Jaumdally pense que ce ne sera pas nécessaire car le vaccin ne protège pas contre la transmission. Encore une fois, il répète que ce sera à la population de faire attention pour se protéger contre l’infection.
L’efficacité du vaccin
Du 30 décembre au 4 février, le pays a enregistré 74 décès de patients positifs officiellement. Parmi eux, 36 avaient deux doses de vaccins (après le 4 février, le ministère n’a plus communiqué les détails concernant les décès). La question qui se pose est quel vaccin ils avaient reçu. 55 parmi eux étaient atteints de comorbidités. Comme l’a souligné Shameem Jaumdally, si les personnes ayant eu deux doses de vaccin à vecteurs viraux et n’ayant pas été boostées avec un vaccin plus efficace sont exposées au Covid, surtout en cas d’autres maladies, cela explique la fatalité de l’infection.
Delta, Omicron, sous-variant Omicron… What next ?
À chaque fois qu’un pic passe, le monde a à peine le temps de souffler qu’un nouveau variant émerge et recommence à se répandre. Maintenant que nous avons le sous-variant d’Omicron, what happens next ? Selon Shameem Jaumdally, les mutations chez un virus sont tout à fait normales. À chaque mutation, trois propriétés sont surveillées : la vitesse de transmission, la sévérité de la maladie causée et l’évasion de l’immunité conférée par le vaccin. À ce stade, il est impossible de prévoir quelles seront les propriétés du nouveau variant. Mais la certitude est qu’il émergera vers le mois de mai et sera encore une fois probablement originaire de l’Asie. «Les mutations ont lieu pendant les transmissions. Plus il y a de transmissions, plus il y a des mutations donc, plus de chances pour avoir un variant», explique le virologue. Selon lui, le variant sera encore une fois originaire de l’Asie car il y aura plusieurs manifestations religieuses dans les mois qui viennent, et ces rassemblements sont propices aux transmissions.
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