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Variants et sous-variants: la guerre n’est pas finie

27 février 2022, 15:00

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Variants et sous-variants: la guerre n’est pas finie

La recrudescence des cas à Maurice est attribuée au variant Omicron. La raison est que non seulement il est plus contagieux, mais ses sous-variants ont des propriétés si différentes qu’une nouvelle infection en moins de quatre mois est possible. Dès lors, cela remet-il en cause la théorie que la pandémie deviendra bientôt endémique ?

BA.2 présent depuis novembre

Le sous-variant d’Omicron BA.2 est en circulation depuis sa découverte en novembre dernier. Houriiyah Tegally, bio-informaticienne membre de l’équipe de chercheurs qui a découvert ce variant of concern (VOC), explique qu’à cette époque, la circulation était minime. «Lorsque le variant B.1.1.529, qui a par la suite été baptisé Omicron, a été découvert, il y avait non seulement le sous variant BA.2, mais deux autres, les BA.1 et le BA.3. L’appellation Omicron englobe les trois», explique-t-elle. Les trois ont été classés VOC car ils se transmettent plus rapidement, peuvent causer une réinfection et échappent quelque peu à l’immunité conférée par les vaccins.

Cependant, ce qui a inquiété la communauté scientifique, ce ne sont pas ces sousvariants, car ce phénomène est normal. D’ailleurs, le variant Delta en avait environ 300. Les sous-variants d’Omicron sont tel- lement différents du virus principal qu’une réinfection en très peu de temps est possible. Avec le Delta, il était très rare d’attraper la maladie une deuxième fois en moins de six mois même avec les sous-variants qui circulaient. «La hausse s’explique par le fait qu’après la circulation du BA.1, c’est le BA.2 qui commence à prendre le dessus.» Donc, si le BA.3, qui existe déjà, présente des propriétés différentes des deux autres sous-variants, y aura-t-il un nouveau pic d’Omicron? «Il est trop tôt pour le dire. Pour l’instant, il n’y a pas de hausse des cas de BA.3», avance Houriiyah Tegally.

L’avenir incertain

Est-ce que cela remet donc en cause une autre théorie qui donnait de l’espoir, à savoir, que la pandémie deviendra endémique? «Vous savez, l’équipe qui travaille constamment dessus n’a jamais trop cru dans cette théorie car le virus est imprévisible», dit-elle. Tout d’abord, même si la maladie causée par Omicron est moins virulente, de plus en plus de données démontrent que les patients, même guéris, développent des complications cardiaques et autres problèmes de santé. «Déjà, on n’a pas encore assez de données pour déterminer la sévérité de la maladie causée par le BA.2, même si les informations en provenance d’Afrique du Sud disent pour l’instant qu’il n’est pas plus virulent», rappelle-telle. Vu que le virus présente des différences biologiques prononcées en comparaison au BA.1, il est fort probable que les symptômes diffèrent aussi. L’autre inconnu de l’équation est l’apparition de nouveaux variants. Depuis le début, les variants n’ont pas été issus des lignées où les scientifiques les attendaient. «De plus, lorsqu’une personne est infectée par plusieurs virus, il se peut que les virus fusionnent dans son corps avant d’être transmis. D’ailleurs, des études sont en cours pour déterminer si l’un des sousvariants de l’Omicron s’est formé de cette manière, car lors des séquençages, il a été noté que seules les spike proteins du début sont différentes», avance Houriiyah Tegally. De ce fait, il est impossible de prédire quelles seront les propriétés des prochains variants.

Pour l’instant, Houriiyah Tegally avance que le maintien des restrictions basiques, à l’instar du masque, de l’isolement des patients positifs et de la distanciation physique, reste nécessaire car l’avenir n’est pas clair. Sur la vaccination, elle affirme que le booster a grandement aidé, car les pays qui ont déployé une dose supplémentaire sont moins touchés par la vague d’hospitalisation et de décès. Questionnée sur l’apparition d’un futur variant, la bio-informaticienne dit qu’il est impossible de prévoir ses propriétés. À Maurice, cependant, peu importe la situation, elle doit être surveillée de très près car les maladies non-transmissibles comme le diabète, les maladies cardiaques et l’hypertension artérielle sont très courants et peuvent entraîner des complications après une contamination.