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Carburants: vers une révision de la structure des prix ?

28 février 2022, 14:00

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Carburants: vers une révision de la structure des prix ?

Il n’aura pas fallu attendre longtemps. Deux jours après le début du conflit russo-ukrainien, les autorités ont annoncé samedi soir une hausse de 10 % des prix à la pompe. Cette hausse, bien qu’attendue, soulève les passions et remet en cause le mode de fixation des prix des produits pétroliers, qui affecte toute la population et surtout la classe moyenne…

On l’anticipait déjà avec la menace de guerre en Ukraine et le baril de brut franchissant la barre d’USD 95. Avec l’invasion russe depuis jeudi entraînant le cours du Brent à USD 100, la State Trading Corporation (STC) est passée à l’offensive samedi en réajustant les prix du carburant. Une augmentation plafonnée à 10 % sur le prix à la pompe, portant à Rs 61,30 le litre d’essence et Rs 45,10 le litre de diesel. La structure de fixa- tion des prix, telle qu’elle se présente, est cependant pointée du doigt.

Cette hausse intervient presque deux mois après celle du 28 décembre où le prix du Mogas avait été révisé à la hausse pour passer à Rs 55,75 et celui du diesel à Rs 41. Le Managing Director de la STC, Rajiv Servansingh, soutient que la situation financière de la corporation ne lui permettait pas de repousser cette nouvelle augmentation.

«Toutes nos réserves ont été utilisées pour subventionner les prix du carburant pendant six mois et les cours sur les marchés internationaux n’ont fait que grimper. Cette politique de subvention ne peut être financièrement soutenue dans le temps.» La guerre en Ukraine, ajoute-t-il, a exercé de fortes pressions sur le prix.

D’ailleurs, dit-il, lors de la dernière augmentation, le baril affichait USD 77 et aujourd’hui il est monté à environ USD 103, soit une hausse de 30 %. Par ailleurs, la direction de la STC précise que le prix réel à la pompe aurait dû être de Rs 68,15 pour l’essence et Rs 58,05 pour le mazout, soit un manque à gagner de Rs 6,85 et de Rs 12,85 respectivement.

Comme il fallait s’y attendre, cette décision a soulevé une grosse colère chez les automobilistes et les ménages qui appréhendent une flambée de prix tous azimuts des produits et services comme le pain, les gâteaux ou encore le ticket d’autobus. «Il faut s’attendre à un appauvrissement d’un segment de la population qui est déjà écorché vif avec la valse des prix dans les commerces», souligne un observateur qui a souhaité garder l’anonymat.

N’empêche que certains automobilistes ont déjà décidé qu’avec un litre d’essence à plus de Rs 60, il faudra réduire leur consommation en roulant moins. «Il faudra compter entre Rs 2 000 et Rs 3 000 en plus pour la facture d’essence. Ce sera financièrement insupportable. Dans ce cas, je changerai mon moyen de locomotion. Pourquoi pas le métro ?» s’interroge un automobiliste qui refuse de comprendre le rationale de cette nouvelle hausse.

Certes, la structure de fixation des prix avec une multiplication de taxes est à l’origine du prix actuel des carburants à la pompe. En fait, un simple calcul montre que toutes les taxes combinées aux contributions passées aux automobilistes dépassent Rs 33 le litre. Faut-il alors revoir la structure des prix en revisitant certaines taxes ?

Au ministère des Finances, on veut bien revisiter la structure lors du prochain exercice budgétaire. En même temps, laisse-t-on entendre, le ministère doit arbitrer car il ne dispose pas de sources de revenus illimitées.

Rajiv Servansingh estime, de son côté, que si on ne taxe pas les produits pétroliers, il faudra taxer quelque part pour financer l’État providence. «À mon avis, la structure fiscale telle qu’elle se présente au niveau des produits pétroliers est la meilleure car elle permet à l’État d’engranger des fonds pour financer certains subsides. Évidemment, on peut ne pas être d’accord sur la composition des items taxés mais cela relève d’un autre débat.»

L’économiste Swadicq Nuthay estime, pour sa part, qu’il ne faut pas voir cette hausse des prix du carburant en isolation. Il y a des impératifs, dit-il, dictés par un contexte économique et des circonstances qui sont hors du contrôle de l’État et des stakeholders. Sans compter, selon lui, le phénomène de la dépréciation de la roupie. «Enlever une ou des taxes qui pèsent lourd sur le prix de vente de l’essence pourrait être une option, encore faut-il qu’on les impose ailleurs.»

Dans les jours à venir, cette nouvelle hausse du carburant alimentera les conversations alors qu’automobilistes et ménagers en saisiront la véritable portée.