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Wayne Wood (Directeur de la Horse Racing Division): «Je ne suis pas venu à Maurice pour me faire des amis»
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Wayne Wood (Directeur de la Horse Racing Division): «Je ne suis pas venu à Maurice pour me faire des amis»
A un peu plus d’un mois du coup d’envoi de la saison hippique, Wayne Wood, le directeur de la Horse Racing Division (HRD), a accepté de rencontrer l’express en quête de réponses sur plusieurs sujets. L’entrée en opération de la HRD constitue un tournant majeur dans l’histoire des courses à Maurice. Dans l’entretien qui suit, l’homme fort de cette entité rassure face à l’appréhension qu’engendre cette passation des rênes entre le MTC et la HRD. Le professionnel des courses, tout en abordant d’autres sujets brûlants, s’est montré particulièrement très emballé du début de la saison d’ici quelques semaines. Le nouveau patron se voulant être le chien de garde des turfistes.
La saison démarre le 9 avril prochain. Vous sentez-vous prêt à relever ce nouveau défi en tant que premier Head de la Horse Racing Division?
(Confiant) Je peux vous garantir que la HRD sera prête pour démarrer la saison à la date prévue. Nous avons, malheureusement, eu la démission de Neil Boyle, qui avait été recruté comme commissaire de courses. Il est parti avant même d’avoir mis les pieds au bureau. Après les nombreuses rumeurs concernant ce départ précipité, il m’a envoyé un courriel afin de mettre les points sur les ‘i’. Je cite, avec sa permission, ce qu’il a écrit: «Ce qu’on dit à propos de mon départ n’est pas vrai. Je n’ai jamais eu de problème avec le board de la HRD, encore moins suis-je parti soi-disant parce que je ne suis pas d’accord avec la manière dont la HRD est organisée. J’ai choisi de démissionner et de rentrer en Australie uniquement pour des raisons personnelles.»
Je vous remets une copie de ce courriel afin que vos lecteurs puissent voir à quel point les rumeurs sont folles et qu’on diffuse n’importe quoi autour des courses hippiques. J’ai l’accord de Neil Boyle et vous avez la liberté de publier ce courriel.
Par ailleurs, nous avons fait l’entretien de plusieurs personnes pour des postes à la HRD. Cette semaine, nous avons auditionné des candidats pour être juges pour la pesée et à l’arrivée. Tout ce beau monde choisi assumera leurs responsabilités très prochainement, et ce sera une aubaine pour certains de pouvoir apprendre de ceux qui comptent plusieurs années d’expérience.
Venons-en maintenant à la saison. M. Subramaniyam Mahender, notre Stipe et handicapeur indien, a eu une réunion de travail avec les représentants de la Mauritius Turf Club Sports and Leisure et les entraîneurs mardi. Il leur a présenté le programme pour les trois premiers mois et nous avons beaucoup échangé. Nous les rencontrons de nouveau la semaine prochaine pour discuter des conditions entourant les grandes courses. De là, les entraîneurs et les propriétaires pourront faire leur plan de travail pour jusqu’à fin juin.
Pour ma part, je devais rencontrer le CEO de la MTCSL, Jérôme Tuckmansing, pour discuter des protocoles qui seront mis en place les jours de courses et en semaine, mais il est souffrant. Je lui souhaite un prompt rétablissement et nous allons nous asseoir et discuter dès qu’il sera de retour.
Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a déclaré au Parlement que la Horse Racing Division sera un «game changer». Les courses hippiques étant un sport national, le Premier ministre et son gouvernement jouent gros avec ce projet. Comment comptez-vous vous y prendre pour que la HRD soit effective- ment comme le souhaite le Premier ministre du pays ?
Je suis dans le domaine depuis plus de 50 ans et je sais ce que les courses représentent pour de nombreuses personnes, quelles que soient leurs origines. De ce que j’ai pu voir sur des vidéos, le Mauricien a un attachement émotionnel avec ce sport. On ne trouve pas cette ambiance qu’on voit avec le public au Champ de Mars dans d’autres hippodromes à travers le monde. Même pendant le huis clos, c’était fou de voir avec quel enthousiasme les palefreniers célèbrent la victoire de leurs coursiers. J’imagine déjà comment ce sera quand le public sera autorisé à revenir!
L’équipe à la HRD est totalement dédiée à la tâche qui lui est imputée et s’assurera que le niveau des courses mauriciennes soit relevé. Ceux qui sont là avec les années d’expérience acquise dans d’autres centres hippiques à travers le monde savent déjà ce qui doit être fait pour exercer un contrôle rigoureux et s’assurer que tout le monde soit sur un pied d’égalité. Nous sommes toujours disposés à écouter les professionnels qui pensent que nous ne faisons pas les choses de la bonne façon. Toutes suggestions qui peuvent rendre le sport numéro un des Mauriciens plus professionnel et excitant à la fois sont les bienvenues.
Que répondez-vous aux gens qui pensent que la HRD risque d’être un échec ; que les courses peuvent connaître une mort lente, à l’image du football local ?
(Se redressant sur sa chaise) Maurice est la septième juridiction hippique où j’exerce. Cela me permet d’anticiper ce qui marchera et ce qui ne le sera pas. J’ai été témoin de la transformation des courses australiennes à travers quatre classifications différentes: les divisions, les classes, le nombre de victoires et le benchmark. J’ai vu le contrôle des courses par des comités, puis par les États, et finalement par le gouvernement. J’ai été partie prenante des transitions comme celle que connaît Maurice actuellement. À travers le monde, il y a un contrôle qui est exercé par des régulateurs indépendants dans un cadre légal. Le système en place à la HRD me permet d’avoir la liberté de tout chapeauter et de veiller sur l’intégrité des courses à Maurice. Si vous voulez savoir si je vais dire aux commissaires que je ne suis pas d’accord avec une décision qu’ils ont prise, la réponse est oui ! Je serai le chien de garde des turfistes. Je veillerai à ce qu’il y ait justice et une chance égale pour tous. (Il hausse le ton) Je ne suis pas venu à Maurice pour me faire des amis, mais pour veiller sur les intérêts du public parieur. Je veux que ce public ait confiance dans l’équipe qui a été choisie pour le protéger et qu’il sache qu’il y a des professionnels à la HRD qui connaissent leur boulot et qui travaillent sans attendre quoi que ce soit en retour.
Vous avez eu l’occasion d’assister à quelques réunions hippiques en 2021, et de constater de près ce qui se fait en matière de courses à Maurice. Vous devez quand même avouer que le Mauritius Turf Club a fait du bon boulot en 210 ans d’existence, n’est-ce pas ?
Oui. Le MTC/MTCSL a évolué, passant d’une activité sociale et fédératrice en 1812 à une institution qui offre aujourd’hui un divertissement payant à quelque 1,3 million d’habitants. Le cheval est un athlète auquel on demande de fournir un effort pour satisfaire ceux qui ont misé sur lui, au même titre qu’on attend une performance exceptionnelle d’un sportif aux Jeux olympiques ou de son enfant à l’école lors d’une journée sportive. Le MTC a su maintenir cette tradition à travers deux siècles.
Que peut apporter la HRD de plus à l’industrie hippique ?
(Direct) Je vous laisserai constater par vous-même ce que sera la contribution de la HRD à l’industrie hippique mauricienne. Notre organisme a été promulgué le 21 janvier, soit depuis un mois. Donnez-nous le temps de marcher, de grandir et de courir. Cela dit, nous savons que nous avons une obligation d’apporter des résultats dès le départ. Nous avons eu des consultations avec tous les acteurs du secteur: jockeys, Mauritius Revenue Authority, bookmakers, opérateurs de tote, et tout récemment le commissaire de police, Anil Kumar Dip, et la police des jeux pour aborder l’aspect des paris illégaux. Un comité de haut niveau, placé sous la responsabilité de la HRD, sera mis sur pied pour combattre ce fléau qui gangrène les courses mauriciennes. Nous allons prendre le taureau par les cornes et attaquer ce mal à la racine.
Les courses sous l’égide du Mauritius Turf Club c’est quand même plus de 200 ans d’histoire M. Wood. La HRD veut-elle réécrire l’histoire ?
On ne peut effacer l’histoire, sur- tout celle des courses hippiques à Maurice. Le MTC a publié un ouvrage magnifique pour son bicentenaire et je conseillerai à tous les amoureux des courses de s’en procurer une copie. L’hippisme est un sport en marche. Les matières premières pour la production de toques ou pour les cravaches ont changé au fil des années. Les toques étaient faites de papier maché. Maintenant, ce sont des helmets fabriqués de matériaux compressés et elles sont testées de manière rigoureuse pour assurer la sécurité des jockeys. À l’époque aussi, on donnait les départs au drapeau, alors qu’on a aujourd’hui des stalles mobiles. La HRD arrive au beau milieu de l’évolution des courses à Maurice. Elle fait désormais partie de l’histoire des courses locales.
Désormais, la MTCSL n’est que l’organisateur des courses. Pouvez-vous rassurer le public que le MTC, son unique actionnaire, sera toujours un composant important de l’industrie hippique ?
Tout comme la MTCSL, le MTC a un rôle important à jouer, sans lequel il ne peut y avoir de courses au Champ de Mars. Dans la nouvelle configuration, le rôle de l’organisateur des courses n’est pas de s’occuper uniquement des infrastructures et de la piste. Il a des responsabilités énormes, comme s’assurer que le code des courses et les directives de la HRD soient respectés, du contrôle sur les chevaux qui figurent sur le programme et la prise des échantillons de ces mêmes coursiers – sous la supervision de la HRD –, mettre à jour le livre des traitements administrés, maintenir la qualité des équipements utilisés, tels que les stalles et la photo-finish. Ils sont également responsables de l’entretien de la piste, de l’assistance médicale aux jockeys et, surtout, de l’annonce des résultats officiels. Il y a d’autres responsabilités qui leur incombent sous la GRA Act et qui sont tout aussi importantes que celles que j’ai mentionnées. Donc, sans l’apport de ces deux organismes, la nation mauricienne ne pourra savourer les plaisirs que lui procure son sport préféré.
Le rapport Parry, de la Commission d’enquête sur les courses, a suggéré l’octroi d’un permis d’opérateur de paris au MTC. Etes-vous favorable à ce qu’un tel privilège soit octroyé à la MTCSL aujourd’hui ?
Tout ce qui est licence pour les paris tombe sous l’égide de la Gambling Regulatory Authority et non pas de la HRD. Tout compte fait, Hong Kong demeure un bon exemple, où le Hong Kong Jockey Club a son Tote et fait des donations à des écoles, des hôpitaux et à d’autres institutions. Il y aussi des exemples de gouvernements qui sont parties prenantes du Tote et qui utilisent l’argent pour améliorer les installations sur les centres hippiques.
Sur ce que vous dites, le dossier commingling des paris avec l’étranger est également du ressort de la Gambling Regulatory Authority…
Exactement. C’est à cette instance de considérer le commingling des pools avec l’étranger.
Le MTC/MTCSL a perdu des sommes énormes ces dernières années. On reproche aux différents gouvernements de ne pas réinjecter dans le circuit l’argent qu’il perçoit des courses sous forme de taxe soit plus de 800 millions de roupies. La HRD compte-t-elle aider le club dans ce sens ? Ce n’est pas trop demandé pour une industrie qui rapporte gros à l’Etat et qui emploie…
Nous ne pouvons dire que l’État ne s’intéresse pas au sort de l’industrie hippique. Je crois savoir que le gouvernement a massivement soutenu le MTC durant la première période de Covid, en 2020, à travers le Wage Assistance Scheme. La création de la Horse Racing Division par le gouvernement de Pravind Jugnauth, permettra au MTC et à la MTCSL de diminuer leurs dépenses par plusieurs dizaines de millions de roupies chaque année. Car la HRD s’occupe désormais des frais pour un Racing Department, pour les commissaires des courses, les officiels et d’autres secteurs. Donc, l’État réinjecte de l’argent dans le circuit, et cela permettra à l’organisateur des courses de respirer. Maintenant, c’est au MTC et à la MTCSL d’en tirer profit et de gérer leurs finances de manière efficace.
Les paris illégaux représentent un problème majeur pour l’industrie. Que compte faire la HRD pour remporter cette bataille ?
Nous prenons cela très au sérieux. D’ailleurs, nous avons eu une rencontre le 15 février avec le commissaire de police, Anil Kumar Dip, et le SP Behary de la police des jeux, au cours de laquelle nous avons abordé plusieurs aspects concernant ce problème majeur. Le commissaire de police a assuré que la lutte contre les paris clandestins demeure l’une de ses priorités. Il s’est montré très favorable à la mise sur pied d’un comité de haut niveau. L’idée est de mobiliser les ressources gouvernementales, la Gambling Regulatory Authority, la Mauritius Revenue Authority, pour travailler de concert avec la HRD, la police des jeux et la MTCSL afin d’avoir une bonne force de frappe contre les clandestins. La population doit comprendre que ce type d’activités fait perdre des sommes astronomiques à l’industrie. Nous devons remporter cette guerre qui permettra à l’organisateur de revoir le stakesmoney à la hausse et d’améliorer ses infrastructures, et à l’État d’avoir des revenus supplémentaires.
Quelle est votre vision à long terme pour les courses mauriciennes ?
(Pensif) Je suis sous contrat ici pour une période de deux ans. Durant ma première année, je vais observer ce qui se fait, et je vais beaucoup discuter avec les acteurs du secteur, et aussi avec le MTC et la MTCSL. À la fin de la saison, je vais rencontrer toutes les parties concernées pour voir ce que nous devons améliorer pour 2023. Nous voulons redonner confiance au public, et surtout nous assurer que nous soyons en train d’offrir un produit de qualité et «racing as one». J’ai toujours cru que les courses n’appartiennent pas à un groupe ou à une personne. Le sport est plus important que n’importe quel individu ou association. Il était là avant nous et le sera encore lorsque nous ne serons plus là. Donc, travaillons tous ensemble pour laisser aux générations futures un héritage dont elles pourront être fières.
Avec le départ de Neil Boyle, quel est votre plan pour trouver quelqu’un de calibre au poste de Chief Stipe ?
Nous avons reçu plusieurs manifestations d’intérêt de professionnels étrangers, qui ont répondu à notre annonce de recrutement. Je suis confiant que nous allons retenir le candidat idéal, et qui fera l’unanimité dans tous les secteurs de l’industrie.
On remarque que jusqu’ici, seulement des Stipendiary Stewards étrangers ont été recrutés. L’acte de candidature du Chief Stipe sortant, Stéphane de Chalain, n’a pas été retenu. Pourquoi ?
M. Stéphane de Chalain avait postulé uniquement pour le poste de Chief Stipe et sa candidature pour ce poste n’a pas été retenue. Je ne sais pas ce qui aurait été décidé s’il avait postulé pour le poste de Stipendiary Steward. Peut-être qu’il aurait eu sa chance ou peut-être pas. Avec le départ de Neil Boyle on est à la recherche d’un Chief Stipe mais je ne sais pas s’il a postulé. On va tenir compte de la qualité des postulants.
Ces dernières semaines, la HRD a multiplié les rencontres avec les différents stakeholders de l’industrie hippique. Peut-on s’attendre à ce que cette pratique soit maintenue durant la saison?
Je ne vois aucune raison pourquoi ce ne sera pas le cas. Nous sommes à l’écoute de tous ceux qui veulent bien discuter et aider à faire avancer l’industrie. De même, nous convoquerons les parties concernées s’il y a quelque chose qui nous préoccupe. Vous pouvez dormir sur vos deux oreilles…
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