Publicité
Irfan Rahman: «Seul un consensus général permettra le vote électronique»
Par
Partager cet article
Irfan Rahman: «Seul un consensus général permettra le vote électronique»
Après le scrutin régional à Rodrigues, le patron des élections, qui est rentré lundi après-midi, explique pour quelle raison le dépouillement a pris fin après minuit, avec seulement 24 268 votants. Mais il parle, surtout, des leçons apprises de cet exercice et souligne comment celui-ci pourrait aider à rendre le processus des élections à Maurice plus fluide et plus efficace.
C’est la deuxième fois qu’il y a un décompte le même jour. Quels enseignements en tirer ?
Nous avons appris de précieux enseignements lors des dernières élections villageoises. Nous avons, par exemple, amélioré et finetune les procédures entre la clôture du scrutin et le dépouillement. Cette étape s’est ainsi déroulée de manière fluide à Rodrigues, ce dimanche.
Le dépouillement a fini très tard, alors que l’île ne compte que 31 450 électeurs. Que s’est-il passé ?
Il ne faut pas oublier que c’était aussi une première à Rodrigues, et comme pour tout nouvel exercice, il y a un temps d’adaptation avant qu’on ne développe les automatismes et les réflexes nécessaires. On a, par exemple, compté les bulletins de vote par lots de 50 votes, au lieu de 100 comme pour des élections précédentes à Maurice et à Rodrigues. Cela rajoute davantage de rigueur et de contrôle dans l’exercice de dépouillement. Toutefois, comme un exercice de réconciliation des votes est effectué à chaque palier de 50 bulletins, au lieu de 100 comme d’habitude, cela contribue aussi à rallonger quelque peu la durée de l’exercice de dépouillement dans chaque salle de vote.
Combien de «recounts» y a-t-il eu et dans quelles régions ?
Il y a eu un recount pour une salle de vote à la Basile Allas Port-Mathurin Government School dans la région no5. C’était le seul recount parmi les 89 voting rooms des 22 centres de votes. Il faut savoir que ce n’est pas à la demande d’un candidat que ce recount a eu lieu, mais à la requête du Returning Officer lui-même. Il n’était pas satisfait des chiffres de cette salle de dépouillement. L’exercice, qui s’est déroulé en présence des candidats et de leurs agents, portait sur 328 bulletins et a permis de déterminer qu’un bulletin n’avait pas été compté. L’exercice n’a en aucune façon influé le résultat final de ce centre de vote.
Pour 24 268 votants, on a eu les résultats à minuit. Vous pensez que le dépouillement le même jour est faisable avec 954 836 électeurs aux élections générales ?
C’est tout à fait faisable. N’oublions que lors des dernières élections villageoises, les votes d’environ 500 000 électeurs avaient été comptés le même jour. Que ce soit pour 50 000 ou 500 000 votes, le processus est le même : le dépouillement se fait dans chaque salle de vote transformée en salle de dépouillement où sont comptés les bulletins glissés dans l’urne de cette salle seulement. Dans le système de dépouillement le lendemain d’un scrutin, chaque counting room d’un centre de dépouillement compte 1 500 à 2 000 bulletins durant toute une journée. Dans le système de same-day counting, chaque salle de vote dépouillera en moyenne 300 à 400 bulletins. Cet exercice se déroule en parallèle dans l’ensemble des centres de vote avec un dépouillement comptant chacun une vingtaine de salles.
À titre de comparaison, le système en vigueur pour les législatives mobilise les fonctionnaires, agents et candidats pendant largement plus de 36 heures, alors que le comptage le même jour permettrait de connaître les résultats quelque six heures après la fermeture des centres de vote. Au passage, on élimine tous les efforts logistiques et d’organisation considérables liés au transport et à la sécurisation des bulletins à la clôture des centres de vote.
Vous ne pensez pas qu’il faut attendre le vote électronique car avec 954 836 électeurs, on pourrait terminer à 4 heures du matin…
Dans les pays où les bulletins sont dépouillés le même jour que le scrutin, les résultats tombent aux petites heures du matin. Il est ainsi courant, en Angleterre, que les résultats des législatives soient connus à 3 heures du matin ou même plus tard. À ce sujet, il ne faut pas confondre, par exemple les «résultats» des élections présidentielles ou législatives dans certains pays où les médias font état de sondages «sortie des urnes» pour annoncer le vainqueur. L’exercice réel de dépouillement prend plusieurs jours dans leur cas. Au sujet du vote électronique, une délégation regroupant des représentants du MSM, du MMM du PTr et de l’OPR ainsi que Narghis Bundhun, alors membre de l’Electoral Supervisory Commission (ESC), Yusuf Aboobaker, actuel président de l’ESC, et moi-même, avions effectué une visite à Delhi et Bangalore pour étudier la faisabilité du vote électronique à Maurice. Le rapport des membres de cette délégation était unanime. Il recommandait l’introduction du vote électronique. Depuis, les choses semblent avoir changé. Or, seul un consensus général permettra l’utilisation des Electronic Voting Machines à Maurice.
Publicité
Les plus récents