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Pointe-aux-Sables: un village tranquille qui espère plus de considération
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Pointe-aux-Sables: un village tranquille qui espère plus de considération
Avec l’échouement du «Wen Hung Dar No 168» et des deux autres bateaux taïwanais, ce village à la périphérie de Port-Louis revient dans l’actualité.
S’il y a bien une chose qu’on ne peut pas enlever au village de Pointe-aux-Sables c’est sa résilience face aux problèmes, dixit Guillaume Frédérique, pêcheur de 57 ans comptant plus de 25 ans d’expérience dans le domaine. On l’a rencontré mardi sur la plage de Pointe-aux-Sables, affairé à réparer son bateau nommé La Cassidy. Depuis la semaine dernière, le village est au centre de l’attention après que trois bateaux ont chaviré en mer.
10 h 35. Sur la plage publique de Pointe-aux-Sables, tout semble tourner au ralenti. Les policiers contrôlent les va-et-vient sur la plage car la zone est toujours interdite avec les opérations de pompage de diesel et la présence des hélicoptères.
Au loin, Priya, Pooshmita, Radha et Linda attirent notre attention. Ces quatre femmes s’occupent du nettoyage de la plage et assistent à toute la scène depuis le premier jour. «Certaines personnes trouvent ces activités incroyables car c’est rare de voir des hélicoptères, toute cette artillerie sur une plage mais chez nous, rien d’étonnant. Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai assisté à des naufrages par ici. Je vais finir par croire que Pointe-aux-Sables is the place to be», explique Linda, qui en profite pour déplorer le manque d’activités dans la région.
Les jeunes et la mer
Même son de cloche de Robert C., venu à la plage pour jouer aux dominos avec ses amis. «Landrwa la fode bato tase mem pou trouv zot tou sorti dan zot trou. Pa tann zot mem.» Le quinquagénaire explique que son épouse travaille pour le conseil de village. «Elle aussi, elle a les mains liées. Beaucoup peuvent se dire que grâce à mon épouse, j’ai des privilèges mais non. C’est comme ça.»
Nous poursuivons notre balade et tombons sur Guillaume Frédérique et Paulo, dit Paulo «le kouper kan». Ils réparent leurs bateaux en compagnie d’un jeune de la région venu les aider pour passer le temps. Un seul sujet occupe la conversation : les poissons ont déserté. «Gramatin ver 5 er bann peser inn al met lasenn letan tire pena pwason ditou. Kouma pou viv», déplore Guillaume Frédérique, qui soutient que cette situation est due aux dégâts causés par le triple naufrage et le bruit occasionné par le va-et-vient des hélicoptères. «Beaucoup se demandent pourquoi les naufrages sont fréquents à Pointe-aux-Sables. La vraie question, c’est pourquoi c’est fréquent tout court. Tout simplement parce que ce sont les étrangers qui ont le privilège d’exploiter nos lagons. Le gouvernement donne toutes sortes de contrats aux gros bateaux taïwanais au détriment des petits pêcheurs. On se retrouve abandonnés sans personne pour nous écouter.»
Il déplore aussi le manque d’activités dans le village, notamment pour les jeunes, qui se sont désintéressés de la mer. «J’entends beaucoup dire que les jeunes ne s’intéressent pas à la mer car ils ne veulent pas. La vraie question est : que fait-on pour pousser nos jeunes vers l’ocean ? Ils ne vont jamais se tourner vers la mer sachant qu’il n’y a pas d’avenir. Pena travay laba zot pa pou al laba. Apre zot soke kan banla tomb dan ladrog.»
Ces pêcheurs gardent espoir que l’avenir sera plus propice, tant pour le secteur de la pêche dans la région que pour le village, qui s’appuie beaucoup sur le secteur maritime.
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