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Coût de la vie: quand les prix prennent l’ascenseur

18 mars 2022, 14:10

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Coût de la vie: quand les prix prennent l’ascenseur

Tu entends tes parents se plaindre de la hausse des prix, les activistes sociaux protestent et manifestent contre les augmentations et les médias en parlent aussi. Mais pourquoi un tel raffut* ? On t’explique ce qui se passe et pourquoi les consommateurs sont inquiets.

Qu’est-ce qui provoque la hausse des prix ? 
«Le coût de tout ce que nous mangeons comme aliments, ce que nous portons comme vêtements et de ce que nous aimons comme loisirs et d’autres accessoires, sont concernés directement par la demande, c’est-à-dire ce que les consommateurs en ont besoin. Si cette demande devient plus pressante et plus conséquente et que la fabrication et la production dans les usines ne peuvent y répondre, cela va créer un manque sur le marché mondial, et une probable augmentation des prix car ceux et celles en compétition pour avoir ce qu’ils/elles souhaitent, seront disposés à payer plus cher. Cela donne déjà un avantage aux pays plus riches», explique Claude Canabady, secrétaire général de la Consumers’ Eye Association. C’est donc, quelque part, nous, parce que nous sommes tous des consommateurs, qui créons, en général, la hausse des prix car nous demandons toujours plus. Toutefois, depuis 2020, le monde de la production a subi une énorme pression à cause de la pandémie du Covid-19. Les pays entrés en confinement ont fermé leurs usines et leurs frontières, occasionnant une baisse dans la production et des difficultés à acheminer leurs produits vers les pays éloignés comme Maurice. La rareté des produits a entraîné une dépréciation* de notre roupie, c’est-à-dire qu’il faut désormais plus de roupies pour acheter un produit à l’étranger. De plus, le coût du transport maritime a aussi augmenté et tout cela a un impact sur le prix des produits. 

Qu’est-ce qui a augmenté ? 
«Pratiquement tout a augmenté», souligne Claude Canabady. À titre d’exemple, un oeuf, qui se vendait à Rs 5, est passé en quelques jours à Rs 8, soit Rs 3 d’augmentation d’un coup. Cela peut te paraître peu mais comme tu le sais, l’oeuf entre dans plusieurs préparations. Ainsi, il te faut en moyenne quatre à six oeufs pour faire les bons gâteaux que tu aimes. Quand tu y ajoutes le sucre, la farine et le beurre, qui ont aussi augmenté, tout cela fait cher. Même les légumes ont connu une hausse importante. On a récemment vu qu’une laitue se vendait à Rs 150 alors qu’avant la pandémie, elle se vendait à environ Rs 40 l’unité. Ainsi, certains produits ont connu une hausse allant de 10 % à 25 %. La hausse du prix du carburant n’a pas fini de faire grincer les dents des automobilistes. Le coût du fret* a presque triplé en quatre mois. Ce qui fait qu’aujourd’hui, on dépense beaucoup plus qu’il y a deux ans. Si cela continue, les Mauriciens n’auront plus d’argent pour acheter les produits de base. 

Qui cela affecte-t-il ?
Cela nous affecte tous car le plus gros de notre consommation vient des pays étrangers et si pratiquement tous les produits que nous achetons ont connu une augmentation, nos revenus, eux, n’ont pas augmenté dans les mêmes proportions. Les salaires de ceux touchant jusqu’à Rs 13 000 ont augmenté par Rs 500 en janvier. Or, les observateurs de la hausse des prix te disent que les consommateurs ont à présent besoin d’environ Rs 2 000 supplémentaires pour compléter leurs achats du mois. Ce qui revient à dire que «individuellement ou comme pays, le plus de sous qu’on a, le plus qu’on peut se permettre de dépenser. C’est inquiétant en particulier pour les pays les plus pauvres au monde, ils ne pourront pas se permettre de faire des achats si ces augmentations deviennent insoutenables», explique Claude Canabady. 

La guerre en Ukraine aura-telle un impact sur les prix ? 
«Malheureusement quand les pays se mettent en guerre, quelles que soient leurs raisons, il y a toujours des dommages et effets collatéraux*, qui peuvent affecter les pays à proximité, tout comme les pays éloignés, notamment Maurice. Les pays concernés par cette guerre produisent du pétrole, du gaz, du blé, parmi bien d’autres commodités dont nous avons besoin. Evidemment, en temps de guerre, cela cause une pénurie* de produits et cette situation à un effet direct sur les coûts pour tous les pays, qui ont besoin de ces choses. Comme nous sommes loin, cela a un effet sur le nombre de bateaux disponibles, qui transporteront ces commodités. Quand il y a une guerre, la compétition pour avoir des produits est encore plus féroce* et ce sont les pays, qui ont le plus de sous, qui pourront se permettre de dépenser sans trop de soucis», souligne Claude Canabady. À cause de cette guerre, le risque d’augmentation du prix du gaz et de l’électricité est bien réel, ce qui va encore plus affaiblir le pouvoir d’achat des Mauriciens et accentuer le nombre de poches de pauvreté. 

Comment faire pour les stabiliser ? 
«Il faut souhaiter que la guerre cesse et qu’on retrouve la paix. Il faut aussi qu’on arrive à trouver une solution durable à la pandémie et qu’on arrive à prendre davantage soin de notre environnement pour éviter des changements climatiques violents et parfois dévastateurs. Il faudrait que Maurice devienne autosuffisante dans la production de plusieurs commodités car nous importons 75 % de ce que nous consommons», souligne Claude Canabady. Tout cela pour te dire que la stabilisation demande beaucoup d’efforts individuels, sociétaux et gouvernementaux. Les consommateurs espèrent ainsi que le gouvernement continuera à garder certains produits sous contrôle en les subventionnant* au-delà de la mi-2022. «Toutefois, on peut commencer par cultiver des légumes. Chacun devrait commencer à planter dans un petit potager aménagé dans sa cour, ce qui serait une bonne activité pour toi», conclut notre interlocuteur.


C’est quoi la Consumers’ Eye Association ? 

<p>La <em>Consumers&rsquo; Eye Association</em> (CEA) est une association des consommateurs, fondée en 2017. Elle comprend environ une quarantaine de membres. <em>&laquo;Notre objectif principal est de faire que tous les Mauriciens soient conscients de leurs droits et de leur pouvoir d&rsquo;achat en tant que consommateurs. Nous sommes différents des autres associations car nous allons vers les consommateurs pour les aider et leur donner ce pouvoir de s&rsquo;assurer que leurs droits soient respectés, pour les éduquer à résoudre leurs problèmes en tant que consommateurs. Nous fonctionnons jusqu&rsquo;ici sur une base purement volontaire et ce, malgré que nous attendions une subvention du gouvernement depuis cinq ans&raquo;</em>, ajoute Claude Canabady.</p>

 

 

Le dico

<ul>
	<li>*Raffut : un bruit violent.</li>
	<li>*Dépréciation : une perte de valeur.</li>
	<li>*Fret : le prix du transport des marchandises par air, mer ou terre.</li>
	<li>*Collatéraux : qui sont placés à côté de quelque chose.</li>
	<li>*Pénurie : un manque de ce qui est nécessaire.</li>
	<li>*Féroce : dure, redoutable.</li>
	<li>*Subvention : une aide financière versée par l&rsquo;Etat.</li>
</ul>