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Rationnement: un problème qui jette de l’huile sur le feu
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Rationnement: un problème qui jette de l’huile sur le feu
Des rayons vides. Des consommateurs consternés. Des gérants de supermarchés et de supérettes dépassés. Depuis l’annonce des autorités, vendredi, s’agissant du rationnement de l’huile comestible, la limite autorisée étant de 2 L par personnes, il y a panique à bord. Si officiellement, la mesure a été prise ‘sans raison particulière’ et pour s’assurer que le plus grand nombre de clients aient accès au produit, le spectre de la pénurie plane depuis un certain temps. De plus, le contrôle s’avère difficile.
«Béenn Madam vini pran 2 boutey, apré so zanfan vini pran ankor 2. Bé kifer pa ti les madam-la pran kat boutey», s’interroge un boutiquier de la région de Terre-Rouge. Selon lui, les consignes sont trop va- gues. Même son de cloche du côté des supermarchés. «Peut-être qu’ils vont mettre en place un registre et il faudra la carte d’identité et la preuve d’adresse bientôt», ironise Aroona, caissière dans une supérette. Durant la matinée d’hier, elle a vu défiler des centaines de bouteilles et de sachets d’huile. En fait, la restriction sur l’achat a donné lieu au panic buying, qui à son tour, engendrera une pénurie artificielle.
Sinon pourquoi ce rationnement comme en temps de guerre ? Est-ce justement à cause de l’invasion russe en Ukraine ? Il faut savoir que la filière d’huile de tournesol est à l’arrêt, alors que l’Ukraine et la Russie représentent plus de 75 % des exportations mondiales. L’Égypte aurait pu voler à notre rescousse, mais le pays a interdit l’exportation d’huile, de blé et de maïs pour trois mois, devant lui-même faire attention à ses réserves. Du coup, d’autres producteurs, dont l’Argentine, sont considérés.
En attendant, Pascal Tsin, Chief Executive Officer de Super U, avance que depuis un certain temps, les fournisseurs n’arrivent pas à livrer la quantité commandée. Quant au stock actuel, il est difficile d’en faire une estimation car sans restriction, dépendant du nombre de clients, cela peut durer très peu de temps.
Du côté d’Intermart, la situation est différente. Ignace Lam, CEO du groupe, explique que comme d’habitude, les magasins disposent d’un stock de deux semaines en se basant sur les ventes normales. Cependant, quant à l’approvisionnement, il affirme qu’il n’a pas eu de problème jusqu’à présent. Ce qui est flou, dit-il, c’est la mise en pratique du rationnement. «Il y a des bouteilles de plus de deux litres. On ne peut donc pas limiter l’achat à deux litres dans ce cas», fait-il ressortir. Quant à l’huile vendue en sachets d’un litre mais dans des boîtes de quatre sachets, si certains supermarchés n’autorisent que deux sachets par client, d’autres affirment qu’ils n’ont pas la main-d’oeuvre nécessaire pour ouvrir les boîtes et compter les unités, d’où l’autorisation d’acheter le lot de quatre. L’huile d’olive, nous ont fait savoir plusieurs enseignes, ne fait pas partie de cette restriction. Ni les «delwil met lor coco», dont celles de coco, d’amande, jasmin et autres.
Alléger la gestion
Changer de pays d’approvisionnement, explique Pascal Tsin, n’est pas la solution, car depuis la guerre, tous les pays font face au même problème. Ce qu’il propose, par ces temps de crise, c’est que le gouvernement allège les conditions d’importation de cette denrée. «Je peux faire venir un conteneur d’huile de la même marque que l’enseigne, mais il faudra alors un permis, réaliser des analyses et tout. Cela coûte cher et l’administration est lourde», fait-il valoir. Une dérogation, dit-il, permettra de diversifier l’importation et pallier le problème.
Ça flambe !
<p>La majorité des prix des marques d’huile importée sont fixés mais ceux des marques non-subventionnées augmentent. Par exemple, Sunbeam Sunflower Oil de 2 Litres passe à Rs 370. Un carton d’huile de 12 unités est passé à 29,50 USD (Rs 1 313 au taux de change du jour). Le prix fixé et celui du coût à l’importation ne correspondent plus. L’annonce de la subvention date de juillet 2021 et que les prix sont plus élevés. C’est pour cela que beaucoup d’importateurs en commandent moins. Anand Ajodha, importateur d’huile, justement, déclare donc qu’il faut trouver une solution. «Il faut que la compagnie fasse suffisamment de profits», dit-il. Pritam Dabydoyal, directeur de P&P International, abonde dans le même sens. Selon lui, la subvention doit être revue à la hausse, soit plus de Rs 56, pour éviter que les consommateurs ne souffrent.</p>
Cherté des carburants : Maurice dans le top 10 des pays d’Afrique
<p>Une fois n’est pas coutume, Maurice se retrouve dans le top 10. Mais le classement en question est peu flatteur. En fait, il s’agit des dix pays d’Afrique où le prix des carburants est le plus cher.</p>
<p>La liste en question a été compilée par <em>Africa Business Insider</em>, journal en ligne. Et, notre île, où le consommateur est dans le coaltar, se retrouve sur la 6e marche du podium.</p>
<p>En tête, juste avant nous, on retrouve le Zimbabwe, les Seychelles, Malawi, l’Afrique du Sud et l’Ouganda. En revanche, au Burundi, au Sénégal, au Lesotho ou même au Rwanda, les prix sont moindres.</p>
<p>Lien utile : <em>(https://africa.businessinsider.com/local/markets/10-african-countries-with-the-highest-petrol-prices-as-of-march-2022/ czc9s6r)</em></p>
Taxis: Ça ne roule plus
<p>La hausse du prix des carburants continue de vider le porte-monnaie déjà bien dégarni avec la majoration des coûts de plusieurs produits. Alors que bon nombre de passagers à travers l’île en dépendent pour se rendre au travail, certains chauffeurs de taxi de l’île ont augmenté leurs tarifs depuis la semaine dernière. Selon l’un d’eux qui témoigne sous le couvert de l’anonymat, la raison évidente est que le coût du carburant a augmenté considérablement tout comme ses coûts d’opération.</p>
<p><em>«Les taxis peuvent fixer leurs propres tarifs. Nous ne sommes pas contrôlés par le gouvernement, ou la National Land Transport Authority, sur ce que nous pouvons facturer. Nous sommes là pour fournir un service, et nous ne pouvons le faire à perte»,</em> souligne notre interlocuteur. Sauf que Raffick Bahadoor, président de la <em>Taxi Proprietor’s Union</em> (TPU) ne l’entend pas de cette oreille. <em>«Quelques chauffeurs le font car c’est hors de notre contrôle. Leur révision intervient en raison de la lenteur du gouvernement après deux augmentations du prix des carburants. Par contre, pour nous, au sein de la TPU, pas question d’augmenter nos tarifs car ce faisant, le peu de clients qu’il nous reste disparaîtront. Ceux qui ont revu leurs tarifs le font à leurs risques et périls.»</em></p>
<p>Le client, poursuit Raffick Bahadoor, se fait rare aujourd’hui. Sans compter que ce sont ceux de la classe moyenne et au plus bas de l’échelle, sans moyen de transport, qui voyagent en taxi. <em>«Les plus aisés, qui ont recours à nos services et ils sont loin d’être nombreux, quittent leur voiture à la maison pour éviter les bouchons.»</em> Des 7 200 taxis en opération à travers l’île, la TPU compte 2 500 à 3 000 membres, souligne Raffick Bahadoor. Avant de déplorer que le pays est également desservi par quelque 4 000 taxis et vans marron qui opèrent illégalement.</p>
Les «marson gato» ne digèrent pas cette mesure
LA mesure est dure à avaler surtout pour les marchands de gato delwil et de roti, entre autres. Alors qu’ils ont déjà été affectés par le Covid-19 et la hausse du prix de divers articles dont ils ont besoin pour faire tourner business, voilà qu’un nouvel adversaire se dresse sur leur chemin : le rationnement de l’huile.
Depuis que la nouvelle est tombée vendredi, l’inquiétude est à son comble. «Kouma pou fer. Ki pou fer?» Car il n’est plus question de se serrer la ceinture au point de «pez néné bwar delwil», vu que celle-ci se fait rare. Les questions se bous- culent dans la tête de Sivaje Samynaden, qui gère le stand de Rotis Aka à Vallijee. «Deux litres d’huile, c’est la moitié de ce que l’on peut utiliser en un jour.» Eshan, 35 ans, est, lui, propriétaire d’un snack spécialisé en gâteaux frits. «Mo servi anviron 16 litres delwil par semenn. Fer 10 an mo enan sa biznes-la ek premié fwa mo pé retrouv mwa dan enn sityasion parey kot pa koné ki pou arivé.»
Ce qui inquiète, d’ailleurs, une propriétaire de snack dans le village de Notre-Dame, c’est le carême du ramadan qui approche. Lors de l’iftaar, les gâteaux frits, entre autres, sont les plus vendus et utilisés par les personnes qui font le jeûne. «Je crains de ne pouvoir honorer mes commandes si cette règle est toujours d’actualité à ce moment-là. Sans huile, ce sera impossible de faire les gâteaux. Qu’on le veuille ou non, bizin en karay dilwil ranpli pou kapav frir bon gato ek dé boutey pa pou ase sa ek mo pena labitid gard delwil reservi landemin.»
La baisse de qualité qui résultera en une baisse de clients, est ce qui inquiète le plus Manoj Ujoodha. Âgé de 59 ans, le propriétaire du snack Balaji à St-Pierre, qui vend plusieurs gâteaux comme des jalebi, ladoo, tekwa, entre autres, révèle que même s’il y a des alternatives pour la cuisson sans huile ou avec moins d’huile, la qualité ne sera pas la même. «Si ou pe vann enn tekwa Rs 15, foldé li bon kalité. Be la ki mo bizin fer? Aret vandé ? Aksepté perdi klian ?»
Certains pourront ainsi tenir quelques jours, d’autres un peu plus mais il faudra trouver une solution. Comme l’explique le directeur de High Vibe Burger, sis à Vacoas, «j’utilise principalement de l’huile pour faire les frites. J’ai un stock pour quelques jours mais par la suite, ça va vraiment poser problème».
Et last but not least, ceux qui sont sur les charbons ardents, ce sont aussi et surtout les marchands de gato pima, badia, chanapouri pour ne citer que ces ‘douceurs’ huileuses. «Karay so. Pa kozé. Nepli koné ki pou fer», conclut ce marchand de Quatre-Bornes.
Poulet, riz : l’escalade
La hausse des prix des denrées alimentaires continue de plus belle. À partir du lundi 21 mars, le poulet frais de la marque Prodigal connaîtra une hausse d’environ Rs 10. Selon nos recoupements, un poulet entier passera à Rs 183 le kilo, le foie de poulet passe lui à Rs 190 le kilo, les ailes et les cuisses à Rs 176 et Rs 192 le kilo respectivement. Nous avons sollicité la compagnie Innodis pour plus d’éclaircissements sur cette augmentation et nous sommes en attente d’une réponse.
Le riz n’est pas épargné. Un sachet de riz Rimilda de 5 kilos coûte désormais Rs 311. Le prix d’autres marques de riz prendra également l’ascenseur. L’importateur Anand Ajodha de Yanni Rice Specialist Ltd (Sunny Traders) explique qu’il y a trois mois, un sachet de 5 kilos de riz ‘Premium’ se vendait entre Rs 300 et Rs 350. Ces prix ont été revus entre Rs 425 et Rs 475, dépendant de la variété de riz. Il explique «qu’il y a eu un manque de 30 % dans les récoltes. Les agriculteurs en Inde et au Pakistan ont revu leurs prix et ceci se répercute sur le prix final de vente. Sans compter les répercussions de la hausse du prix du fret et de l’appréciation des devises. Au vu de la situation, le prix connaîtra une éventuelle hausse. Le prix d’un sachet de 5 kilos pourrait augmenter par Rs 30 lors des prochaines cargaisons.» Yusuf Sambon, importateur et propriétaire de l’enseigne Lolo, soutient également que les prix ne cessent d’augmenter et dépendront des prochaines cargaisons.
Les associations de consommateurs
«Plusieurs compagnies sont en situation de monopole», fait ressortir Jayen Chellum, secrétaire général de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (ACIM). Afin d’éviter des augmentations de prix abusifs ou injustifiés, il insiste sur le contrôle du ministère de tutelle. Suttydeo Tengur, président de l’Association de la protection de l’environnement et des consommateurs, explique que sans contrôle les augmentations se suivent d’une entreprise à l’autre. En ce qu’il s’agit de l’huile, il est d’avis qu’une pénurie artificielle d’huile est en train d’être créée pour que le prix soit revu à la hausse. En ce qu’il s’agit du riz basmati importé de l’Inde et du Pakistan, il dit que la raison du prix revu à la hausse est incompréhensible. Alors que les consommateurs souffrent déjà de la flambée continue des prix, les opérateurs soutiennent que la situation risque d’empirer.
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