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Météo: sale temps pour la station de Vacoas
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Météo: sale temps pour la station de Vacoas
La station météorologique de Vacoas est sur le gril depuis le dimanche 13 mars. La raison : les avertissements de fortes pluies sont mis et enlevés à tout-va. Hier, c’était un «communiqué spécial» d’averses orageuses. Les Mauriciens montrent du doigt un système d’alerte défectueux. Est-ce justifié ? Décryptage.
Selon l’article 2.3.1 de la National Disaster Scheme, la météo a un grand rôle dans l’émission des bulletins et alertes. Il est indiqué : «The Mauritius Meteorological Services (MMS) is the main warning/alerting agency of the Republic of Mauritius for heavy rainfall, torrential rain and flooding/flash floods.» Plus loin, à la section (b), il est écrit : «Issue bulletins on heavy rainfall/torrential rain and flood well in advance to allow for precautionary measures.»
Mais, depuis quelque temps, le système d’alerte pour les fortes pluies est mis à rude épreuve, car les caprices de dame Nature jouent plus d’un tour aux prévisionnistes. Par exemple, le dimanche 13 mars, l’alerte de fortes pluies a été émise à 13 h 20, soit au pic de l’intensité de pluies qui s’abattaient sur Vallée-des-Prêtres et d’autres régions de l’île.
Par ailleurs, des avertissements en série pleuvent, même si pas une goutte ne tombe. Hier, au lieu d’un avertissement ou un avis, la météo a émis un «communiqué spécial», annonçant des «averses éparses et orages principalement à l’Est, au Sud-Est et sur le plateau central». Apparemment, la station météo de Vacoas réagit pour avertir la population. Mais, pour des Mauriciens, la météo est dépassée et émet des avis en catastrophe.
Si l’on se fie au système d’alerte pour la pluie, la station météorologique est censée émettre un avertissement de pluies torrentielles si au moins deux stations ont reçu 100 mm de pluies en moins de 12 heures et que cela risque de continuer. Pour les fortes pluies, il s’agit simplement d’avis généraux et de conseils d’ordre général.
Du côté du National Disaster Scheme, la loi-cadre qui régit le National Disaster Risk Reduction Management Centre et le National Emergency Operations Command souligne que le MMS doit émettre des bulletins réguliers sur l’évolution du temps si les fortes pluies se transforment en pluies torrentielles ou crues éclairs ou s’estompent. Les avis sont publiés pour une durée de trois à six heures, voire plus dans des cas exceptionnels. Cela, sans des mises à jour régulières sur la situation, sauf si le temps se gâte davantage. Dans certains cas, les pluies se dissipent rapidement et le soleil revient.
Pour l’expert en environnement et océanographe Vassen Kauppaymootoo, il y a un souci dans la manière dont les alertes sont mises à tort et à travers. «Il y aurait un souci de calibration du radar ou un décalage dans l’interprétation des données. Malheureusement, la météo est le seul organisme officiel pour les prévisions. Il est clair que le mécanisme d’alerte pour les pluies ne fonctionne pas», fait ressortir l’océanographe à l’express. Selon lui, il n’y a pas de système défini pour les fortes pluies alors qu’il y a un système pour les pluies torrentielles.
«Il faut calquer le système d’alerte des pluies sur le modèle des alertes cycloniques pour que cela soit clair pour le public. Il faut surtout investir dans des stations automatiques à travers le pays pour être au courant de la situation en temps réel. Il ne faut pas se leurrer. Les pluies seront de plus en plus intenses et imprévisibles avec le changement climatique.» Vassen Kauppaymootoo estime que «si la météo pense qu’il y aura de fortes pluies et émet un avis en ce sens et qu’il n’y a pas de pluie, au pire, on perdra un jour de congé et on se fera railler. Mais si l’on n’est pas sûr et que l’on réfléchit à mettre un avis et qu’il y a un flash flood, c’est beaucoup de risques comme émettre des alertes alors qu’il pleut déjà comme dimanche dernier».
Comme Vassen Kauppaymootoo, Vishal Kawal, un passionné de météo depuis des années et membre du groupe Storm Tracking Mauritius, souligne qu’il faut introduire des alertes graduées, notamment pour les alertes cycloniques. «Il faut changer ce système d’alerte qui date de l’époque coloniale. L’Organisation mondiale de la météorologie définit les non cycloniques comme des watch, advisory et warning. Dans le premier cas de figure, la météo aurait pu émettre un watch, soit un avis pour qu’on se prépare, vu l’atmosphère instable avec des risques de fortes pluies. Une heure avant les pluies attendues, on passe au stade advisory, soit l’avis de fortes pluies où le public doit prendre des précautions. Si la pluie passe au stade de pluies torrentielles, on émet un warning, soit un avertissement. Plus besoin de faire le yo-yo comme ces derniers jours», avance-t-il.
Les deux intervenants font ressortir qu’il faut penser à émettre des avis météo comme le système d’avertissement cyclonique à cause des risques réels. Surtout de choisir le mode rétrograde, que ce soit lors du passage d’un cyclone ou lors des pluies pour que le public ait confiance et se prépare. Au niveau de la météo, le directeur général, Prem Goolaup, a affirmé que la météo pourrait émettre des avis de fortes pluies même s’il y a beau temps, car les nuages convectifs se forment rapidement, apportant des averses d’intensités modérées, qui peuvent devenir dangereuses.
D’ailleurs, au sujet du radar souvent critiqué, le directeur général de la météo réfléchit à mettre en ligne des données supplémentaires pour gagner la confiance du public et prévenir des risques. Actuellement, le public a accès seulement aux images qui changent tous les dix minutes. Depuis le début de la saison des pluies, de fortes pluies a été émis au moins une quinzaine de fois.
Comment font d’autres pays ?
<p>L’exemple type vient de nos voisins de La Réunion qui émet des avis de mode Vigilance et Vigilance renforcée pour les fortes pluies ou orages, vents forts et vagues-submersions. De plus, depuis quelques années, Météo France inclut la situation hydrologique sur l’île en codes couleur et en catégories. Le code couleur jaune indique un risque de crue génératrice de débordements. La couleur orange indique un risque de crue génératrice de débordements importants et la couleur rouge indique un risque de crue majeure. Les États-Unis ou les pays européens utilisent un réseau de radars, capteurs aux abords des cours d’eau, stations automatiques et puissants satellites météorologiques pour établir leurs prévisions. D’autant plus que les alertes sont communiquées par SMS ou par messages des opérateurs mobiles. Les systèmes d’alerte ont fait leurs preuves et les chaînes de télévision suivent la météo avec panache.</p>
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