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Quatrième dose de vaccin: quelle position adopter à Maurice ?

21 mars 2022, 20:00

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Quatrième dose de vaccin: quelle position adopter à Maurice ?

On dit «jamais deux sans trois». En effet, après les deux premières doses de vaccin contre le Covid-19, la booster dose est venue comme une piqûre de rappel. La troisième dose cache-t-elle une quatrième ? Si, à Maurice, l’incertitude plane, à l’échelle internationale, plusieurs nations s’activent à l’introduire. Ainsi, aujourd’hui, cette quatrième dose vaccinale sera proposée aux citoyens de 75 ans et plus ainsi qu’aux individus immunodéprimés âgés de 12 ans et plus en Angleterre, soit ceux souffrant de cancer, diabète, et autres comorbidités. 

Dans la même veine, depuis le 31 décembre 2021, Israël a débuté sa campagne vaccinale de quatrième dose pour les personnes vulnérables. D’autres pays comptent emboîter le pas. Le 17 mars, Christian Dubé, ministre de la Santé et des services sociaux, a annoncé que le Québec se préparait à offrir une quatrième dose de vaccin contre le Covid-19 à certaines personnes vulnérables. Cinq jours plus tôt, soit le 12 mars, le Premier ministre français, Jean Castex, avait mentionné l’ouverture de la quatrième dose de vaccin aux habitants de plus de 80 ans ayant reçu leur dose de rappel depuis plus de trois mois. 

Avec une telle mobilisation mondiale autour de la quatrième dose, on s’interroge sur la faisabilité de cette stratégie pour Maurice. Est-ce indiqué pour nos aînés mais aussi nos citoyens atteints de comorbidités ? «Plusieurs personnes n’ont pas encore fait leur booster dose. Au moins, il faudrait y recourir pour être sûr. Là, on parle de ceux vaccinés de la troisième dose en novembre 2021. Après six mois, il faudra que les autorités médicales voient si cela vaut la peine d’effectuer une quatrième dose», affirme le Dr Dawood Oaris, président de l’Association des cliniques privées. 

Il mentionne que des centaines de milliers de Mauriciens ont fait une deuxième dose vaccinale, mais pas la troisième. Donc, ce vide doit être comblé avant de penser à une quatrième dose. Tout comme la Food and Drug Administration et l’US Centers for Disease Control and Prevention se prononceront sur cette mesure, le comité national de vaccination devrait aussi le faire pour Maurice, suggère le médecin. Pour l’heure, les pays étrangers priorisent les plus vulnérables pour cette quatrième dose. Et si cela s’applique à notre île, cette catégorie devrait être ciblée. «Avec le temps, les anticorps baissent. Nous ne savons pas exactement à quelle fréquence mais c’est clair que le taux diminue. C’est aussi le cas pour les personnes avec des comorbidités», ajoute-t-il. 

Le Dr Sattianundsingh Deonarain, secrétaire de la Government Medical and Dental Officers Association, évoque l’usage de la quatrième dose pour les plus âgés et les patients atteints de cancer, VIH et autres maladies, mais pas pour les autres Mauriciens. Après combien de temps peuton faire la quatrième dose après l’administration du booster ? «Tout dépend du produit inoculé. Par exemple, pour Pfizer, après six semaines, on fait la deuxième dose. Et la troisième est administrée après quatre mois. Cela dépend aussi du taux d’anticorps dans son métabolisme. S’il baisse, comme ils luttent déjà contre des maladies, on peut leur administrer la quatrième dose. Mais le scepticisme règne encore étant donné la stratégie de chaque pays», explique-t-il. 

Par ailleurs, le Dr Isshaq Jowahir, vice-président de l’Association des médecins privés, estime que la troisième dose vaccinale suffit. «Le moins qu’on fait, le moins de réactions qu’on aura. Qu’elles touchent une personne sur 1 000 ou 2 000, il y a toujours ces effets. À mon avis, la troisième dose est suffisante», mentionne-t-il. Une quatrième dose serait applicable en cas de recrudescence des cas positifs au Covid-19 au sein de la population. 

Le Dr Shameem Jaumdally, virologue basé à l’université de Cape Town, indique que depuis un an, il disait que Maurice entrerait dans un contexte où le programme vaccinal contre le Covid-19 s’appliquerait comme celui de la grippe saisonnière, avec un ciblage des personnes plus vulnérables, dont les femmes enceintes. Évidemment, cela inclut des mises à jour avec plus d’efficacité contre les nouveaux variants du Covid-19 en circulation au moment de l’administration. «Pour moi, une quatrième dose serait un avantage pour les personnes ayant un système immunitaire plus défaillant. Cela dit, les intervalles auxquelles ces doses de rappel sont administrées sont inappropriés à mon avis. La mémoire vaccinale, même pour les personnes plus âgées, dure environ une année», souligne-t-il. 

De plus, il ne faut pas négliger le contexte. En Afrique du Sud, explique-t-il, l’accent n’est plus mis sur la vaccination de manière aussi intensive qu’en 2021. Pourquoi ? Car la plupart des membres de la population a déjà été infectée, ce qui fait que le Covid-19 deviendra pratiquement endémique. Néanmoins, en France, au Royaume-Uni, en Italie, les statistiques démontrent que seuls 15 à 20 % de la population ont été contaminés. Or, ces pays peuvent se retrouver encore plus vulnérables, comme beaucoup n’ont pas été infectés. À Maurice, comme la population est vieillissante et qu’une grosse proportion est atteinte de comorbidités, ce qui les met à risque, la quatrième dose devrait les cibler. 

Il recommande une dose de rappel annuel. «On ne peut pas administrer un vaccin comme ça, qui est tout nouveau et peut entraîner des inflammations sur un intervalle aussi régulier», déclare-t-il. Selon lui, si les Mauriciens ont reçu des doses de vaccins considérés comme assez efficaces (Janssen, Pfizer et récemment Moderna disponibles à Maurice) deux fois par an, ce sera amplement suffisant. Dans ce cas, les doses de rappel plus régulières ne sont pas nécessaires. 

«Il faut comprendre que certains pays adoptent la vaccination comme stratégie pour essayer de réduire le taux de transmission. Car ce sont des nations dotées de privilèges et où les gens ne comprennent pas les restrictions. Il faut continuer à opérer économiquement. En 2021, la France a fait cela pour sa troisième dose. Si une dose de rappel est entamée avec un bon vaccin, cela augmentera le taux d’anticorps neutralisant, à un point qu’il protègera la personne biologiquement contre une infection.» 

Toutefois, après deux ou trois mois, cette protection baisse considérablement. Pour lui, ce n’est pas une stratégie qui pourrait être utilisée à Maurice, comme elle n’est pas validée par nos besoins et du fait que l’île ne dispose pas de la même logistique que d’autres pays. «La vaccination doit devenir optionnelle et à intervalles d’une année au moins comme pour la grippe saisonnière», précise-t-il. Nous avons essayé de joindre le Dr Zouberr Joomaye, président du comité national de vaccination, mais sans succès.

 


En chiffres: plus de 500 000  Mauriciens et Rodriguais ont reçu le booster 

<p>Selon la mise à jour hebdomadaire du <em>Government Information Service</em> (GIS), au 18 mars 2022, 564 225 Mauriciens et Rodriguais avaient reçu une troisième dose de vaccin. Pour Rodrigues, ce nombre est de 11 023 vaccinés du booster. Ces chiffres émanent d&rsquo;un document publié sur la page <em>Facebook</em> du GIS le 18 mars et mis en ligne à 15 h 59. Parallèlement, 1 002 658 personnes avaient reçu leur première dose à Maurice et Rodrigues. Quant à la deuxième dose, le nombre de vaccinés pour la République de Maurice est de 967 015.</p>