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Ethnic Politics : Retour devant la Cour suprême ce matin

22 mars 2022, 08:00

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Ethnic Politics : Retour devant la Cour suprême ce matin

La question de l’appartenance ethnique revient devant la Cour suprême aujourd’hui. Le Constitutional Challenge against Mandatory Communal Classification in General Elections, ce combat patriotique long de 17 ans, mené avec détermination par Rezistans ek Alternativ et d’autres forces citoyennes, sera entendu devant les juges Chan Kan Cheong et Gunesh-Balaghee.

La finalité de cette lutte est de favoriser l’émergence du mauricianisme en mettant fin à un système électoral et démocratique basé presque exclusivement sur l’ethnicité, un système qui nous retient en arrière et qui fait fuir nos meilleurs cerveaux. Car la méritocratie est sacrifiée sur l’autel des hasards de naissance et d’un conservatisme sectaire pur et dur.

Le combat des citoyens engagés contre l’Ethnic Politics prend une tournure politico-juridique en 2005, quand onze candidats de Rezistans ek Alternativ décident de s’enregistrer pour les élections, sans déclarer leur appartenance ethnique. Dans un premier temps, la Cour suprême – en la personne d’Eddy Balancy – vient donner raison aux protestataires. Leurs noms figurent sur les bulletins de vote. Mais, cinq mois plus tard, l’Electoral Supervisory Commission et la Commission électorale font discrètement appel contre le jugement. Le full bench de la Cour suprême, composé du chef juge d’alors Ariranga Pillay et des juges Kheshoe Parsad Matadeen et Paul Lam Shang Leen, renverse le jugement de Balancy. Ils statuent qu’en l’absence de déclaration d’appartenance ethnique, la candidature doit être rejetée. Pour des raisons techniques. Et certainement pas humaines, encore moins progressistes, d’autant que l’on se base toujours sur le recensement de 1972 pour choisir nos Best Losers.

Pour les élections générales de 2010, Rezistans ek Alternativ constitue une plateforme à laquelle se joignent le Mouvement 1er-Mai de Jack Bizlall ainsi que des citoyens engagés. L’ensemble comprend 60 candidats de Rezistans ek Alternativ dans les 20 circonscriptions et 44 personnes de la société civile. Le terme de «Bloc 104» apparaît pour la première fois dans un éditorial de l’express, le 21 avril 2010. Signé par l’auteur de ces lignes, le texte a pour titre «Votons pour le bloc 104», rappellent Christina Chan-Meetoo et Roukaya Kasenally dans un ouvrage intitulé «Enhancing Democratic Systems : The Media in Mauritius : a dialogue session».

En 2012, l’United Nations Human Rights Committee (UNHRC), saisi par Rezistans ek Alternativ, donne un avis favorable à ce dernier. Le rejet des candidatures sur la base ethnique, comme statué par la Cour suprême, est en violation de l’article 25 (b) du Civil and Political Rights Covenant, dont Maurice est signataire. Parallèlement, le Privy Council devait recommander que le litige soit tranché devant une instance mauricienne, étant donné que c’est une question de politique intérieure. Point important : le Privy Council reconnaît cependant que Rezistans ek Alternativ a un «strong case».

En 2014, l’État, sous la pression de l’ONU et du conseil privé, trouve une issue provisoire avec un ‘Temporary’ Constitutional Amendment, qui élimine pour les législatives de cette année seulement, le besoin de s’identifier ethniquement. L’État promet encore une réforme électorale imminente.

Mais les promesses s’envolent après les victoires électorales ! En 2019, le gouvernement fait, sans gêne aucune, une volte-face avec un artifice juridique. Ce qui a surpris l’ONU, qui a compris que les politiciens au pouvoir n’ont aucunement l’intention de changer une formule gagnante pour eux, mais perdante pour la nation. «Why change a winning formula for us ?», me confia même un ministre du gouvernement.

Conclusion : il faudrait s’attendre à d’autres tactiques dilatoires de l’État, à travers le State Law Office, afin que les élections de 2024 ne soient pas entravées par la soif du mauricianisme et le besoin de reconnaître les compétences des Mauriciens, au de-là de leur appartenance ethnique/castéiste. Si les conservateurs ne vont pas se laisser faire, car l’enjeu est bien trop grand pour eux, les Mauriciens doivent-ils cautionner leur hypocrisie ?