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Consommation: coup dur pour les planteurs
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Consommation: coup dur pour les planteurs
Depuis le début de l’année, les agriculteurs peinent dans leurs champs. La production est en baisse alors que les prix sont en hausse. Pour couronner le tout, les maigres subventions ne leur sont pas d’un grand secours.
Les fruits et légumes ont beaucoup souffert cette année. La faute aux mauvaises conditions climatiques. Plusieurs planteurs, interrogés, s’inquiètent pour leur avenir d’autant plus qu’en l’espace de deux mois, toutes les semences ont été détruites.
C’est le cas d’Asim Jafer. Son quotidien est devenu amer à cause des inondations de ces dernières semaines. «Vendredi dernier, j’ai planté deux arpents de carottes à Dubreuil. Pas besoin de vous dire que les graines se vendent cher. Dimanche, les averses ont tout emporté.» Face à ces problèmes, il ne veut pas investir durant cette période. «Avec ce temps incertain, on préfère attendre.»
À juste titre, notre interlocuteur se rend compte des effets du changement climatique. «Avant, durant les mois de février et mars, la pluie était présente. Mais pas comme c’est le cas aujourd’hui. Les averses détruisent tout sur leur passage. De plus, les semences coûtent de plus en plus cher.» Il cultive non seulement des carottes mais aussi des pommes de terre et des oignons. «En décembre, j’ai cultivé deux arpents de pommes d’amour, et je n’ai même pas eu l’occasion de les récolter à cause du mauvais temps.» Il confie que, outre les denrées qui se vendent cher, la main-d’œuvre aussi est difficile à trouver. «Ma plantation est familiale. Mes parents et moi, nous y travaillons.» Asim Jafer lance un appel aux autorités pour venir en aide aux agriculteurs.
Il fait aussi ressortir un autre problème auquel plusieurs de ses confrères font face actuellement : la «malhonnêteté» de certains propriétaires de plantations.
«Après le cyclone Batsirai, le gouvernement a fait savoir qu’il comptait donner une compensation de Rs 6 000 par arpent aux planteurs affectés. Nous avons suivi la procédure, malheureusement, nous n’avons pu obtenir la somme intégrale pour nos cultures.» Il explique que certaines terres appartiennent à d’autres propriétaires. «Nous leur louons une partie pour avoir suffisamment d’espace pour planter. Mais ils ne nous donnent pas de contrat, juste un accord verbal. Ils ont peur que la Mauritius Revenue Authority ne leur impose une taxe pour ce terrain. Mais au moment d’aller toucher la somme que les autorités offrent pour la perte des plantations à la suite des intempéries, ces personnes vont la toucher à notre place.»
«Rs 6 000 par arpent»
C’est le cas de Kavish*. Ce planteur de La Marie, à Vacoas, ne sait plus à quel saint se vouer. Il cultive cinq arpents de terre et c’est aussi le cas de son père sur un terrain loué à bail. «Les intempéries nous ont joué un sale tour. Idem pour ceux qui louent le terrain à ma famille. Ils ont pu se procurer une carte de planteur et ont touché les Rs 6 000 par arpent que le gouvernement a données. Nous avions besoin de cet argent pour continuer notre travail, mais on se retrouve sans rien. Aux yeux des autorités, ces propriétaires sont dans leur droit vu que le terrain leur appartient. J’ai eu à demander un prêt à la banque afin de remettre le business à flot.»
D’autant plus que les coûts pour la culture sont montés en flèche. Il avance qu’un sac de sel qui se vendait à Rs 500 est passé à Rs 1 200. Idem pour une boîte de graines de carottes qui se vendait à Rs 3 800 mais coûte aujourd’hui Rs 4 250. «Pour un arpent de terre, vous devez utiliser huit boîtes. Sans oublier le fumier. Il vous faut investir au moins Rs 50 000 à Rs 60 000 par arpent, excluant les fertilisants.» Ce métier devient très dur.
Cette pratique où des «propriétaires sont malhonnêtes» perdure depuis de nombreuses années, concède Kreepalloo Sunghoon, secrétaire de la Small Planters Association (SPA). Il se demande où se situe le rôle des fonctionnaires qui inspectent les terres avant de donner la compensation. «L’officier se doit d’interroger les planteurs pour savoir qui sont ceux qui occupent les terrains. Un terrain ne peut avoir deux propriétaires, le Small Farmers Welfare Fund se doit d’enquêter pour que ce genre de pratique cesse.» Le secrétaire de la SPA espère que ces lacunes seront vite corrigées.
(*) Le prénom a été modifié.
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