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Mixité dans les académies nationales: de meilleures structures pour éviter les couacs

24 mars 2022, 22:00

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Mixité dans les académies nationales: de meilleures structures pour éviter les couacs

Depuis juin 2021, les académies nationales accueillent filles et garçons à partir du Grade 10. Mais des problèmes relatifs à cette mixité sont décriés. Et si, au contraire, cet encadrement scolaire des garçons et des filles devenait un atout pour leur développement ? Comment atteindre cet objectif ? Une structuration de la mixité scolaire s’impose, selon des pédagogues.

«La mixité a été mal agencée dans le système secondaire. On a raté le coche. Déjà, filles et garçons sont ensemble à l’école primaire puis séparés des Grades 7 à 9. Vous laissez mijoter et bouillonner les hormones dans le corps et les relâchez ensemble dans les académies à partir du Grade 10. Évidemment que cela peut dégénérer. Pourtant, nous croyons dans ce concept positif de mixité. Car pour un développement sain de l’esprit et du corps, il faut que les deux sexes se côtoient», déclare un pédagogue.

Hélas, depuis quelque temps, plusieurs problèmes sont survenus dans certaines académies nationales. Il cite des blagues entre filles et garçons entraînant des incidents, le manque de respect dans les gestes et le langage, des couples formés et un cas d’accouchement, entre autres. C’est comme si ces jeunes s’étaient subitement libérés à travers l’intégration en instituts mixtes, soutient-il. «Avoir des couples dans une école mixte, c’est normal. Mais quand il y a plainte à la police, cela devient problématique.»

Toutefois, la mixité est très bénéfique aux enfants et adolescents. Si elle est bien structurée dès le préscolaire et sa continuité assurée, ce concept peut même être un atout. Car conserver le jeune dans un environnement scolaire trop homogène (par exemple dans un établissement exclusivement réservé aux filles ou aux garçons) le prive d’interactions et d’adaptation à ses pairs des deux sexes et issus de milieux différents.

Avoir l’esprit ouvert

D’ailleurs, comme l’écrivent des médias internationaux, les entreprises ne se limitent pas à une «élite scolaire» mais également à des personnes capables de gérer des salariés qui ne leur ressemblent pas. Les bons élèves qui ont traversé des univers scolaires hétérogènes ont une longueur d’avance. Comment intégrer cela à Maurice ? Selon lui, il faut prôner une mixité continue à tous les niveaux scolaires et avoir l’esprit ouvert. «C’est ainsi que filles et garçons apprendront à bien vivre ensemble, se respecter et comprendre les différences. Nous sommes dans une ère moderne où on parle d’égalité du genre. On ne peut intégrer ce principe en fragmentant filles et garçons dans des instituts séparés», confie-t-il.

Pour lui, il faut donner l’égalité des chances tant en éducation que dans les loisirs et d’autres activités scolaires qui revêtent alors une autre dimension avec l’apport des deux sexes. Le développement émotionnel et social dans la classe en est impacté positivement. Tout comme la stabilité mentale et psychologique qui survient grâce à cette complémentarité des filles et des garçons.

De son côté, Soondress Sawmynaden, ancien recteur, évoque la mixité comme une contribution à l’évolution des enfants. «Mais au niveau des académies, on n’avait pas préparé nos jeunes à cette réalité. Et la pandémie a rajouté une couche. Or, il faudrait une sensibilisation à la mixité pour mieux les responsabiliser vis-à-vis de leurs camarades de classe de l’autre sexe», affirme-t-il. La formation des administrateurs et personnel scolaires s’impose également. Et ce, pour une meilleure adaptation à la mixité, surtout à une phase névralgique du développement des élèves.

«Il faut assigner un psychologue à chaque établissement scolaire, surtout les académies. Pour le moment, il n’y en a pas attaché au collège spécifiquement. De nos jours, les jeunes vivent d’autres types de problèmes tels que des familles brisées, les manques de communication avec les parents, etc., ce qui engendre des pressions sur eux. D’où l’importance d’une permanence psychologique.» Il est aussi en faveur de la continuité mixte après le cycle primaire. D’ailleurs, dans certains collèges mixtes des Grades 7 à 13, une culture scolaire et sociale s’est instaurée au sein de la population estudiantine depuis leur jeune âge, ce qui est plus facile pour la leur inculquer. Une certaine fraternité s’installe ainsi que le respect, ce qui minimise les problèmes entre les deux sexes, ajoute-t-il.

Pour sa part, Lindsay Thomas, recteur du collège mixte St-Esprit Rivière-Noire, déclare que les élèves y grandissent très sainement. D’après lui, cela permet une éducation tenant compte de la féminité et la masculinité des uns et des autres. «Les couacs dans les académies nationales étaient prévisibles avec le système qui prévaut actuellement. La gestion ne doit pas être évidente. Plusieurs choses doivent être considérées. Par exemple, comment les filles et les garçons vivent cette mixité vécue uniquement au primaire ? Les infrastructures sont-elles adéquates pour les deux catégories d’élèves ? Le personnel est-il gagné à la cause de la mixité ?» se demande-t-il.

Comment gagner justement de cette mixité ? Notre interlocuteur concède le fait que la fille apporte au garçon sa masculinité et celuici sa féminité durant l’enfance et l’adolescence. «Un garçon apprend à être un meilleur garçon en présence d’une fille. Chacun parvient à mieux comprendre l’autre. Cette cohabitation est salutaire pour leur croissance et leur vie adulte respective. Le garçon, ce n’est pas le grand méchant loup. Et la fille, ce n’est pas Cendrillon non plus», avance Lindsay Thomas.

D’ailleurs, il observe un meilleur respect des deux sexes dans son établissement. Il y a, ditil, très peu de cas d’indiscipline liés à la mixité. Très peu de couples adolescents sont formés et aucune expression ne transparaît pendant les cours, constate-t-il. Idem pour d’autres établissements mixtes depuis le Grade 7, observe-t-il.