Publicité

Féminicides: le destin tragique de Preety et de Swaleha

26 mars 2022, 22:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Féminicides: le destin tragique de Preety et de Swaleha

Elles s’appelaient Swaleha Khoyratty et Preety Futtingah. Ces deux femmes, respectivement âgées de 50 et 30 ans, ont été étranglées par leurs conjoints. Des drames qui ont bouleversé leurs familles et amis.

Feizal Abdool Mowhabuth, Traffic controler de 54 ans, employé d’une entreprise de transport, a commis l’irréparable mardi. Il ne digérait pas la séparation que lui avait imposée sa femme, Swaleha Khoyratty, suivant des problèmes conjugaux. Elle avait emménagé dans un appartement à Plaine-Verte. «Tou lé dé ti dé extra bon dimounn, samem tou nou kapav dir e zis zot ki koné kinn kapav pasé ant zot sa moman-la», estiment les proches de Feizal Abdool Mowhabuth et de Swaleha Khoyratty. Le quinquagénaire est une figure incontournable à la gare de Curepipe. Les habitants de Phoenix, où il résidait, parlent de lui comme d’un homme généreux. «Li ti pé fer sofer bis osi. Parfwa kan li trouv dimounn Phoenix, li les zot voyaz gratis», ajoutent-ils. «Il était un homme très calme et très courtois», racontent certains membres du public, qui avaient l’habitude de le croiser à la gare.

Le drame a eu lieu le jour des 50 ans de Swaleha Khoyratty. C’est après l’échec de sa première union, de laquelle sont nés deux enfants, qu’elle avait refait sa vie avec Feizal Abdool Mowhabuth. Mais elle et son premier mari étaient restés en bons termes. «Elle avait une relation cordiale avec son premier mari car même s’ils n’étaient plus ensemble, c’était le père de ses enfants. D’ailleurs, le jour de son anniversaire, elle devait rejoindre son ex-mari avec leur fille pour dîner. Il est possible que c’est pour cette raison que Feizal Abdool Mowhabuth s’est emporté. Il ne voyait pas d’un bon œil qu’elle s’entende aussi bien avec son ex. Mais nous ne pouvons l’affirmer. Seuls Swaleha et Feizal connaissent le véritable motif de leur dispute, qui a poussé ce dernier à commettre l’irréparable», disent leurs proches.

Le jour fatidique, Feizal Abdool Mowhabuth, qui avait rendu visite à Swaleha Khoyratty, l’a étranglée avant d’ingurgiter une substance nocive. Il s’est ensuite rendu au poste de police de Plaine-Verte pour avouer son crime et dire qu’il s’est empoisonné. Admis à l’hôpital Dr A.G. Jeetoo à PortLouis, il a rendu l’âme mercredi vers 14 h 30. Les funérailles de Swaleha Khoyratty ont eu lieu le même jour à 15 h 30. Sa dépouille est sortie du domicile familial à Cité Martial pour l’inhumation alors que les funérailles de Feizal Abdool Mowhabuth ont eu lieu dans la soirée de mercredi à Phoenix.

Preety Futtingah était malheureuse

«Elle a beaucoup souffert et était malheureuse. Elle me confiait ses problèmes de couple. Elle m’a dit que son époux était violent et qu’elle était décidée à le quitter. Il lui avait promis qu’il allait changer mais tel n’était pas le cas», regrette Nazmoon Suffee, 60 ans, la mère de Preety Futtingah, qui réside à Argy, Flacq. La sexagénaire n’a plus de mots pour exprimer la perte subite de sa fille trentenaire, qui s’est retrouvée enceinte alors qu’elle était encore adolescente.

Après avoir accouché de son premier fils, elle a rencontré Juten Futtingah, un habitant de Poste de Flacq. Les deux sont tombés amoureux et elle l’a épousé. Le couple a eu deux enfants. Alors qu’elle espérait mener une vie de famille paisible, celle-ci a été bouleversée, il y a deux ans, quand Juten Futtingah a été condamné pour une affaire de vol et a été emprisonné. La jeune femme s’est alors retrouvée seule avec ses trois enfants et sans soutien financier vu qu’elle ne travaillait pas. Juten Futtingah est sorti de prison le mois dernier et là, le calvaire de Preety a repris de plus belle. Les disputes et la violence sont alors redevenues son lot quotidien. Juten Futtingah soupçonnait sa femme d’avoir rencontré un autre homme alors qu’il purgeait sa peine de prison et l’avoir trompé. C’est du moins ce qu’il a donné comme mobile pour son acte aux enquêteurs après que le corps sans vie de Preety a été retrouvé dans un champ de canne à proximité de leur maison, mardi après-midi.

C’est le fils de la victime, un adolescent de 15 ans, qui a donné l’alerte. Preety Futtingah avait quitté la maison aux petites heures, le dimanche 20 mars, en compagnie de Juten Futtingah. Or, elle n’est jamais rentrée à la maison. Le collégien a questionné son beau-père, qui a dit ignorer où se trouvait Preety. Le mineur a attendu 24 heures avant d’avertir ses voisins et proches, qui ont alors alerté la police.

Suivant des informations recueillies sur le terrain, les éléments de la Criminal Investigation Division de Flacq se sont rendus dans le champ de canne où le corps en état de décomposition de Preety Futtingah a été découvert. Juten Futtingah, sur qui pesaient les soupçons des enquêteurs, a été arrêté. Lors de son interrogatoire, il a avoué avoir étranglé son épouse à la suite d’une dispute et a balancé le nom de la personne qui l’a aidé à dissimuler le corps de Preety, à savoir Roopsingh Heeralall, 36 ans, un habitant du quartier. Ce dernier a été arrêté pour complicité.

Les proches de Preety Futtingah lui ont fait leurs adieux, jeudi, lors de ses funérailles. «La vie ne lui a pas fait de cadeau. Elle mérite à présent de reposer en paix. Nous sommes tristes pour ses enfants. Elle était une mère dévouée malgré ses problèmes», disent ceux qui connaissaient bien Preety. Les autres enfants de cette dernière sont âgés de cinq et six ans. Ils ont été pris en charge par la famille de Juten Futtingah alors que la famille du père biologique du fils aîné de la victime compte entamer des démarches pour obtenir sa garde.