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Stations-service et cartes bancaires: les marges de la discorde

27 mars 2022, 12:30

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Stations-service et cartes bancaires: les marges de la discorde

Après les augmentations successives, encore des changements qui mettent les conducteurs en rogne. Cette fois-ci, il ne s’agit pas du prix. Plusieurs stationsservice ont décidé de ne plus accepter les cartes bancaires comme moyen de paiement. De leur côté, des propriétaires de stations affirment qu’ils sont contraints d’avoir recours à cette mesure, à cause des frais bancaires. Explications.

Les commissions

Le 6 août 2020, le communiqué du Petroleum Pricing Committee annonçait que le prix du litre d’essence était maintenu à Rs 44 et le diesel à Rs 35. La marge de profit des propriétaires de station-service, fixée par le gouvernement, passe à Rs 2,07. En début d’année, cette marge était de Rs 1,90 par litre d’essence et Rs 1,87 sur le diesel. Depuis, l’essence a augmenté à quatre reprises, soit trois fois en 2021 et une fois cette année. La hausse est conséquente. Il faut désormais débourser Rs 17,10 de plus pour l’essence et Rs 10,10 pour le diesel. «Notre marge de profit, elle, est restée inchangée, donc, nous ne gagnons pas plus d’argent sur les augmentations», précise d’emblée Bhim Sunassee, président de la Petroleum Retailers’ Association.

Le problème, dit-il, se pose sur les frais de banque. Sur chaque transaction, la banque prélève 1 % de commission sur le montant total de la vente. Ainsi, début 2020, les banques prenaient 44 sous de commission sur la vente d’un litre d’essence et aujourd’hui, ce montant est passé à 61 sous. «61 sous représentent 30% de notre marge de profit. Vous voyez bien que la situation est intenable», avance Bhim Sunassee. Ce n’est pas tout. Désormais, les employeurs sont tenus de payer le Portable Gratuity Retirement Fund et de cotiser à la CSG pour les travailleurs, ce qui réduit encore la marge de profit.

Frais indirects

Si le refus de prendre la carte passe mal chez les consommateurs, les propriétaires de station-service, eux, estiment que ce n’est pas de gaieté de coeur qu’ils ont pris cette décision. «Nous préférons avoir des paiements par carte. C’est plus sûr pour nous. Mais malheureusement, ce n’est plus possible», avance l’un d’eux, dont la station se trouve à Saint-Jean. Avec les frais actuels, il doit parfois retirer de sa poche pour couvrir certaines dépenses. L’homme explique que les propriétaires des stations tiennent des commerces qui font un très gros chiffre d’affaires mais que la marge de profit n’est pas proportionnelle car elle est décidée par les autorités. Au passage, il précise que les commissions bancaires sont, certes, plus élevées dans les autres commerces, mais qu’à contrario des stations, ils peuvent ajuster leurs marges de profits pour absorber ces frais, ce qui n’est pas possible dans la vente de carburants.

En sus des frais bancaires et diverses cotisations, c’est de la marge de profit que provient le paiement du bonus, des congés et des congés maladie. De plus, certaines stations doivent payer un trademark fee aux compagnies pétrolières. Ensuite, il y a l’assurance obligatoire. «De plus, lorsqu’il y a des paiements par carte, cela fait environ trois heures de travail supplémentaire par jour», avance le propriétaire. Il faut balancer les comptes, et ce n’est pas toujours simple à faire. Des fois, des transactions qui ne sont pas passées sans que le pompiste ne se rende compte. Il faut alors retracer l’immatriculation du client à travers les caméras de sécurité et tenter de le retrouver. Ou encore, si une transaction passe à deux reprises ou encore, le montant est incorrect. Tout cela ne peut se faire qu’après la fermeture. «Il faut prévenir la banque, chercher le client, lui expliquer le problème. Tout cela a un coût», dit-il. Avec une marge de profit réduite, couvrir ces frais devient de plus en plus compliqué. Lui, il n’a pas attendu le 1er avril pour ne plus prendre les cartes bancaires. Résultat: Rs 6 000 en plus dans ses caisses en moins d’un mois. N’a-t-il pas peur que les ventes baissent ? Non, répond-il d’emblée. Selon lui, non seulement les conducteurs auront toujours besoin d’essence, mais lorsqu’il leur explique la situation, il affirme que la majorité a compris et a accepté de passer au cash.

 Les solutions

Tout d’abord, le propriétaire affirme qu’il est temps que les autorités revoient la marge de profit car tous les prix montent et eux se retrouvent avec le même montant depuis deux ans. Quant à Bhim Sunassee, il avance qu’il a tenté, en vain, de négocier avec les banques, et dit, encore une fois, que cette décision a été prise à contrecoeur.

Sollicitée, la MCB a fait savoir que les discussions avec les responsables des stations-service ont toujours été menées dans un esprit de collaboration. «Leur principal grief est le fait que leur profit demeure fixe, peu importe le prix du litre d’essence. Nous leur avons fait une proposition commerciale qui prend en considération leur situation et nous sommes confiants de parvenir à un accord qui soit bénéfique pour les stations ainsi que pour les consommateurs.» Dans la foulée, la banque affirme que les stations-service qui menacent de stopper l’utilisation des cartes ou qui prennent des surcharges sur les paiements par carte sont une minorité et invite le public à rapporter les cas de surcharge à leurs banques respectives. La réponse d’ABSA est attendue alors que Bank One a refusé de commenter.