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Ex-condamné à mort: 15 ans après, Sam Poongavanon revient sur sa libération
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Ex-condamné à mort: 15 ans après, Sam Poongavanon revient sur sa libération
En 1985, Ponsamy Poongavanon est arrêté. Il est accusé de meurtre. En 1987, il est condamné à mort. Il passe cinq ans dans le Bloc A de la prison centrale, communément appelé le couloir de la mort. En 1992, sa peine est commuée à 20 ans de réclusion, à la suite d’une grâce présidentielle. Sam, pour les intimes, a été libéré mardi le 27 mars 2007. Ce dimanche 27 mars, cela faisait 15 ans que cet ancien condamné à mort respire l’air pur. Alors qu’il allait être exécuté, avec Roger de Boucherville, qui, lui, a rendu l’âme à l’âge de 91 ans, mardi dernier.
Le meurtre dont Sam Poongavanon est accusé a pour toile de fond une histoire d’amour. En 1984, l’enseignant sort d’un divorce. Il est père d’une fille de quatre ans. Il s’occupe aussi d’une station essence après son travail et y fait la connaissance d’une infirmière, dont il tombe éperdument amoureux. Mais elle voit aussi un autre homme. Ce dernier, un vétérinaire, est marié et père de famille. Le 21 octobre 1985, le corps du vétérinaire est retrouvé sans vie, dans sa voiture. Il avait reçu une balle à la tête. Le même jour, Sam Poongavanon est arrêté. L’infirmière l’accuse d’avoir tué son amant. Il est par la suite condamné à mort. En prison, le détenu perd tout espoir.
Il est conduit dans le couloir de la mort en attendant son exécution. Le jour de son arrivée, Roger de Boucherville, qui avait été condamné en 1986, demande aux gardes-chiourmes l’autorisation de le rencontrer. «Il est venu me serrer les poignets et m’avait dit : ‘Kouraz mo garson’», se souvient Sam. Il n’avait pas le droit de faire la conversation avec l’autre détenu. Et il n’avait que 30 minutes le matin et 30 minutes l’après-midi pour sortir. Il n’attendait que la mort.
Cependant, ses proches et son homme de loi, sir Harold Walter, ne baissent pas les bras et apportent le cas devant le Privy Council. «Samedi 10 octobre 1987, Eshan Nayeck venait d’être exécuté. Mon délai pour faire appel devant le Privy Council prenait fin le lendemain. J’avais peur, j’étais un rejeté de la société et ma vie n’avait plus de sens. Nos jours étaient comptés et plus rien n’était possible pour nous, même pas la cour, sauf le pourvoi en grâce, se souvient Sam. Mon homme de loi était venu me voir, pour faire appel devant le Conseil privé. Je me disais que ma famille avait suffisamment de problèmes avec moi, et que financièrement c’était difficile. Je n’avais pas d’argent pour présenter le cas devant le Privy Council. Ce jour-là, sir Harold Walter m’a dit : ‘ne t’inquiète pas, on va trouver une solution’.»
Effectivement, l’affaire avait été portée devant le Privy Council. Mais, au fond de lui, il avait jeté l’éponge. Puis, un jour, une «étincelle» a changé sa vie. «J’avais tellement prié que j’avais perdu la foi. Je ne savais plus si je devais croire en Dieu ou pas. Puis, je suis tombé sur un verset de la Bible, qui disait : ‘J’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta postérité… (Deutéronome 30 :19)’.» C’est là que s’est fait le déclic et, qu’affirmet- il, il a «choisi de vivre. Ma vie a eu un autre sens, je savais que j’avais Dieu à mes côtés et que tout était possible. C’est ma foi en Dieu qui m’a permis d’être là aujourd’hui».
Cours à distance
Il s’est alors mis à étudier. Sam Poongavanon a suivi des cours de journalisme à distance de la prison et a obtenu un diplôme. Il a publié, en 2003, son premier livre, Condamné amour, aux Éditions Le Printemps. Dans le livre, il revient sur le drame de Gros-Billot et clame son innocence. Deux années plus tard, l’ancien détenu sort le livre Enfance Brisée aux Éditions de La Tour. En 2020, il sort son dernier livre, From Pit To Pulpit.
Il passe cinq ans dans le couloir de la mort, avant que la peine capitale soit gelée. En 1992, il reçoit la grâce présidentielle, et sa peine est commuée en 20 ans de prison sans rémission par le président d’alors, sir Veerasamy Ringadoo.
À sa sortie de prison, Sam Poongavanon donne une nouvelle dimension à sa vie. «À ma sortie, j’ai écrit mon premier article dans le bureau de 5-Plus Le Dimanche, à Port-Louis. Je n’ai pas pu travailler en tant que journaliste à 5-Plus parce que le ministère de l’Information avait refusé de me donner une carte de presse.» La raison évoquée : il a un casier judiciaire.
La même année, il part pour un mois à Singapour, à Haggai Institute, pour suivre un cours en Advance LeadershipTraining. Tous ses frais ont été pris en charge par l’institut. À son retour, il lance le magazine Liberté-Plus, un mensuel pour la communauté chrétienne, dont il est le directeur et rédacteur en chef.
Peu de temps après, il s’envole pour l’Afrique du Sud, où il rencontre l’amour de sa vie et l’épouse en 2008. Sam Poongavanon, désormais un coach professionnel certifié des États-Unis, organise régulièrement des conférences en leadership, life coaching et développement personnel. Il est depuis 2016 de retour à Maurice.
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