Publicité

Nitin Busguth: «Il est normal de se faire rémunérer lorsque notre bagage professionnel entre en jeu»

3 avril 2022, 19:17

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Nitin Busguth: «Il est normal de se faire rémunérer lorsque notre bagage professionnel entre en jeu»

Depuis une semaine, la polémique enfle sur les frais supplémentaires de Rs 100 que réclament les pharmaciens,, mais jusqu’à l’heure, aucune réponse claire n’a été obtenue. Qui paiera quoi ? Et pourquoi ? Surtout, combien ? Le vice-président du Pharmacy Council nous donne sa version.

Depuis que l’annonce du paiement de Rs 100 pour des conseils prodigués par les pharmaciens a été faite, on entend tout et son contraire. Qu’en est-il exactement ?

Il n’y a pas eu d’annonce ! Il y a eu une fuite d’informations sur des pourparlers sur un projet. Il y avait des échanges dans des groupes WhatsApp fermés. Il y a eu une fuite avant même qu’une décision ne soit prise. Il y a alors eu toutes sortes de spéculations. Rien n’a été décidé, sauf 10 % sur une ordonnance avec un plafond de Rs 100 et un consultation fee de Rs 100. Mais ni les modalités, ni les dates n’ont été définies.

Entre les 10 % et les Rs 100, nous n’avons pas compris grand-chose…

Justement, c’est pour cela que le Pharmacy Council voulait tout définir, mettre en place les guidelines définitives avant de faire l’annonce et initier une campagne d’explications destinée au public, qui aurait dû aller avec.

Expliquez-nous donc…

Soyons clairs. Si un client vient acheter du Panadol ou dit au pharmacien qu’il a un problème de peau, par exemple, et qu’il lui faut une pommade, il ne paiera que pour le produit, c’est tout. Il y a une différence entre vendre un médicament et prodiguer un conseil. Le counselling fee dont on parle, c’est en cas de consultation. Laissez-moi vous expliquer. Prenons l’exemple d’une personne qui a trop mangé au dîner et qui est ballonné le matin. Il ne va pas voir un médecin, mais vient directement à la pharmacie. Je n’invente rien, c’est notre quotidien. Encore une fois, rien n’a été décidé, mais mon opinion est qu’au lieu de lui parler rapidement derrière le comptoir, le pharmacien peut l’emmener dans une salle de consultation. Là, il aura le temps d’expliquer de quoi il souffre, ses symptômes. Le pharmacien aurait une fiche avec ses détails, allergies et autres. Après avoir compris le problème, il lui prescrira des médicaments. Cela aura évité à cette personne une consultation médicale. D’ailleurs, c’est mieux que l’automédication ou encore, une prise de médicaments sur les conseils d’amis ou Google. Donc, s’il n’y a pas de consultation, il n’y aura pas de frais supplémentaires.

Mais ne vous substituez-vous pas au médecin, là ?

Pas du tout. Il est rare qu’une personne aille consulter si elle a mal au bras après avoir fourni un effort ! Elle vient nous voir. Et là, je le réitère, elle peut demander ce qu’elle veut et l’obtiendra. Mais si le patient cherche un conseil plus poussé, c’est là que le paiement entre en jeu. Les conseils que nous donnons, c’est par rapport à nos connaissances. Si le problème dépasse nos compétences ou est plus grave, il sera définitivement redirigé vers un médecin.

Vous avez aussi parlé de prescription. Qu’en est-il ?

Encore un point qu’il faut éclaircir ! Un client vient avec une ordonnance. Il prend ses médicaments. Ce que le conseil des pharmaciens préconise, c’est que le client paie 10 % de la somme totale des médicaments, ou un maximum de Rs 100, pour les conseils que nous lui donnons sur la prise des médicaments. En gros, si le montant des prix des médicaments est de Rs 300, il paiera Rs 30. Mais si cela fait Rs 5 000, il paiera Rs 100. Cela a été décidé pour éviter les abus. Et si la personne paie les Rs 100 de consultation, il ne paiera pas de frais sur l’ordonnance car justement, il aura déjà eu les conseils.

Mais ça, le médecin l’aura déjà fait, non ?

Pas toujours. Quelquefois, les médecins prescrivent des médicaments sans donner de détails. C’est alors à nous de définir la posologie car après tout, c’est notre spécialité. Ou encore, savoir si des médicaments vont réagir entre eux à la prise. Nous avons aussi des cas où nous devons rappeler le médecin. Une fois, un docteur avait prescrit un médicament à prendre trois fois par jour alors que je sais que ce cachet doit être pris une seule fois, et le soir. Je l’ai appelé, il a maintenu sa prescription. J’ai prévenu le patient car c’est mon devoir, je lui ai expliqué les risques de toxicité, mais il a suivi les conseils du médecin. Après quelques jours, il est revenu me voir pour exactement les mêmes problèmes que j’avais prédits. Tout ça pour vous dire qu’il est normal de se faire rémunérer lorsque notre bagage professionnel entre en jeu.

Vous avez le droit d’altérer une ordonnance ?

Selon le code of practice des pharmaciens, oui, mais uniquement avec l’aval du patient, comme je vous l’ai dit. Et cela prend du temps et a un coût…

Est-ce au public d’absorber vos coûts ?

La question n’est pas si simple. Nos marges de profits sont fixées par les autorités. Au lieu de se battre sur ce côté business, nous avons voulu mettre en avant nos compétences et le côté professionnel. Et je tiens à préciser que contrairement aux autres secteurs, nous serons les seuls professionnels à avoir ce système de plafonnement. Rs 100 tout au plus pour un service professionnel, ce n’est pas cher payé, et là, je n’invente rien. Ce sont mes clients qui me l’ont dit.

«Rs 100 tout au plus pour un service professionnel, ce n’est pas cher payé, et là, je n’invente rien. Ce sont mes clients qui me l’ont dit.»

Et si je viens avec deux ordonnances, je dois payer deux fois ?

Il n’y a rien de défini sur ce point. Mais là, laissez-moi vous parler des psychotropes. Pour ces ordonnances, peu importe le montant, les frais seront de Rs 100, et il y a une raison à cela. La vente de ces médicaments est très contrôlée. La livraison doit se faire en présence du pharmacien. Beaucoup préfèrent donc aller s’approvisionner eux-mêmes. Il faut un livre spécial pour les entrées qui coûtent entre Rs 1 500 et Rs 2 500. De plus, il faut analyser la prescription, voir si elle est originale, rappeler le médecin, en cas de doute, et vérifier la date. Ensuite, il y a des entrées à faire. Les pharmaciens peuvent être contrôlés par la police et si nous avons un cachet en plus ou en moins, nous sommes passibles d’arrestation et de poursuite.

Un peu normal, pour éviter les abus…

Ce n’est pas à nous d’effectuer ce travail administratif. Le gouvernement nous donne du travail supplémentaire. Pourquoi ne pas avoir une plateforme centrale pour savoir combien de cachets a acheté un pharmacien, quel médecin les prescrit et combien il reste en stock ? Le système actuel n’empêche pas les abus. Si un patient va voir trois médecins et se retrouve avec trois ordonnances, de quel contrôle parlons-nous ? Ce n’est pas à nous de faire cette paperasse.

Vous avez été candidat du MMM, le parti ne cesse de dénoncer le coût de la vie. Est-ce le moment de faire payer les consommateurs ?

Le timing de la fuite est malvenu. Mais je ne cesse de le dire, rien n’avait été décidé, même pas la date du 1er avril. C’était un projet en pourparlers. Ce sera peut-être pour dans un an, deux ans, voire plus.

Vous qui êtes du domaine, quel est votre regard sur le récent scandale du Molnupiravir ?

Il y a le scandale, des cachets à Rs 9 puis à Rs 79 et une enquête. Mais personne n’a demandé pourquoi un importateur achète un produit, le vend à Rs 400 au ministère et Rs 1 000 aux pharmacies ? N’ont-ils pas un maximum mark-up à respecter ? Le ministère du Commerce est resté bien silencieux là-dessus…