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Services financiers: la promotion du nouveau visage de la juridiction enclenchée

8 avril 2022, 22:30

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Services financiers: la promotion du nouveau visage de la juridiction enclenchée

Son passage sur la liste grise GAFI et la liste noire de l’Union européenne et de la Grande-Bretagne pour manquements à la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme aura porté des fruits. Maurice s’attelle maintenant au développement de la juridiction par une campagne internationale avec l’aide de médias et firmes de relations publiques de renom. Objectif: promouvoir le nouveau visage de ses services financiers'

«Nous allons passer au crible le potentiel du travail que nous avons accompli pour voir dans quelle mesure il peut déboucher sur l’exploitation d’opportunité d’affaires.» L’auteur de cette déclaration n’est ni un homme d’affaires, ni un investisseur étranger mais le ministre des Services financiers et de la bonne gouvernance, Mahen Seeruttun, à l’Assemblée nationale mardi. De quel travail parle-t-il ? Il s’agit des efforts déployés par le gouvernement pour sortir la juridiction de la liste grise du Groupe d’action financière (GAFI) pour de graves manquements à la lutte contre le blanchiment de l’argent et le financement du terrorisme. Le GAFI est un organisme intergouvernemental à qui l’Union européenne a confié la délicate mission d’appliquer les sanctions appropriées à toutes les formes d’opérations susceptibles de mettre à mal le secteur des services financiers dans son ensemble.

Après la sortie du pays de cette liste et de la liste noire de l’Union européenne (UE) et de la Grande-Bre- tagne en février, Mahen Seeruttun s’est fixé comme mission principale, comme il le dit lui-même, de redorer le blason de Maurice. Derrière cette envie de montrer un autre visage de la juridiction, se trouve un élément déterminant qui semble avoir donné des ailes au gouvernement. Il s’agit du changement d’attitude des dirigeants de l’UE à l’égard de Maurice depuis que sa réputation a été restaurée. De quoi s’agit-il ? «Maurice», ajoute Mahen Seeruttun, «est partie prenante aux côtés de l’UE dans le cadre d’un programme d’assistance technique destiné à ces pays qui, comme Maurice, ont manifesté des difficultés à disposer des méca- nismes appropriés pour lutter efficacement contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.»

Autrement dit, après avoir été considéré à juste titre comme un des mauvais élèves du secteur des services financiers, Maurice détient désormais le statut de bon élève aux yeux de l’UE. Cependant, fort de ce coup de pouce exceptionnel, le pays ne compte pas dormir sur ses lauriers. Elle compte faire mieux en puisant du traumatisme subi de cette inscription de la juridiction sur la liste des mauvais élèves les opportunités et les éléments susceptibles de constituer les bases qui permettront au secteur des services fi- nanciers locaux d’amorcer la prochaine étape de son développement.

La stratégie mise en place pour atteindre cet objectif comprend trois axes. Le premier consiste à repositionner le secteur sur le plan mondial avec l’appui d’une vaste campagne de promotion internationale pour présenter le visage relooké de la juridiction. Deuxièmement, il sera question d’accroître le niveau de rayonnement et l’éventail des services offerts par le secteur. Finalement, il s’agit de s’assurer que les produits que Maurice se propose de mettre sur le marché financier sont de nature avant-gardiste et contiennent tous les éléments pour séduire les investisseurs voulant s’installer dans le pays.

Les mesures prises pour atteindre les objectifs fixés sont, entre autres, le recours à des agences de presse et des firmes de relations publiques de renom international pour mettre en exergue de manière affirmative et positive la nouvelle image que la juridiction voudrait projeter à la communauté internationale ; et la révision complète du cadre régulateur des services financiers avec l’aide des officiers du ministère et des cadres de la Financial Services Commission, organisme régulateur des services financiers après consultations avec les acteurs du secteur.

Afin de mieux s’armer pour assurer la réussite de cette nouvelle phase de développement du secteur, sont prévues une mise à jour du plan national d’évaluation des risques susceptibles de mettre le secteur en danger ainsi que l’élaboration d’un plan d’action national pour veiller à ce que le pays soit en phase avec les exigences d’une lutte efficace contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Par ailleurs, des programmes de formation intensive et des campagnes de sensibilisation sont prévus pour doter les institutions appropriées des capacités dont elles ont besoin pour les aider à mieux lutter contre ces deux délits financiers qui ont valu à la juridiction mauricienne de se retrouver dans les mauvais papiers de la communauté financière internationale.

Mahen Seeruttun dit qu’il n’a aucune raison de douter de la réussite du plan d’action découlant du passage de la juridiction sur les listes grise et noire. Il indique que le comité interministériel présidé par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, le core group présidé par le secrétaire financier et le comité national sur la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme présidé par le secrétaire permanent de son ministère regardent dans la même direction pour l’avenir du secteur mauricien des services financiers. La liste de leurs priorités, souligne-t-il, comprend la nécessité d’investir dans les ressources humaines et les infrastructures ainsi que dans le développement de compétences, de méthodes d’opérations et de procédés innovateurs pour que l’objectif visant à conférer à la juridiction une nouvelle image se matérialise.