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Traitement à l’étranger: quand les procédures archaïques mènent au décès d’enfants malades

9 avril 2022, 21:00

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Traitement à l’étranger: quand les procédures archaïques mènent au décès d’enfants malades

Ils sont nombreux à avoir fermé les yeux à jamais trop jeunes et sans avoir eu le temps de guérir. Les enfants malades, plus précisément atteints de cancer, rencontrent d’énormes obstacles pour pouvoir aller se faire soigner à l’étranger. Mise à part la cherté des traitements, les paperasseries et les procédures au niveau local ont été et sont toujours une adversité à leur guérison.

Depuis ces dernières semaines, force est de constater que plusieurs enfants qui attendaient recevoir un traitement dans un centre médical hors du pays sont décédés. Karan Juglall, directeur de l’association Enn Rev Enn Sourir, qui s’est engagé depuis cinq ans pour venir en aide financièrement à ces enfants et leurs familles, se dit attristé par cette situation.

En effet, surtout pour les enfants qui souffrent de cancer, la route est longue, voire trop longue pour que certains puissent recevoir leurs traitements. «Premièrement, Maurice a un énorme problème au niveau de l’oncologie pédiatrique. Nous n’avons d’ailleurs aucun spécialiste d’oncologie pédiatrique.»

Ce que soutient un pédiatre d’un hôpital public. L’importance de l’oncologie pédiatrique est fondamentale, car ce n’est qu’après avoir rencontré un de ces spécialistes que les enfants peuvent commencer leurs traitements. «Prenons l’exemple de la leucémie. A Maurice, on peut diagnostiquer un enfant de leucémie mais on n’a pas les outils nécessaires pour faire un immunophénotypage et, par conséquent, savoir de quel type de leucémie souffre l’enfant. C’est important de connaître le type dont il souffre pour décider du dosage, entre autres, de la chimiothérapie qu’il fera. La chimio on peut la faire à Maurice, mais pas à l’aveugle», explique le médecin. Il faut donc envoyer l’enfant à l’étranger, plus communément en Inde, pour commencer son traitement.

Outils indisponibles

Cependant, les procédures pour l’y envoyer sont des plus archaïques, déplorent nos interlocuteurs. «Il n’y a pas eu d’amélioration dans le système depuis l’Indépendance ! Par exemple, dans un hôpital, quand un enfant a su qu’il souffre de cancer et qu’il doit prendre l’avion, il n’y a pas un bureau ou un département où les parents peuvent faire toutes les procédures. Bann paran-la enn zour bizin al enn plas, landemin enn lot plas ale mem koumsa. Et tout cela prend du temps et même trop de temps, ce qui est au détriment de la santé de l’enfant», déclare Karan Juglall.

Ce dernier poursuit que chaque année, le cancer est décelé chez une cinquantaine d’enfants. Nombre qui s’ajoute aux cas des années précédentes. Une liste qui s’allonge constamment. Sans oublier qu’environ 700 enfants naissent avec des complications graves qui demandent une chirurgie urgente à l’extérieur.

«Il est vrai que pour les chirurgies cardiaques chez les enfants, par exemple, les procédures vont plus vite pour le déplacement de l’enfant en comparaison avec ceux qui souffrent de cancer et cela malgré les problèmes financiers, mais tout de même, il faut qu’il y ait une volonté du côté de ceux concernés pour changer les politiques entourant ces problèmes de procédure.»

Selon notre interlocuteur, pédiatre, dans les hôpitaux, jusqu’à ce qu’un enfant puisse s’envoler pour l’étranger afin de recevoir son traitement, les médecins font tout ce qu’ils peuvent pour les aider à être stable mais quelquefois, le temps fait défaut. «Une maladie, ça peut s’aggraver du jour au lendemain. Nous faisons de notre mieux pour stabiliser les enfants avec des médicaments, des anti-douleurs, etc., mais nous ne pouvons faire plus. Comme je l’ai dit précédemment, nous ne pouvons commencer un traitement à l’aveugle.»