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Bébés décédés: horreur à la morgue

13 avril 2022, 22:00

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Bébés décédés: horreur à la morgue

Cela fait un an que Vicky Ram a perdu son petit ange, Prishtee. Le 12 avril 2021, le bébé était né, décapité, à l’hôpital du Nord. Pour qu’on n’oublie pas ce drame atroce, qui a choqué l’opinion publique, le papa éploré a publié une vidéo sur sa page Facebook, où l’on découvre le sort réservé aux bébés, à la morgue… Nous sommes allés voir ce qu’il en est.

Les différentes allégations de négligence médicale, concernant les bébés, ne cessent de provoquer polémique et indignation. Une vidéo a fait surface sur les réseaux sociaux, hier, montrant comment les minuscules cadavres sont placés à la morgue, notamment à l’hôpital SSRN, à Pamplemousses. Elle a été postée sur la page Facebook de Vicky Ram. Souvenez-vous, il y a un an, le 12 avril 2021, ce dernier perdait sa petite Prishtee, qui avait été asphyxiée et décapitée pendant l’accouchement…

La vidéo a été postée sur Facebook par Vicky Ram, hier. On y voit le personnel de l’hôpital et des policiers manipulant des sacs en plastique, placés dans un compartiment ressemblant à un casier.

La vidéo publiée hier étonne, choque, sidère. On y distingue des membres du personnel soignant, de dos, aux côtés de policiers. Qui s’affairent à manipuler «quelque chose» placé dans une sorte de casier métallique, au ras du sol. Il s’agit, selon des témoins, de petits corps d’enfants, emballés dans du plastique et des boîtes, à la morgue (voir hors-texte).

Des images qui affligent Vicky Ram, toujours hanté par ce qui est arrivé à sa petite Prishtee. Le père de famille se demande comment le ministre de la Santé peut laisser passer ce genre de chose. «Eski minis Jagatpal al vizit lopital? Li al get lamorg?» lâche-t-il, la plaie de la douleur toujours à vif. Le 14 avril 2021, il avait porté plainte pour négligence médicale au poste de police de Piton.

Ces images avaient provoqué l’indignation. Le corps de la petite Prishtee, morte asphyxiée, décapitée, lors de l’accouchement, fut transporté dans une boîte en carton, le 14 avril de l’année dernière, pour être autopsié à l’hôpital Jeetoo.

Déplorant un manque de considération total à l’égard des dépouilles de ces petits êtres, du manque d’égard aussi envers leurs parents, qui croulent déjà sous le poids du désespoir, ce papa, qui a vécu l’horreur, appelle le ministre à faire en sorte que l’on rende leur dignité à ces anges partis trop tôt. Il faut aussi et surtout faire en sorte d’éviter que d’autres bébés ne meurent dans de telles circonstances…

Comment les corps sont-ils conservés?

Qu’en est-il des conditions dans lesquelles les corps des bébés sont conservés au niveau des morgues ? Plusieurs médecins que nous avons contactés ne pipent mot sur cette épineuse question. Un spécialiste ose tout de même confier que chaque morgue d’hôpital peut accommoder environ une douzaine de dépouilles. «Chaque cadavre est placé sur un plateau. C’est comme un tiroir. La température de conservation est fixée à moins de 4 degrés. Le corps est enveloppé dans un drap, par exemple, s’il provient d’une salle d’hôpital, ou dans un ‘body bag’, si c’est la police qui l’emmène. Ensuite, on y appose un tag d’identification.»

Existe-t-il un compartiment séparé pour les bébés ? Notre interlocuteur répond par la négative. Tout corps d’adulte ou d’enfant est disposé dans un seul endroit. Le même principe s’applique en cas de décomposition ou si des ossements sont retrouvés. «On ne place jamais deux corps ou deux sacs dans un même tiroir», précise-t-il. Puis, à la mort d’une personne en salle d’hôpital, la famille peut venir récupérer la dépouille immédiatement. Mais si le décès nécessite, par exemple, une enquête policière ou qu’un proche est à l’étranger et qu’il souhaite assister aux funérailles, la dépouille sera conservée sans frais à la morgue.

Dans le cas des sans domiciles fixes, cela peut prendre plus de temps, ce qui «bloque» les places pour d’autres cadavres. «Quand les corps ne sont pas réclamés, ils resteront à la morgue afin de compléter les formalités policières et sanitaires. Dépendant des cas, cela peut varier sur un mois, et parfois aller jusqu’à six mois.» Passé ce délai, on peut alors procéder à l’enterrement ou l’incinération.

Revenant sur le cas des bébés, si la cause du décès est suspecte, le corps sera conservé pour l’autopsie, basée sur l’enquête policière et l’autorité du magistrat. C’est après ces procédures que l’on peut récupérer la dépouille. «Comparativement à certains pays, à Maurice, nos morgues sont mieux structurées. Le service médico-légal est plus efficace», déclare notre interlocuteur.

Est-ce pour cela que des corps de bébés sont entreposés comme des morceaux de viande dans des sacs en plastique, comme le montre la vidéo ? Nous avons sollicité le ministère de la Santé pour en savoir davantage et attendions toujours une réponse, à l’heure où nous mettions sous presse.

«Gard ladan mem sa…»

Nous nous sommes rendus à l’hôpital SSRN, à Pamplemousses, hier après-midi, pour voir ce qu’il en est. Du côté de la morgue, silence de mort. Pas une âme qui vive en vue. Tout semble fermé. Il va falloir chercher des informations ailleurs. Balade dans l’enceinte de l’établissement. Quelques pas plus loin, des visages avenants. Ceux de quelques membres du personnel, vêtus de leurs habits verts. Ils sont disposés à parler, mais anonymement. On leur montre la vidéo en question. Qu’est-ce ? Est-ce ainsi et comme cela qu’on dispose des corps des bébés à l’hôpital ? «Oui», rétorque sans hésiter un de nos interlocuteurs. «Gard ladan mem sa…» Un autre renchérit : «Kouma dir bann ti tirwar sa. Pou bann zanfan, li pli tipti ki bann gran dimounn. Met bann lékor-la dan bann bwat. Zis sinn mor ek Covid, lerla met dans sak plastik…» Que pensent nos intervenants de cette façon plutôt inhumaine de conserver les corps des défunts, surtout ceux des petits ? «Nou éna nou lopinion lorla mé pa tou kapav dir… Pa nou ki pou kapav réglé problem-la…»