Shahil Budhooa a été arrêté dans la soirée de mercredi car il est accusé d’avoir traité Praveen Kumar Ramburn de «gopia». La veille, Nazim Gurib, Kersley Nadal, Vashil Jasray et Gaarish Boodhun ont été arrêtés pour outrage. Ils sont accusés d’avoir employé le même mot pour nommer deux ministres. Toutefois, avant cette semaine, les élus ne semblaient pas spécialement gênés par ce mot qu’ils utilisent eux-mêmes à tour de bras au Parlement…

Petits rappels

Le 25 juin 2018, lors de l’exercice des dotations budgétaires au Parlement, Maya Hanoomanjee s’est offusquée de la lenteur des conseillers d’un ministère qui mettait trop de temps pour formuler des éléments de réponses demandés par Reza Uteem. «Zot pa konn donn répons bann-la. Zot pe asize la koumadir bann gopia!», avait confié l’ancienne Speaker à voix basse à la Clerk. Sauf que son micro était allumé et ses propos ont été retransmis en direct. Elle s’est excusée par la suite. Le même jour, le Premier ministre, s’adressant à un député de l’opposition pendant une réponse à la Private Notice Question, avait lui-même lancé «To riye kouma dir bann gopia !»

Le mot, défini comme «enn dimounn ki bet, ignoran» dans notre langaz mama, un «idiot» en français, est souvent lancé des deux côtés de la Chambre au Parlement sans que cela finisse par des arrestations, l’immunité parlementaire aidant. La plupart du temps, il n’apparaît pas dans le Hansard car englobé dans les interruptions. Mais lorsqu’il est clairement prononcé, il figure quand même dans les comptes rendus.

Cela avait été le cas le 28 août 2020 quand un honourable member avait déclaré : «Vini mo donn twa gopia», lors du discours de Joe Lesjongard durant les débats sur le Courts Amendment Bill. Ce jour-là, il a aussi été question de promenades de maîtresses. Le 30 juin de la même année, c’est Rajesh Bhagwan qui s’était distingué en lançant «Eh res trankil do gopia» pour avoir été interrompu pendant une question parlementaire. Le 30 juin 2019, Mahen Jhugroo a, quant à lui, été ordered out, pour un «gopia» lancé au Parlement.

Précisons que «gopia» n’est pas le seul mot kreol couramment utilisé à l’Assemblée car «bachara» connaît également un certain succès et «Bou* to l*** ta p****» a été prononcé une fois.