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Affaires «Gopia»: colère citoyenne
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Affaires «Gopia»: colère citoyenne
«Gopia». Un mot – parmi d’autres – qui a conduit conseillers et citoyens en cellule policière. Des arrestations qui engendrent indignation, frustration et interrogations depuis plusieurs jours. Nous sommes allés tâter le pouls des Mauriciens à Plaine-Magnien et «Manhattan». Nous avons fait appel à des experts en «gopiatologie» pour comprendre l’origine de ce mot. Bienvenue sur ce «Gopia Tour».
Jeudi matin. Le soleil joue les gopia face aux nuages coriaces. Les pyramides rocailleuses trônent à l’entrée de Plaine-Magnien. Fort heureusement, aucune de ces nobles pierres n’a atterri sur la tête des honorables qui ont été conspués.
À côté des karo lalo inondés et des bred transformés en bouillon, le SME Park de la discorde. Celui par qui, selon les habitants, tous les malheurs aquatiques arrivent. Les travaux au niveau du bâtiment, engoncé jusqu’au cou dans de la boue, ont été stoppés le 7 avril sur ordre du conseil de district de Grand-Port, les inspecteurs ayant découvert que les plans n’étaient pas respectés. Financé par la Banque de développement, il aurait dû abriter 40 emplacements pour les petites et moyennes entreprises. Le coût, avec celui de Solitude : Rs 200 millions, croit-on comprendre. En attendant, quelque 20 milliards de moustiques virevoltent çà et là, dans cet environnement qui les rend dingues, car propice à leur prolifération.
En face, à la rue Bois-d’Oiseau, les noms d’oiseau fusent. Certaines cours sont encore «piscinisées» et les pompiers sont à l’œuvre. Parmi eux, M. Matadeen, qui souhaite donner son nom de famille mais pas son prénom. Il est le lead water, enfin fire fighter de l’équipe occupée à «pompé, pompé, pompé, dépi gramatin ziska aswar zot pompé». Des interventions dans la région ces derniers jours, il y a en a eu tellement qu’il ne les compte plus. «Tou pompié inn bizin vinn donn koudmé. Bann Coromandel, Mahébourg, Curepipe, Saint-Aubin, tou…» D’où vient cette eau accumulée ? Situation exceptionnelle ? Que pense-t-il de l’épisode «gopiaesque» ? «Ekouté, pa kapav komant lor sa bann zafer-la..»
Lui non plus ne veut pas passer la nuit en prison. Nikesh, un boutiquier du coin, confie tout de même à voix basse que son papa y a installé son commerce il y a 40 ans. Il a repris le flambeau. «Ena enn an parla inn koumans konstrir sa batiman-la.Ti enn marékaz avan, mo grandpère mem ti pé plant légim laba. Dilo-la népli gagn later pou absorb li, li desann lor lari kot nou. Partou inondasion.» Il continue : «Monn dir minis-la kan linn vini mwa – mo pa pou dir ou lekel – ki pé arrivé. Linn dir mwa li pou gété.» Les habitants sont en colère ? «Wi, nou tou mari ankoler. Pa koné ki gopia kinn dir konstrir sa isi.» Calmement enragée, Naziana Kumar, 45 ans, l’est aussi. «Nou ti dimounn nou, pas risar. Gouvernman pa antor si ena lapli mé bizin koné ki pé aranzé non ? Kan lakaz inondé, personn pa vinn gété. Apré koz bel-bel kozé.»
Les mots pleuvent de la bouche de Muntaz Rajabally, 51 ans. Averse de confidences. Il y avait quelque 75 personnes, très remontées, selon lui, lors des incidents qui se sont déroulés en présence des ministres Bobby Hurreeram et Stephan Toussaint, qui, à coups de «ta gopia», notamment, ont dû rebrousser chemin alors qu’ils tenaient une réunion dans le CAB du village. Il déverse sa colère. «Gagn ner. Nou santi nou inpuisan. Zamé pa trouv minis, kan rod kozé, gagn problem. Sa piti Nazim-la (NdlR, Nazim Gurib, président du conseil du village), linn tir kas dan so pos linn donn mwa pou al asté dipin pou bann dimounn kinn perdi tou zot zafer dan inondasion. Apré aret li. Ki kalité sa ?»
Direction le Citizens Advice Bureau (CAB) de Plaine-Magnien, là où le crime de lèse-majesté(s) a eu lieu en ce mercredi fatidique du 6 avril. Le portail est cadenassé avec une énorme chaîne, plus grosse que celles que portent les rappeurs américains autour du cou. Assis derrière les barreaux – de la fenêtre – une tête. Est-ce qu’on peut entrer ? Monsieur était-il là le jour de l’incident ? Comment se fait-il que le bureau était ouvert alors que les règlements sanitaires en vigueur en cette période de Covid stipulent que les CAB doivent rester fermés ? Réponses, dans l’ordre : «Non. Oui. Pa koné, péna déklaration pou fer.»
Après cet accueil chaleureux, direction «Manhattan». À la municipalité plus précisément. Au bout de quelques couloirs et escaliers désuets, au milieu d’un décor d’un autre temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, le bureau de la secrétaire du maire. Nous sommes là pour l’incident gopia, annonce-t-on tout de go. Une dame souriante affirme que Praveen Kumar Ramburn est absent.
L’opération de recherches est lancée. Des sources sur place nous chuchotent à l’oreille qu’il s’est rendu à la station de po- lice de Vacoas. Il n’y est pas. Monsieur le maire est-il en réunion ? Est-il parti à la rencontre du Parliamentary Private Secretary, Gilbert Bablee et sont-ils en train de koz kozé ki bizin kozé ? Peut-être se trouve-t-il du côté du supermarché London ? Non plus.
À quelques pas de là, Allybye, coiffeur depuis l’époque où les rouflaquettes étaient en vogue, manie le balai avec dextérité. Dans son petit salon resté figé dans les années où la banane d’Elvis avait la pêche, il n’hésite pas à tondre l’ego des politiciens. «Fer 60 an mo la» ; lâche l’homme de 76 ans, qui s’apprête à sortir. Que pense-t-il du dossier gopia ? «Zot tou parey. Oranz, rouz, blé, mauve, tou parey. Pann fer nanyé pou sa lavil-la. Ena zis kazino isi, tou vié, sal. Lavi pé vinn dépli zanpli dir.» Il conclut, pressé : «Bizin zour zot mem. Bizin pa pran Morisien pou gopia.»
Ce qu’ils en disent (ou pas)
<p>Nous avons tenté, à maintes reprises, d’obtenir la réaction de Praveen Kumar Ramburn, Gilbert Bablee et Stephan Toussaint par rapport à ces incidents et arrestations. Mais nos appels sont restés vains. Le ministre de le Jeunesse et des Sports avait d’ailleurs déclaré aux journalistes, après une fonction le 8 avril : <em>«Je vous remercie pour cette question. Toutefois, aujourd’hui, l’accent est mis sur la jeunesse, que j’invite à venir pour une formation et trouver de l’emploi. Je préfère que nous restions sur l’actualité, l’avenir nou bann zenes.»</em></p>
<p>Par ailleurs, lors de la conférence de presse du MSM, la semaine dernière, Bobby Hurreeram, ministre des Infrastructures publiques, était revenu sur ces incidents en long et en large. Après avoir parlé des inondations vieilles de 40 ans, il a fustigé les titres de presse qui, selon lui, l’ont mis en une pour la première fois…Ceux qui ont dit, sur les ondes des radios, que c’était la première fois que la région de Plaine-Magnien connaissait des inondations de cette envergure, <em>«pa kone ki zot pé dir».</em> En 1982, il avait, selon lui, plu pendant 15 jours et les nappes phréatiques étaient saturées, ce qui avait causé des inondations. Pour Bobby Hurreeram, c’est exactement la même chose qui se produit en ce moment, même s’il précise, au passage, qu’il y a eu, au fil des années, des ‘constructions sauvages’.</p>
<p>C’était justement pour parler de ces inondations qu’il avait organisé une rencontre au CAB de Plaine Magnien avec des responsables de plusieurs organismes. La réunion, a-t-il précisé, n’était pas ouverte au public, raison pour laquelle le président du village n’était pas invité. Il a aussi parlé d’une <em>«section de la presse qui utilise des termes à caractère communal contre une section de la population»</em> et c’est parce qu’il a dénoncé cela que les journalistes s’en prennent à lui. Il a martelé qu’il n’y avait pas eu d’incidents au CAB, qu’il est facile d’attendre que sa voiture parte et lancer un live pour <em>«kriy tousel».</em></p>
<p>Concernant la plainte à la police, Bobby Hurreeram a avancé qu’il n’a aucun problème s’il est insulté, mais ce jour-là, selon lui, des personnes sur place ont insulté un de ses officiers et balancé des commentaires à caractère communal envers elle. C’est pour cela que la dame a été encouragée à porter plainte. Cependant, il n’y a eu aucune explication sur le fait qu’une charge <em>«d’outrage à ministre»</em> a été retenue par la police…</p>
#Gopiagate : police, judiciaire et liberté d’expression
<p>Dans le sillage des arrestations survenues ces derniers jours, notamment, la question que tout le monde se pose est : où se situe la limite ? Est-ce que la police débarquera chez un citoyen à pas d’heure et le paradera, menotté, s’il traite son voisin de<em> gopia</em> ? Un policier affirme que l’insulte n’est pas une <em>arrestable offence.</em> <em>«D’ailleurs, même si vous giflez une personne, ce qui constitue un minor assault, il n’y a pas d’arrestation», </em>soupire-t-il. Raison pour laquelle, explique un autre du bout des lèvres, que vendredi, l’accusation contre Shahil Budhooa est très vite passée d’insult à <em>rogue and vagabond.</em></p>
<p>Qui décide ? Selon Me Neelkanth Dulloo, c’est la police qui décide de l’accusation provisoire et qui procède à l’arrestation, mais quelque- fois, elle est dictée par des <em>‘forces supérieures’.</em> Après enquête, le dossier est envoyé au Direc- teur des poursuites publiques (DPP), qui décidera si une accusation formelle sera déposée ou l’affaire rayée. Entre-temps, le suspect peut être libéré sous caution, si une motion est présentée, en attendant que l’affaire soit prise sur le fond. Ou encore, son homme de loi peut aussi présenter une motion pour rayer l’affaire si elle ne tient pas la route. Si le DPP n’objecte pas, l’affaire sera classée.</p>
<p><strong>Lois désuètes</strong></p>
<p>L’autre interrogation qui vient à l’esprit à la suite du #Gopiagate est la liberté d’expression. Ne peut-on pas exprimer son opinion d’une tierce personne ? Le constitutionnaliste Rajen Narsinghen rappelle que, comme tous les droits fondamentaux, la liberté d’expression a ses limites. Les lois sur les insultes, les fausses informations ou la diffamation sont claires sur ce point. Mais plusieurs autres facteurs entrent en jeu.</p>
<p>Dans notre système, certaines lois datent de l’époque coloniale. Si certaines sont tombées <em>«into oblivion»</em> et n’ont pas été utilisées pendant des décennies, d’autres sont carrément désuètes et aucune référence n’y a été faite pendant des siècles. De ce fait, elles ne sont plus applicables. <em>«Il faut voir sous quelle catégorie tombe l’outrage aux ministres. Puis, de toute façon, selon une des règles de base en judiciaire, tout le monde est égal devant la loi; on se demande donc comment un outrage à un ministre peut tenir la route aujourd’hui»,</em> avance Rajen Narsinghen.</p>
<p>Quant au délit en lui-même, l’expert en matières légales explique qu’il existe une différence entre une insulte et une blague, du sarcasme ou un trait d’esprit. De toute façon, peu importe l’accusation provisoire retenue par la police, ce sera au juge de trancher car finalement, c’est lui qui a une appréciation souveraine de la chose.</p>
<p>Revenant sur les lois d’une autre époque, Rajen Narsinghen rappelle que celles-ci représentent souvent un danger pour la démocratie. Il cite l’exemple de l’interpellation des manifestants à Camp-Diable, jeudi. Pour rappel, une poignée de personnes ont manifesté devant un kovil car ils estimaient que Yogida Sawmynaden ne devait pas être invité à prendre la parole à une fonction religieuse.</p>
<p><em>«La Constitution prévoit une liberté de conscience et ces personnes ont tout à fait le droit de ne pas vouloir qu’on politise leur religion»,</em> fait valoir Rajen Narsinghen. Les manifestants ont été interpellés et conduits au poste de police pour <em>asserting </em>ID. «<em>Sauf que dans nos lois, il n’y a rien qui indique qu’il faut être en possession d’une pièce d’identité. La police peut l’exiger si vous êtes soupçonné d’avoir commis une infraction, mais ne peut pas vous le demander sans raison.»</em></p>
«Super gopia»
<p>Ce n’est pas qu’ils n’ont pas l’habitude de traiter leurs confrères ou de se faire traiter de <em>gopia </em>et autres, chaque mardi, à l’Assemblée nationale. Mais depuis la semaine dernière, nos élus nationaux et régionaux ont décidé de prendre la mouche en l’entendant. D’où vient ce mot, <em>bien ancré dans notre kreol</em> ?</p>
<p>L’influence des <em>«films indiens»</em> est indéniable sur notre société, et gopia figure dans cette catégorie de mots qui nous vient de cet univers. <em>«Dans les années 50, il y avait un acteur qui s’appelait Gope. C’était un comique ou celui qu’on qualifie de bouffon dans les films»,</em> explique le linguiste Dev Virahsawmy. Bonhomme un peu enveloppé, enrobé, Gope était l’un des comiques les plus populaires de son vivant. Petit à petit, son nom s’est popularisé.</p>
<p>Swaley Kasenally, fin connaisseur de Bollywood, rajoute que Gope jouait souvent aux côtés de Yakub, un autre comédien, et la paire étaient le pendant de Bollywood de Laurel & Hardy. «<em>Bann dimounn inn koumans servi ‘Ta, Gope’ pou sikann zot prosin»,</em> explique Dev Virahsawmy. Au fil des ans, à force de se mélanger au kreol, le mot <em>gopia</em> s’est formé et s’est installé dans notre vocabulaire.</p>
<p>Est-ce une insulte ? Non, répond catégoriquement le linguiste. Pour lui, qualifier une personne de <em>gopia</em> est l’expression d’une opinion. <em>«L’utilisation de ce mot démontre une opinion défavorable envers quelqu’un. Mais en aucun cas, il ne peut être considéré comme une insulte»</em>, soutient Dev Virahsawmy. D’ailleurs, avec tout le sérieux du monde, il estime que les policiers qui ont arrêté certaines personnes pour l’utilisation d’un mot qui figure dans un dictionnaire sont aussi des gopia. <em>«Quant à la personne qui a donné l’ordre, elle est une super gopia»</em>, précise-t-il. Dans la foulée, il rappelle que la présence de <em>gopia </em>dans la langue kreol est l’une des preuves de la richesse d’une langue dynamique en constante évolution.</p>
<p>L’anthropologue Daniella Bastien analyse le problème sous un autre angle. Elle explique que <em>gopia </em>est à la fois un nom et un adjectif en kreol; ce mot fait partie du vocabulaire usuel depuis longtemps. Parlant de la popularité de ce mot en ce moment, elle rappelle qu’à Maurice, les mots d’origine bhojpuri et hindi sont rendus populaires à travers la politique<em>. «Prenez l’exemple de jhant. Du jour au lendemain, après avoir été prononcé à l’Assemblée par Shakeel Mohamed, le mot a trouvé sa place dans le langage populaire. Depuis, tout le monde, peu importe ses origines et son âge, l’utilise.»</em> D’ailleurs, elle rappelle que ce n’est pas le seul mot utilisé par les honorables. Il y a aussi bachara ou encore chatwa. Ce dernier mot, rendu populaire pendant la campagne électorale de 2019, a aujourd’hui une forte connotation politique.</p>
<p>Cependant, sur la question d’insultes, l’anthropologue estime que les lignes sont fines. Pour rappel, Shahil Budhooa a été arrêté car la police estime qu’il a <em>«wilfuly and unlawfully in a public place (…) made use of offensive words, to wit, ‘lémer enn gran gopia’».</em> En gros, la police estime que le mot est offensant. <em>«Comment expliquer qu’un mot peut être utilisé par les élus de la République sans aucun risque, mais pas dans la rue ? Parler d’outrage à la suite de l’utilisation d’un mot équivaut à vouloir policer le langage, ce qui est un danger, surtout pour une langue dynamique. Mais il faut rappeler, surtout au moment où nous parlons de standardisation du kreol, qu’une langue ne peut pas exister sans des gens qui l’utilisent.» </em></p>
<p>Toujours est-il que, pour Daniella Bastien, il faut d’abord voir le contexte avant de définir si un mot est insultant. Elle avance que n’importe quel mot de la langue peut être utilisé <em>pou pran nisa.</em> Lorsqu’on évoque aujourd’hui un <em>bater bis</em>, par exemple, cela évoque plus un pique-assiette dans des événements qu’une personne qui utilise les parois des bus comme ravanne lors d’un pique-nique. L’insulte, donc, dépend non seulement du mot en soi, comme les <em>zouré,</em> qui peuvent être insultants seuls, mais aussi du contexte d’utilisation.</p>
<p><strong>Chatwa </strong></p>
<p>L’autre point qu’avance Daniella Bastien est que plusieurs mots du même champ lexical, ou le même mot dans une langue différente, peuvent ne pas avoir le même poids. <em>«Par exemple, si je dis chatwa, le mot est moins puissant que souser, mais c’est la même chose. Ou encore, piaw, batiara et gopia font partie de la même famille, mais estce que piaw est plus facilement digéré ?»</em> se demande-t-elle. Ces questions, qui visent à définir quel type de langage est acceptable, n’ont non seulement pas de sens, mais sont aussi dangereuses pour l’évolution de la langue car un mot existant constitue désormais un délit. <em>«Sommes-nous dans une mouvance où nous pouvons tout dire, mais pas n’importe où ? »</em></p>
Sauve qui peut
<p>Qu’ils soient dans le camp rouge, mauve, jaune ou bleu, ils en ont aussi vu de toutes les couleurs et subi le courroux du peuple. Et, ministres, députés et autres personnalités du clan orange ne sont pas en reste. Dans un passé pas si lointain, l’on se souviendra tous de la scène où Etienne Sinatambou s’est engouffré dans sa voiture à Résidence Barkly ou encore Yogida Sawmynaden hué par une foule, lors de sa comparution au tribunal de Port-Louis...</p>
<p>Ainsi, le 26 avril 2021, Alan Ganoo a eu la mauvaise idée de descendre sur le terrain à Chemin-Grenier, après que des grosses pluies se sont abattues sur l’île. Espérant probablement prendre un bain de foule, c’est une pluie de reproches qu’il a reçue en plein visage. Un homme très remonté n’a pas accepté qu’Alan Ganoo fasse du <em>«pa mwa li sa»,</em> sur l’absence de travaux de canalisation. Le citoyen lui a également reproché d’inaugurer de gros travaux <em>«kas montagn ek initil»</em> au Morne alors que les travaux à Chemin-Grenier étaient en souffrance.</p>
<p>Plusieurs voix demandaient également au ministre de s’en aller, ce qu’il a fait, non sans avoir essayé en vain de calmer les esprits. Il est finalement parti, entouré de ses gardes du corps. Malgré le non-respect des protocoles sanitaires et les insultes à son égard, la police n’avait procédé à aucune arrestation.</p>
<p>Le 4 septembre 2017, un convoi de ministres et officiels avait débarqué à Résidence Barkly, tous phares allumés et sirènes hurlantes. Ce qui aurait dû être une opération de communication pour justifier la démolition de plusieurs maisons s’est terminée par une rupture brutale de communication entre habitants et ministres. Tout l’art oratoire d’Ivan Collendavelloo, qui se voulait légaliste, n’avait pas suffi à calmer les esprits, mais c’est surtout après l’intervention d’Etienne Sinatambou que les répliques des habitants ont commencé à chauffer la salle.</p>
<p>Devant la colère grandissante des habitants, on a pu entendre une voix de la sécurité rapprochée d’un ministre ordonnant à tous <em>«nou alé nou alé...»</em> Ce départ brutal a fait grimper la température, alors que les ministres Gayan, Collendavelloo, Sinatambou, le maire Ken Fong et le PPS Aliphon se dirigeaient presque en courant vers leur voiture, la foule avait commencé à les entourer en lançant, <em>«pa bouré...»</em> Le démarrage des berlines fut tellement brusque qu’on a même vu un pied d’Etienne Sinatambou, qui était resté en dehors de la voiture. Mais encore une fois, aucune arrestation n’avait suivi cette escarmouche.</p>
<p><em>«(…) Pinokio, demin to pa pou Premyé minis, desann to alé.»</em> Vous vous rappellerez peut-être aussi cette phrase lancée par un agent de sécurité de 29 ans habitant Quartier-Militaire à l’encontre du Premier ministre, Pravind Jugnauth, le 8 novembre 2019, au Quartier-Militaire SSS. Le suspect avait en sa possession un morceau de bois qu’il avait utilisé pour donner des coups sur le toit de la voiture de Pravind Jugnauth. Par la suite, un tôlier avait été arrêté ainsi que l’agent et ils avaient été inculpés pour rogue and vagabond.</p>
<p>Le 29 décembre 2020, une grosse foule hostile s’était massée aux alentours de la cour intermédiaire de Port-Louis avant, pendant et après l’audience de la <em>private prosecution</em> contre Yogida Sawmynaden. Malgré la mobilisation de la police, les manifestants présents ont crié leur colère et même lancé des insultes contre l’ex-ministre du Commerce pour son implication dans l’affaire Kistnen. Son départ du tribunal a été aussi mouvementé que son arrivée, certaines personnes ayant entouré sa voiture et l’ont poursuivi même après son départ.</p>
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