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Cocaïne retrouvée dans une tractopelle: «Il y avait des pistes mais pas de preuves»
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Cocaïne retrouvée dans une tractopelle: «Il y avait des pistes mais pas de preuves»
95 kg de cocaïne valant Rs 1,6 milliard avaient été saisis par la brigade antidrogue, le 10 juillet 2019, à bord d’une tractopelle. Toutefois, près de trois ans après, la police n’a procédé à aucune arrestation et l’enquête piétine toujours. Une affaire à laquelle le député Arvin Boolell s’est intéressé au Parlement, cette semaine.
Arvin Boolell, comme tout le monde d’ailleurs, a voulu savoir, le mardi 19, à l’Assemblée nationale, où en était l’enquête de l’Anti-Drug and Smuggling (ADSU) concernant la saisie de 95 kg de la cocaïne estimée à Rs 1,6 milliard, faite en juillet 2019 sur un site de Scomat, à Pailles. La drogue se trouvait dans des sacs qui étaient dissimulés à bord d’une tractopelle. Tractopelle qui, d’ailleurs, rappelons-le, avait fait le voyage jusqu’à Maurice à bord du même navire qui transportait le tram Mauricio. Ils avaient débarqué au Port le 4 juillet 2019. La question était adressée au Premier ministre mais a été répondue par le Premier ministre par intérim, Steven Obeegadoo, Pravind Jugnauth n’étant pas à Maurice actuellement. Le Premier ministre par intérim a fait savoir que la drogue qui avait été saisie pesait 85 kg et 166,8 g et valait Rs 1,4 milliard. D’ajouter qu’à ce jour, 18 personnes, y compris les employés de la firme Scomat, ont été entendues dans cette affaire par l’ADSU mais que jusqu’ici, aucune preuve n’a été obtenue pour procéder à une quelconque arrestation. Ni pour aider à faire avancer l’enquête.
Selon des informations du commissaire de police, Anil Kumar Dip, a précisé Steven Obeegadoo, l’enquête de la police a permis cependant d’établir l’itinéraire de la tractopelle de son point d’embarcation à sa destination finale, soit Port-Louis. La tractopelle a été embarquée au Brésil et a transité par le Maroc pour ensuite se retrouver à Port-Louis. «L’ADSU a contacté Interpol ainsi que les autorités brésiliennes et marocaines pour obtenir des renseignements supplémentaires qui auraient pu fournir une piste dans l’enquête. Cependant, l’exercice s’est avéré extrêmement complexe car il nécessite la collaboration d’une multitude d’agences internationales. Compte tenu de la complexité de l’enquête, on m’informe que le commissaire de police soumet un rapport intérimaire au Directeur des poursuites publiques pour avis sur la marche à suivre.»
Quid de la piste locale ? Celui qui aurait dû réceptionner le colis ? Nous n’en saurons pas plus. Toutefois, une source policière proche du dossier a fait comprendre qu’à ce jour, il n’y a pas de piste potentielle, l’exercice de «controlled delivery» de la police, en 2019, n’ayant pas abouti. «Personne ne s’était montré. Nous n’avons eu aucune information qui aurait pu nous orienter vers une ou plusieurs personnes en particulier.»
Preuves détruites
Mais encore une fois, comment se fait-il que tout ce temps soit passé et qu’aucune arrestation n’ait eu lieu ? Selon nos sources à la police, il y a eu plusieurs épines qui ont rendu les choses difficiles pour les enquêteurs. «Premièrement, l’information sur la saisie a été médiatisée bien trop vite pour ne pas dire avant même que l’enquête ne commence vraiment.» Nos interlocuteurs indiquent qu’il est évident que des preuves ont été détruites avant que la police ne puisse mettre la main dessus. Mais des preuves où ? Et chez qui ? À ce propos nos sources préfèrent se taire. «Il y avait des pistes mais pas de preuves.»
«Caminante» ou marcheur
Une des pistes en question dont a accepté de nous parler un de nos interlocuteurs ne serait autre que le sachet qui contenait la cocaïne. En effet, l’inscription «Caminante» sur le sachet ne serait pas inconnu du marché de la drogue. D’ailleurs, quelques mois avant que la drogue ne soit repérée dans la tractopelle à Maurice, une saisie de 1,6 tonne avait été faite à Caen en France. Les médias en ont d’ailleurs parlé. Cachés dans des palettes, en provenance du Brésil, la drogue était arrivée dans des sachets avec l’inscription «Caminante» écrite dessus.
Pour nos sources, il n’est pas à écarter que Maurice était impliquée dans un business mondial de cocaïne. «Et pas uniquement pour la consommation locale. La quantité de drogue était bien trop importante pour que cela soit uniquement pour Maurice. D’ailleurs, caminante veut dire marcheur en espagnol. Si on examine de près les autres saisies dans les autres pays, ceux qui ont fait livrer cela voulaient que cette drogue marche, qu’elle se répande…» Mais pour aller où de Maurice ? Nos interlocuteurs révèlent que sans doute une personne aurait été chargée de les exporter ailleurs. «Et nous ne pensons pas que ça soit par l’air…»
Le député travailliste Patrick Assirvaden a, par ailleurs, voulu savoir pourquoi Steven Obeegadoo a parlé de 85 kg de cocaïne alors qu’en 2019, la communication de la police avait parlé de 95 kg. Le principal concerné a alors soutenu que c’est le chiffre que lui a été communiqué par la police mais «95 kg was inclusive of packaging» et que le Premier ministre, le 7 juillet 2020, s’était référé à «the three bags were found to contain a total amount of 92.5 kg (including also the wrappings)». Arvin Boolell n’en démord pas sur les chiffres fournis. Il veut savoir ce qui s’est passé depuis. Rappelant que dans le passé, de la drogue qui était sous surveillance de la brigade antidrogue avait été remplacée par d’autres substances. De plus, fait ressortir l’ex-leader de l’opposition, l’ADSU a failli dans sa tâche. Elle n’a pas su remonter la filière car cette unité de la police n’est pas bien formée pour ce genre d’opération et n’est pas en symbiose. Pour lui, il est clair que le coupable – celui qui allait prendre possession de cette drogue – court toujours.
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