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Hausse du coût de la vie: des mesures pour sortir de la crise

24 avril 2022, 19:00

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Hausse du coût de la vie: des mesures pour sortir de la crise

«Péi-la pa pou mari zot mama», lançait Arvin Boolell, à la conférence de presse du Parti travailliste (PTr), vendredi, évoquant les gaspillages du gouvernement. La situation économique du pays n’est plus un secret. Le public est assailli par des augmentations quasi-quotidiennes et n’arrive plus à les supporter. Roshi Bhadain estime que cette situation n’a rien d’exceptionnel car elle est la suite directe du prélèvement de fonds des réserves de la Banque de Maurice (BoM). Pendant que la frustration et la peur de ne plus pouvoir se nourrir explosent dans la rue, les élus s’enorgueillissent des constructions et se lancent mutuellement des compliments et superlatifs du style «Bahubali de la construction». À quelques semaines du Budget, la question sur toutes les lèvres est : quelle est la marge de manœuvre de Renganaden Padayachy pour soulager la population ?

L’essence

Certaines mesures peuvent être prises dès maintenant pour alléger le fardeau du peuple. Tout d’abord, pour le prix des carburants, Roshi Bhadain préconise la baisse du prix d’au moins Rs 7. Le prix d’achat de l’essence, incluant les assurances et le fret, est de Rs 37,20 alors qu’en avril 2021, il était de Rs 20,43. Certes, les cours sur le marché mondial grimpent. «Mais pourquoi prélever Re 1 pour le Covid Solidarity Fund alors qu’il n’y a aucune transparence sur son utilisation ? Le gouvernement a dit que la pension ne peut pas être augmentée car l’argent est utilisé pour l’achat des vaccins, mais sur l’essence, il y a Rs 2 de taxes pour financer cela», a-t-il rappelé dans une vidéo.

Les autres taxes, à l’instar de celle rever- sée à la Road Development Authority ou celle pour la construction d’un dépôt de carburants à Rodrigues, ne servent à rien car non seulement le projet de Rodrigues n’a jamais vu le jour, mais il y a déjà une taxe pour la RDA sur les vignettes de véhicules. De plus, la TVA est applicable sur toutes ces taxes. Ce qui fait dire à Roshi Bhadain que le prix de l’essence peut être baissé à Rs 60 tout de suite. Pour rappel, mercredi, le ministre du Commerce, Soodesh Callichurn, a expliqué que son ministère procède à la révision de la structure des prix et taxes sur l’essence.

Salaire minimum et projets «gaspiyaz»

Revoir le salaire minimum et les pensions est une priorité. Selon le leader de l’opposition et du PMSD et ancien ministre des Finances, Xavier-Luc Duval, l’inflation a rongé le pouvoir d’achat et une augmentation ne fera que rétablir le pouvoir d’achat avant la hausse subite et successive des prix. «Nous ne parlons pas de la valeur monétaire que cette compensation aura. Disons qu’elle est de Rs 2 000. Ce ne sera pas Rs 2 000 de plus dans la main des consommateurs, mais simplement une somme qui leur permettra de retrouver le pouvoir d’achat d’avant.»

Le Dr Vasant Bunwaree, autre ancien ministre des Finances, tient le même discours. Selon lui, une augmentation de Rs 1 500 sur le salaire minimum et les pensions aiderait ceux au bas de l’échelle. «Nous savons tous que c’est en 2024 que le salaire minimum sera revu, mais ce gouvernement, avant la publication du rapport PRB, avait donné Rs 1 000 aux fonctionnaires en attendant. La même chose peut être refaite.» L’idée a de quoi séduire, mais les caisses de l’État permettront-elles de telles dépenses ? À cela, le leader de l’opposition avance qu’il faut faire la différence entre la Capital Expenditure, à savoir les dépenses d’infrastructures et la Recurrent Expenditure, soit l’argent octroyée aux paiement des pensions et autres. «Vu la conjoncture, le gouvernement doit privilégier la population. De toute façon, nous savons que l’argent emprunté pour payer des compagnies étrangères pour des projets de constructions n’aident que très peu à la croissance.»

Vasant Bunwaree est d’accord. Selon lui, après le passage du Covid-19, qui a fragilisé des entreprises et entraîné une érosion du pouvoir d’achat, l’heure est au soutien de la population et non aux développements infrastructurels. Donc, l’argent pour financer cela ne devrait pas poser un problème si le bon choix est fait, affirment les deux hommes. Une autre économie qui peut être faite, ajoute le leader du PMSD, est l’arrêt simple des projets sans rendement. «Les fonctionnalités de Safe City qui nous ont été vendues n’existent pas. Par exemple, les caméras ne peuvent pas être utilisées pour le trafic, et la reconnaissance faciale n’est toujours pas disponible. À quoi cela sert donc ?»

 Le ciblage

Longtemps honni, l’idée du ciblage commence à faire son chemin. Cette semaine, dans le sillage de l’annonce d’une augmentation de 30 % du prix du gaz ménager, Shakeel Mohamed a lancé l’idée en public sur sa page Facebook en demandant pourquoi une personne aisée doit bénéficier des mêmes subsides qu’une personne qui vit au-dessous du seuil de la pauvreté. Mais l’avocat ne s’arrête pas là. Même si dans le passé il a été contre la mesure, il estime que désormais, il n’y a pas d’autre choix que d’y avoir recours. Le ciblage, dit-il, au-delà de l’égalité, mène à l’équité. «Si une personne qui n’a pas les moyens se fait soigner à l’hôpital, il ne paie pas et c’est très bien. Mais est-ce normal que lorsque moi, un député, je vais à l’hôpital, je ne paie pas alors que j’ai les moyens pour ?». Cela remet en question l’État providence, mais le député travailliste estime que ce concept ne peut être maintenu que «lorsque the going is good». Pour le gaz, il maintient que les subsides doivent être ciblés. Les prestations sociales, comme la pension de vieillesse, doivent être distribuées selon les mêmes critères.

Les propositions de Vasant Bunwaree vont dans le même sens. Il rappelle qu’en 1998, il avait introduit la TVA sur tous les produits et services. À ce moment-là, la taxe était nouvelle et il était difficile de faire un ciblage, même si par la suite les produits de base et les médicaments ont été exonérés. Mais désormais, il estime que le taux unique n’est plus viable. D’ailleurs, Xavier-Luc Duval rappelle que la TVA monte à chaque augmentation car si le prix du fret, entre autres, est ajouté au prix final du produit, la TVA est calculée sur le prix de vente final et de ce fait, la TVA payée est plus. Idem pour l’essence.

C’est pour cela que Vasant Bunwaree estime que sur certains produits, la TVA devrait être ramenée à 10 % alors que sur d’autres, elle pourrait être relevée sans problème. «Prenons l’exemple concret des voitures de luxe. Ou même des chaussures de grande marque. Ces produits sont destinés à la catégorie de personnes qui ont les moyens. Donc, ils peuvent être taxés plus», dit-il. À côté, les produits accessibles à la catégorie modeste doivent avoir moins de TVA. Mais le ciblage est une mesure hautement impopulaire. Shakeel Mohamed persiste et signe. L’ancien ministre de l’Emploi affirme que la situation est si grave que le moment n’est plus de penser en termes politiques ou électoralistes, mais qu’il faut prendre les décisions qui s’imposent pour sauver le pays

Financer le Budget

Xavier-Luc Duval explique qu’il doit rester environ Rs 19 milliards dans le Special Reserve Fund, que Renganaden Padayachy peut donc utiliser. De plus, il y a la MIC, qui doit avoir encore la moitié des fonds injectés, soit Rs 30 milliards. «Le gouvernement peut prendre de la MIC avec le même montage utilisé pour acheter les actions de MK.» Il y a aussi le fait que certaines compagnies ont commencé à rembourser le Wage Assistance Scheme, mais comme il n’y a pas de transparence, le leader de l’opposition estime qu’il est difficile de dire combien d’argent l’État a récupéré. L’option la plus simple, cependant, reste l’emprunt et il rappelle que désormais, le ministre des Finances peut légalement avoir recours à ce mode de financement, peu importe le pourcentage de la dette par rapport au PIB. Du «Padanomics», dit-il…