Publicité

Education|Baisse des inscriptions: les élèves boudent l'école publique

4 mai 2022, 17:55

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Education|Baisse des inscriptions: les élèves boudent l'école publique

Le dernier relevé de Statistics Mauritius, publié le 29 avril, est sans équivoque. Du pré-primaire au supérieur, le nombre d’admissions dans les écoles publiques régresse depuis 2017. Pourquoi ? Cette tendance à la baisse des inscriptions dans les établissements publics se dessine-t-elle également dans les écoles payantes.

Les chiffres parlent. En 2017, 27 276 enfants étaient inscrits dans 863 écoles maternelles. Quatre ans plus tard, ce nombre a chuté à 23 603 dans 789 établissements pré-primaires, ce qui équivaut à une baisse de 13,5 %. C’est ce que révèlent les dernières données en date du 29 avril, publiées par Statistics Mauritius.

La tendance est la même ailleurs. Au primaire, en 2017, 92 989 enfants étaient admis dans 318 écoles primaires contre 84 129 dans 319 établissements en 2021, Parmi eux, on trouve 221 écoles primaires publiques, 51 gérées par la Roman Catholic Education Authority, deux par la Hindi Education Authority et 45 institutions privées et payantes. La baisse de la population estudiantine est donc de 9,5 % au primaire.

Au secondaire, la baisse est plus conséquente. En 2017, on comptait 119 629 élèves dans 176 collèges. Et en 2021, ce nombre est tombé à 102 722 pour 178 établissements, dont 69 collèges d’État et 109 privés subventionnés et non-subventionnés, soit une chute de 14,1 %.

Sur le plan universitaire, l’inscription a baissé de 49 653 étudiants en 2019 à 48 568 en 2020, soit de 2,8 %. Les chiffres de 2021 n’étaient pas disponibles dans le rapport de Statistics Mauritius.

Comment expliquer cette chute des inscriptions ? Suttyhudeo Tengur, président de la Government Hindi Teachers’ Union (GHTU), cite plusieurs raisons. «Premièrement, Maurice fait face à une baisse des naissances. Deuxièmement, on assiste à l’émergence de beaucoup d’écoles privées payantes, notamment au primaire. Cette chute dans les dernières statistiques est alarmante et démontre que quelque chose ne va pas dans le secteur public. Troisièmement, lorsque les parents n’arrivent pas à trouver une place dans l’établissement d’État de leur choix dans leur catchment area, ils se tournent vers une école pri- vée payante.»

Natalité en baisse

De son côté, Riad Hullemuth, recteur du collège St-Helena, attribue la régression dans les inscriptions au primaire au taux de natalité plus faible. «Avant, nos grands-parents avaient entre quatre et huit enfants. Désormais, les parents ont un seul enfant, deux au maximum», indique-t-il.

Au secondaire, la chute des admissions est constatée face au nombre grandissant de collèges d’État. Selon lui, «les parents préfèrent envoyer leurs enfants dans ces établissements, ayant la perception que l’éducation prônée y est meilleure et qu’elle offre plus de facilités, comparée aux institutions du privé».

Suttyhudeo Tengur est d’avis que cette forme de «délaissement» des écoles publiques induit une augmentation de la demande pour les écoles privées payantes.

Jaya Nursimulu, présidente de l’Association of Private Pre-primary School Managers et directrice de l’école Royal Rock, confirme l’engouement pour les institutions privées payantes. «Presque tous les jours, nous avons des admissions et des demandes d’inscription. Certains enfants sont sur la liste d’attente.» La bonne performance de ces établissements privés y contribue, fait-elle valoir.

D’autres facteurs incluent une communication de proximité avec les parents et les enfants, le customer care, l’attention individualisée et une approche pédagogique plus spécifique. «Il y a cette politique de proximité. On envoie des courriels. Il y a aussi plus de considération pour les enfants et si les parents veulent rencontrer le directeur de l’école, entre autres, ils peuvent le faire plus facilement.»

Dans le milieu universitaire privé, les inscriptions sont tout aussi nombreuses. «Nous notons un accroissement dans les inscriptions dans notre université. De plus en plus d’étudiants préfèrent recourir aux établissements privés pour la qualité de l’enseignement, l’apprentissage, l’excellence, l’expérience étudiante et la mobilité internationale liée au diplôme», explique le responsable d’une université privée.

Hélas, l’écart qui se creuse progressivement dans la population estudiantine des établissements publics peut avoir des répercussions à long terme, prévient le président de la GHTU. «Au cours des dix prochaines années, l’école primaire payante va croître davantage, comme on le voit déjà dans le cycle secondaire privé. L’éducation est un secteur dynamique. On ne sait pas comment cela évoluera…»

D’après Riad Hullemuth, les facteurs contribuant à une baisse de la population estudiantine vont affecter terriblement les collèges privés subventionnés «Les premiers pas du secteur éducatif à Maurice étaient dominés par ces établissements. C’est après que les collèges d’État se sont mis à opérer. Désormais, les collèges privés subventionnés doivent se réinventer, être pourvus de plus de facilités et plus de matières. On doit apporter une valeur ajoutée», conclut-il