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Production d’électricité: ces alternatives qui peuvent soulager la population

5 mai 2022, 20:00

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Production d’électricité: ces alternatives qui peuvent soulager la population

Pour Fabrice David, professionnel de l’environnement et de l’énergie, il existe d’autres alternatives pour continuer la fourniture d’électricité dans le pays. «Je pense que le Central Electricity Board (CEB) doit se moderniser, se numériser et rendre son réseau vert.» 

Il propose même de décentraliser le réseau du CEB. «Au lieu d’avoir un seul réseau central, comme c’est le cas aujourd’hui, il faut créer cinq réseaux décentralisés interconnectés dans le Nord, l’Ouest, l’Est, le Sud et sur le plateau central. Avec cette décentralisation, il faudra une digitalisation du réseau avec du smart metering – des compteurs intelligents.» 

Le député rouge suggère également de démocratiser l’énergie verte en permettant aux bâtiments résidentiels, publics, commerciaux et industriels d’avoir des panneaux photovoltaïques sur leur toit, pour produire l’énergie solaire. «Des terrains peuvent aussi être utilisés dans ce but. Je pense que la Banque de développement pourrait mettre en place des prêts verts pour encourager et faciliter ces investissements.» 

De plus, les personnes qui s’engagent à fabriquer de l’électricité devront obtenir un retour sur investissement. Le CEB devra définir un prix de rachat du KWh de photovoltaïque qui doit être attractif, ajoute-t-il. «L’Utility Regulatory Authority (URA) aura son rôle à jouer en proposant une nouvelle politique tarifaire d’électricité pour être attractif aux producteurs.» 

Fabrice David va encore plus loin dans son analyse. «Je pense qu’avec les producteurs d’électricité indépendants (IPP) et la démocratisation de la production d’électricité, nous pouvons créer des milliers de Small Independent Power Producers pour alimenter le grid national à travers des smart grids.» 

Avec cette perspective, Maurice pourrait même devenir un exemple pour les autres pays de la région, avec autant de consommateurs que de producteurs. Par ailleurs, le pays ne produit que 24 % d’énergie renouvelable et ambitionne, d’ici 2030, de passer à 60 %. Le Premier ministre, à la COP26 à Glasgow, a souligné lui-même l’objectif du pays de passer de 40 % à 0 % de charbon d’ici 2030. «Cependant, il n’y a aucun master plan pour expliquer comment le gouvernement compte faire cela», avance le député travailliste du no1, qui a néanmoins une suggestion pour la bagasse. 

«La quantité de cannes diminue à Maurice. Donc, il faut trouver une biomasse de substitution. Le gouvernement travailliste avait suggéré la culture d’Aroundo donax, une plante qui ressemble au fatak. La Commission Maurice île durable avait demandé que l’on brûle ces plantes dans les IPP pour remplacer le charbon. Si le parti était revenu au pouvoir en 2014, on aurait mis en oeuvre la combustion d’Aroundo donax. Aujourd’hui, au lieu d’être à 40 % de charbon, on aurait été à 25 %.» 

Des 100 % d’énergie électrique consommée dans le pays, 24 % proviennent des énergies renouvelables, 40 % du charbon et 36 % de l’huile lourde. D’après Khalil Elahee, professeur à la faculté d’ingénierie de l’université de Maurice, il faut savoir maîtriser la demande. «Nous sommes en début d’hiver, il y aura donc une baisse de la demande car on utilisera moins de climatisation ou de ventilateurs. C’est donc l’occasion en or pour lancer une campagne nationale de gestion de l’énergie – avec beaucoup plus d’efficacité énergétique. De sorte qu’en octobre, on sera prêt à faire face à la demande qui arrive. Ce serait la première phase du mouvement away from coal.» 

Khalil Elahee pense également qu’il est temps de mettre en place des stations photovoltaïques. «Il faut ouvrir aux petits producteurs, avec le prix des batteries qui est tombé rapidement, un moyen pour produire leur électricité et pourquoi pas le vendre à un prix attractif au CEB.» Autre suggestion : le parc éolien à Roches-Noires. «Il y a même la perspective de l’éolien en mer, comme c’est le cas en France.» 

Pour en revenir au photovoltaïque, au niveau du CEB, une liste d’installateurs et de fournisseurs a été mise à la disposition du public. Les consommateurs d’électricité peuvent interconnecter leur installation d’énergies renouvelables au réseau de distribution du CEB, sans encourir des frais pour la sauvegarde et le stockage d’énergie. Ce sont les objectifs que s’est fixés le CEB en collaboration avec le Small Scale Distributed Generation Net Metering Scheme, une production énergétique à petite échelle. Mis en place en 2015, ce plan avait été discontinué par la suite, mais il est de nouveau accessible.