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Victoria Urban Terminal: le «Market» accueille… deux commerçantes à l’ouverture
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Victoria Urban Terminal: le «Market» accueille… deux commerçantes à l’ouverture
La musique résonne aux quatre coins du Victoria Urban Terminal (VUT). Jeunes et moins jeunes se croisent aux différentes entrées. Certains viennent à peine de descendre de l’autobus alors que d’autres empruntent l’escalier roulant, direction la nouvelle attraction de ce lundi : le marché ! Pendant plusieurs semaines, tous ceux qui sont passés devant ont pu entrevoir, à travers le grillage, les différentes tables qui s’y trouvent.
Toutefois, en ce premier jour, les marchands ne semblent pas s’être empressés d’occuper leurs étals. «Cela est dû à une mauvaise communication», évoque Natarajen Chinacunnan. Ce dernier, qui devait justement occuper un local, s’est laissé embarquer dans un jeu de labyrinthe et, finalement, il n’a pu démarrer ses opérations. «Ce matin aux infos, on a pourtant précisé qu’on pouvait travailler. Mais la sécurité nous a fait comprendre, une fois sur place, que ce n’est qu’à partir de jeudi que nous pourrons démarrer notre affaire.»
Toutefois, en voyant ses collègues déjà à leur emplacement, il a pris la meilleure décision qui s’impose. «Dès demain, je viendrai m’installer. Je n’ai pas osé aujourd’hui promener mes légumes au risque de les abîmer», affirme-t-il. Il sourit en voyant des potentiels clients investir les lieux. «J’ai bien galéré dans la vie en tant que marchand ambulant. Pourchassé, maltraité, payant des amendes à n’en plus finir. Cela fait 20 ans que j’évolue dans ce domaine. Et pourtant, je n’ai jamais baissé les bras car nous travaillons honnêtement.»
«À l’abri»
Natarajen Chinacunnan imagine difficilement comment son ancien lieu de travail a pu se transformer de la sorte. «J’ai travaillé du côté de la gare Victoria et je suis de nouveau ici, mais tout a changé», s’exclame-t-il. Toutefois, cela ne l’empêchera pas de pratiquer les mêmes prix. «J’ai suivi les traces de mes parents, et même si nous pouvons ne pas être 100 % satisfaits de ce que l’emplacement nous donne, il faut reconnaître que nous n’aurons plus à courir et à nous cacher des policiers», ajoute-t-il, non sans dissimuler un sourire.
Elle a pris le taureau par les cornes. Et c’est donc avec un sourire éclatant que Faviola Rabaye accueille ses clients. À 10 h 30, elle en avait déjà trois. Ses lalos s’envolent vite. «C’est fini la vie de sans domicile fixe, car aujourd’hui, je me sens à l’abri», souffle notre interlocutrice. Elle a bien galéré depuis ses débuts dans ce domaine ; «la pluie, le soleil, et aussi le manque de sécurité ont été des facteurs qui n’ont eu cesse de jouer sur notre mental», raconte-t-elle.
D’ailleurs, le sentiment d’insécurité s’est prolongé lorsque lors des attributions des emplacements, pendant la construction du VUT, elle s’est presque retrouvée sans travail. «L’on m’a assigné un étal tout au fond du jardin de la Compagnie, se souvientelle. Les clients se faisaient rares car certains marchands qui opéraient à l’entrée du jardin avaient emmené plusieurs légumes et, du coup, les gens ne venaient pas jusqu’au fond.»
Elle lance un appel à tous ceux qui viendront travailler au VUT : «Faites votre travail avec pondération. Respectez le client mais aussi les autres marchands. Faisons en sorte que tous puissent gagner leur pain quotidien.» En tout cas, la joie qu’elle exprime en ce premier jour est belle à voir.
«J’ai complètement oublié de prendre une photo de ma première cliente. Car, avec elle, c’est le début d’une toute nouvelle aventure qui se dessine», se réjouit Faviola Rabaye, qui espère que la force et le courage ne vont pas lui faire défaut. «Vous savez, je me contente de peu. Pourvu qu’à la fin du mois, j’arrive à payer ma location, aussi celle de ma maison, les factures d’eau et d’électricité, et de quoi nourrir mes enfants. Et je serai heureuse.»
Faviola Rabaye n’est pas la seule à envoyer des ondes positives dans le VUT. C’est aussi le cas de Martine Toofany. Ce parfum de neuf ne l’empêche pas de penser à toutes ces années de galères traversées. Celle qui a travaillé avec son époux «pendant plus de 30 ans» dans la rue explique que c’est justement ce dernier qui a obtenu le contrat du stand. «On nous a dit que l’on ne pourra en donner aux deux époux, et qu’un seul décrochera le contrat.»
La marchande espère qu’elle pourra offrir un meilleur avenir à ses enfants. «Nous devons évoluer avec le développement. Car si on rejette la chance de travailler au VUT, on laissera passer une chance qui pourrait ne jamais revenir.» Quid de la location mensuelle de Rs 4 000 ? Martine Toofany soutient que chacun a sa manière d’interpréter cette redevance. «Je pense qu’il faut payer Rs 125 par jour et comme nous avons travaillé pendant plus de 30 ans dans la rue, nous sommes bien capables de faire un effort supplémentaire pour attirer les clients.» Elle n’a exercé que ce métier depuis ses 17 ans. «À 49 ans, je pense que j’ai suffisamment de maturité et de patience pour arriver à m’en sortir. Il faut se bouger un peu aussi dans la vie. En tout cas, je suis satisfaite de mon premier jour», soutient la quadragénaire, confiante que les jours heureux continueront à se poursuivre…
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