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Santé pédiatrique: attention à l’épidémie actuelle de bronchiolite

11 mai 2022, 16:45

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Santé pédiatrique: attention à l’épidémie actuelle de bronchiolite

Les cas de bronchiolites causés par le «Virus Respiratoire Syncytial» ont plus que doublé depuis les trois dernières semaines, que ce soit dans les hôpitaux que dans les consultations privées. On peut même parler d’épidémie. Qu’estce que le VRS et quels sont les symptômes de la bronchiolite qu’il déclenche? Le Dr Mansoor Takun, pédiatre et ancien consultant national en néonatalogie, nous l’explique.

Qu’est-ce que le «Virus Respiratoire Syncytial» (VRS) ?

Le VRS est le nom d’un virus qui affecte les bronches des petits et cause la bronchiolite. La bronchiolite est une maladie, le plus souvent causée par une infection virale des voies aériennes respiratoires inférieures, qui se caractérise par une inflammation aiguë̈, un œdème et une nécrose des cellules épithéliales des voies respiratoires de petit calibre et une augmentation de la production de mucus et un broncho-spasme. Elle est précédée par une rhinite (inflammation de la muqueuse des voies respiratoires et en particulier des fosses nasales) et se manifeste cliniquement par une détresse respiratoire expiratoire plus ou moins fébrile.

Qui ce virus affecte-t-il le plus ?

Les nourrissons sont les plus à risque de développer une bronchiolite grave, de même que les plus jeunes enfants, en particulier ceux en dessous de deux ans, avec un pic entre six mois à un an, et ceux porteurs d’une pathologie sous-jacente comme la prématurité, une anomalie ou une malformation du développement broncho-pulmonaire (dysplasie) ou une pathologie cardiaque.

Quels en sont ses symptômes ?

En règle générale, la bronchiolite se présente d’abord comme un très gros rhume, avec pour premiers symptômes, un nez bouché ou qui coule ; une toux sèche ; une légère fièvre oscillant entre 37,5 et 38°C et un manque d’appétit. Deux ou trois jours plus tard, les symptômes s’aggravent et la toux devient plus persistante, la gêne respiratoire apparaît du fait de la diminution du calibre des bronches ; la fréquence respiratoire s’accélère, le bébé a du mal à téter ou refuse de le faire. En cas de doute entre une bronchiolite ou un gros rhume, consultez sans trop attendre votre médecin traitant ou votre pédiatre. C’est l’auscultation pulmonaire qui permettra de faire la différence entre les deux.

Ce virus est-il plus prévalent en hiver qu’en été ?

Dans le contexte mondial, il est plus fréquent en automne et en hiver, surtout en Europe. Cependant, ici à Maurice, avec les microclimats que nous avons, il est possible de contracter le VRS à n’importe quel moment mais, en hiver, la contamination au VRS est très, très fréquente !

Combien de cas rencontrez-vous dans votre pratique privée ?

Ces dernières semaines, il y a eu une épidémie de bronchiolite à Maurice et j’ai vu mes consultations doubler pendant un bon mois.

Quand vous étiez consultant à l’hôpital Bruno Cheong, combien de cas aviez-vous mensuellement ?

À l’hôpital, selon mes informations, ces temps-ci, les salles de pédiatre sont bondées et la majorité des pathologies concerne la bronchiolite.

Quels traitements sont préconisés ?

La bronchiolite est une affection, qui évolue d’elle-même, sans traitement spécifique contre le virus. La plupart du temps, elle n’est pas grave et se soigne à domicile. Si l’enfant a des difficultés alimentaires, son alimentation doit être fractionnée. On lui propose de manger plus fréquemment mais en plus petite quantité. S’il est encombré, des séances de kinésithérapie respiratoire sont préconisées afin de désencombrer ses bronches.

Généralement, le kinésithérapeute commence par évaluer, voire ausculter l’enfant. Puis, il effectue différentes manœuvres permettant de le faire expectorer et cracher. Attention : ces séances sont parfois difficiles à supporter pour les parents. En cas de surinfection bactérienne, on utilisera un antibiotique. Ensuite, on peut utiliser des traitements bronchodilatateurs, mais rien n’a été prouvé quant à leur réelle efficacité.

Seulement dans 2 % des cas, la bronchiolite chez les bébés évolue et devient sévère et nécessite alors une hospitalisation. Et uniquement dans un contexte d’hospitalisation, si l’enfant en manque, on lui donnera de l’oxygène. Il est bon de savoir que la Société française de pédiatrie recommande que seuls les enfants de moins de deux mois doivent consulter d’emblée les urgences «car il est plus souvent recommandé de les hospitaliser quelques heures ou quelques jours pour surveillance et traitement des symptômes».

Cela prend combien de temps pour en guérir ?

Sans complications, la bronchiolite guérit en sept à dix jours. Le traitement consiste essentiellement à traiter les symptômes : lavage du nez avec du sérum physiologique, kinésithérapie respiratoire pour aider l’enfant à expulser les sécrétions des bronches par la bouche et si nécessaire, un apport supplémentaire en oxygène. En grande majorité, les enfants souffrant de bronchiolite sont traités en externe. Cependant, les hospitalisations, comme je l’ai dit, se font dans des cas sévères et précis. Les parents doivent absolument être partie prenante dans les soins de leurs petits. Donc, nous médecins, nous expliquons bien aux parents ce qu’ils doivent faire et aussi quand il y a lieu de s’alarmer et consulter à nouveau le médecin traitant.

Peut-on prévenir l’infection au VRS?

Lavez-vous fréquemment et correctement les mains avant et après vous être occupé de votre bébé. Évitez de l’embrasser sur le visage, les mains et les pieds si vous êtes enrhumé. Lavez le nez de votre enfant avec du sérum physiologique.