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Crédits bancaires: l’endettement des ménages passe à Rs 178 milliards
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Crédits bancaires: l’endettement des ménages passe à Rs 178 milliards
Les prêts (ici en milliards) accordés aux différents secteurs ainsi qu’aux ménages.
On le savait déjà. Les statistiques du dernier bulletin de la Banque de Maurice viennent le confirmer. Il s’agit de l’endettement des ménages qui augmente d’une année à l’autre. À la fin de mars 2022, il s’élevait à Rs 178 milliards sur un total de Rs 458 milliards de crédits bancaires, soit plus de 38 %.
Sur une période d’une année à partir de mars 2021, le niveau d’endettement a augmenté de Rs 13 milliards, soit de presque 8 %. Comparé au produit intérieur brut (PIB) estimé à Rs 513 milliards en 2022, l’endettement des ménages auprès des banques y représente 25 % duquel les prêts-logement (Rs 104 milliards) à hauteur de 58 % constituent la principale raison (voir tableau).
Faut-il pour autant sous-estimer l’effet économique de la pandémie par rapport à ce constat chiffré ? Non, soutiennent les spécialistes qui s’appuient sur une enquête réalisée l’année dernière par Statistics Mauritius pour soutenir que l’impact économique de la crise sanitaire avait fait exploser l’endettement des ménages.
Cette enquête d’avril 2021 révélait à l’époque que 76 % des foyers mauriciens étaient dans l’incapacité de joindre les deux bouts, dont plus de 26 % n’arrivaient pas à boucler leur budget. Une situation qui interpelle toujours économistes, spécialistes de santé et opérateurs économiques, au moment où les problématiques de l’urgence sanitaire ont été ajoutées aux effets économiques de la guerre russo-ukrainienne, avec la flambée des prix des matières premières et des carburants. Résultat, des hausses vertigineuses de prix de produits de première nécessité.
La nouvelle situation couplée à plus de 9 000 licenciements économiques découlant de la crise pandémique est venue impacter directement les ménages et précariser les familles. À tel point que presque la moitié des ménages sont toujours sous le choc des réductions salariales, voire des pertes d’emploi.
Face à ce tableau sombre, l’économiste Pierre Dinan confiait à l’époque que cette étude avait révélé que 26 % des ménages éprouvent de gros problèmes pour boucler leur budget, ajoutant que c’est «cette tranche de 26 % qui est probablement celle qui se situe tout au bas de l’échelle des revenus, et comprend aussi la partie inférieure de la classe moyenne». D’où sa remarque que «nous allons tous souffrir des conséquences économiques du Covid, mais ceux qui ont besoin d’aide financière et de moratoire de remboursement de leurs dettes sont les 26 % mentionnés».
L’ex-directeur de la défunte Mauritius Employers Federation, Azad Jeetun, ne s’étonne guère du niveau d’endettement des ménages auprès des banques. «Quand votre niveau de vie a drastiquement baissé et qu’on n’est pas capable de se procurer les nécessités alimentaires basiques pour survivre, avec en plus une inflation galopante, on sombre malheureusement dans la pauvreté. Ce sont les risques réels auxquels ces ménages font face aujourd’hui.»
Il faut s’attendre à un stress psychologique additionnel qui rendra les ménages plus vulnérables médicalement, remarque un spécialiste de la santé. Celui-ci note ce phénomène d’endettement chez des ménages, toutes classes confondues, depuis plus d’une année. «Il suffit de parler aux psychologues pour se rendre compte de l’ampleur du stress chez certains professionnels, avec des demandes en hausse pour des consultations.»
Certes, il existe, selon certains, un équilibre à trouver entre les urgences sociales et économiques pour éviter d’autres manifestations de rue, comme cela a été le cas le mois dernier. Ce que le ministre des Finances tentera de faire dans le cadre de son prochain exercice budgétaire.
«Le Premier ministre a tort de tout mettre sur la crise sanitaire hier et aujourd’hui sur le dos de la guerre en Ukraine. Il y a une marge de manœuvre sur les carburants. Il faut revoir la composition des taxes qui sont additionnées pour donner un prix exorbitant à la pompe», note pour sa part un observateur économique qui a préféré garder l’anonymat.
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