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Banque de Maurice: la roupie digitale, une réalité d’ici fin 2022
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Banque de Maurice: la roupie digitale, une réalité d’ici fin 2022
C’est confirmé. La Banque de Maurice aura sa monnaie digitale, un modèle hybride à deux niveaux d’ici la fin de l’année. En attendant, elle déploiera des tests avec le soutien de partenaires technologiques et académiques. Le gouverneur, Harvesh Seegolam, l’a officiellement déclaré lors de la réunion-débat organisée le mercredi 25 mai au Maroc dans le cadre de la Conférence des Gouverneurs des Banques centrales des pays francophones – Maroc. Il était présent virtuellement.
En présence du gouverneur de la Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, et son homologue français, François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la BoM a souligné que ce projet a bénéficié de l’assistance du Fonds monétaire international. Celui-ci a dépêché une équipe sur place depuis que l’idée a germé et elle s’est engagée depuis au niveau de la conception de cette monnaie et bientôt de ses tests avant éventuellement son lancement.
Cependant, la réussite d’une monnaie digitale de la banque centrale (MDBC) dépend de la robustesse et de la modernité de l’infrastructure de paiement, de même que d’autres facteurs au sein de l’écosystème bancaire. De plus, il y a, selon Harvesh Seegolam, des cadres législatifs et régulateurs visant à promouvoir l’innovation et les expériences relatives aux FinTech et à leurs produits et services. D’où le travail que la BoM s’est livrée à ce titre, ajoute-t-il.
Conscient que l’inclusion financière numérique demeure en ligne de mire, notamment avec une attention particulière sur la raison d’être d’une MDBC pour éliminer les barrières, réduire les coûts et rendre le système de paiements plus efficient, le patron de la BoM se prononce en faveur de la création d’un écosystème bancaire numérique, voire d’une économie numérique. Il envisage à cet effet d’entamer des discussions avec toutes les parties prenantes et de dégager des initiatives permettant à court terme de concrétiser ses ambitions. Ainsi, pour renforcer ses initiatives en vue de créer un système bancaire ouvert, la Banque central a investi massivement dans la modernisation de son infrastructure de système de paiements et a mis en place en décembre 2021 un cadre pour l’octroi de licences pour les banques digitales.
Plus généralement, Harvesh Seegolam a rappelé que les défis posés mondialement par le Covid en matière de paiement ont mis en avant les capacités d’adaptation des banques centrales pour éviter toute disruption au niveau des transactions. «Nous avons été les témoins privilégiés de l’évolution du comportement des consommateurs. Les chiffres démontrent que les paiements par le biais de cartes bancaires et autres moyens électroniques se taillent aujourd’hui la part du lion. Il est estimé que moins d’un tiers des transactions en point de vente s’effectue en monnaie fiduciaire.» Et d’ajouter qu’en tant que banquiers centraux, bien que l’amélioration de l’efficience des systèmes de paiement et la préservation de la compétitivité demeurent prioritaires, il s’agit aussi pour les institutions bancaires d’accompagner les évolutions sociétales, notamment en exploitant l’immense potentiel des technologies novatrices.
Notion en mutation
D’ailleurs, le gouverneur note que la notion de l’argent est elle-même en pleine mutation, avec la nécessité qu’il soit plus pratique, simple à utiliser et surtout moins onéreux quant à l’utilisation pour des transactions. Toutefois, il tient à souligner que l’idée de créer une MDBC n’a nullement pour but de remplacer la monnaie fiduciaire, mais d’en être un complément et une alternative. «Dans une très grande proportion, nous pouvons anticiper que les MDBC supplanteront à terme des monnaies fiduciaires de moins en moins utilisées mais tout en maintenant l’élément de confiance dans une monnaie numérique publique.»
Tout en énumérant les différents avantages justifiant aujourd’hui l’avènement d’une monnaie digitale, son introduction constituera une étape décisive dans la prévention de l’évasion fiscale et la réduction de l’économie informelle. Le gouverneur appuie son raisonnement sur le fait que Maurice est un centre financier international et attache de ce fait une importance capitale à la sécurité et à la conformité. À cet effet, il souligne qu’en tant que chef de la délégation mauricienne dans le cadre des discussions avec le Groupe d’action financière international (GAFI), qui ont mené au retrait de Maurice de la liste du GAFI, et subséquemment de la liste de l’Union européenne, sa priorité demeure le renforcement de la capacité de la juridiction à combattre le blanchiment d’argent.
Reste évidemment le choix de la technologie qui soutiendrait le déploiement optimal de la MDBC et ses caractéristiques en matière d’évolutivité. Les technologies blockchain évoluent rapidement. «La technologie de registres distribués (TRD), ou encore celle plus récente de Decentralized Finance (DeFi), peuvent être sujettes à des accès contrôlés ou publics, fondés sur des comptes ou sur des jetons, ce qui a des conséquences sur les plans opérationnels, de l’interopérabilité et du contrôle», remarque Harvesh Seegolam.
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