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Bataille du Champ-de-Mars: Lee Shim coiffera-t-il tout le monde au poteau ?

29 mai 2022, 22:00

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Bataille du Champ-de-Mars: Lee Shim coiffera-t-il tout le monde au poteau ?

Ce puzzle équestre se met en place. Dans ce jeu d’échecs, toutes les pièces semblent avoir été placées, déplacées, afin qu’il puisse damer le pion à ses adversaires. Mais prendra-t-il les rênes du Champ-de-Mars ? Les paris sont ouverts. Et il est le favori chez les bookmakers. Retour sur la chevauchée acrobatique de cet homme d’affaires controversé.

L’ombre de Jean-Michel Lee Shim plane de plus en plus clairement sur l’organisation des courses hippiques. Mais force est de constater que depuis longtemps, toute une série d’actions entreprises par plusieurs instances, certaines officielles, ont frayé le chemin pour que le nom du magnat des jeux se retrouve sur la liste des actionnaires de People’s Turf PLC (PTP), qui est potentiellement la prochaine organisatrice des courses…

1 400 m de l’arrivée

L’affaire a commencé à se corser depuis que Côte d’Or International Racing and Entertainment Complex (COIREC) a été créée fin avril. Mais l’histoire, elle avait commencé bien avant, lorsque la Gambling Regulatory Authority (GRA) Act a été amendée en 2017, pour qu’elle exerce plus de contrôle sur les frais que les bookmakers devaient reverser au Mauritius Turf Club (MTC). Mais aussi pour que l’instance régulatrice puisse contester les décisions du MTC.

À l’époque, Jeenarain Soobagrah, ancien président du MTC, parlait déjà de politisation des courses alors qu’Alain Noël, aussi ancien président de l’instance bicentenaire, parlait de décision dramatique et irresponsable.

1 200 m avant l’arrivée

Nous sommes maintenant en 2019. Annoncés lors du Budget, encore des amendements à la GRA Act pour couper l’herbe sous les pieds des bookmakers off-course. Mais en même temps, le pouvoir lui est accordé d’octroyer des licences pour la conduite des paris pour des événements hors Champ-de-Mars, approuvés par la GRA elle-même. Puis, il y a l’éternel grignotage des pouvoirs du MTC, comme la mise en place d’un comité qui pouvait faire appel des décisions des Racing Stewards ou encore, demander la bénédiction de la GRA pour tout amendement au code des courses.

1 000 m avant l’arrivée

Nous sommes en 2020. En raison des restrictions sanitaires, la saison démarre avec du retard et se déroule à huis clos. Puis, la Prevention of Terrorism Act est amendée. Désormais, les courses hippiques doivent être organisées par une compagnie publique. Comme le Mauritius Turf Club, l’organisateur historique des courses, a un statut de club privé, il faut créer une entité avec le statut de compagnie publique.

8 00m de l’arrivée

La Mauritius Turf Club Sports and Leisure Ltd (MTCSL) est incorporée en 2021. Ayant pour seul actionnaire le MTC, elle devient l’organisatrice des courses. Mais la saison a toujours lieu à huis clos, ce qui réduit les revenus de tous les acteurs de l’industrie. Face aux baisses successives des pouvoirs du MTC, Jean-Michel Giraud est élu à la tête de l’instance en mars et l’espoir de faire barrage aux décisions gouvernementales renaît.

600 m de l’arrivée

Un Budget et un Finance Bill plus tard, les pouvoirs du MTC sont encore réduits. L’annonce de la création d’une Horse Racing Division dirigée par un Horse Racing Committee, sous la GRA, pour réguler le monde hippique, ne réjouit personne. Les relations avec l’État deviennent de plus en plus tendues. Pendant ce temps, les pertes s’accumulent à cause des restrictions sanitaires.

400 m de l’arrivée

Nous sommes toujours en 2021. Un nouveau centre équestre est annoncé à Balaclava. Il s’agit d’un complexe qui comprendra, à terme, trois pistes, des formations pour les jockeys, des écuries et un centre de quarantaine pour les chevaux, entre autres. Le responsable des lieux ? Jean-Michel Lee Shim. Un article de son propre journal, Mazavaroo, le présente comme le sauveur du monde hippique qui a consenti à un investissement important pour placer Maurice sur la carte internationale dans ce sport…

300 m de l’arrivée

Nous sommes en avril 2022. La MTCSL, toujours pas d’accord avec les règlements de la GRA, n’a pas obtenu sa licence pour l’organisation des courses. Le droit d’exploitation du Champ-de-Mars lui est enlevé le 27 avril. Elle cède et accepte les conditions. Mais comme elle n’a pas d’hippodrome, elle n’obtient pas de licence. Quelques jours auparavant, People’s Turf PLC (PTP) fait son apparition dans le paysage et soumet une demande pour organiser les courses hippiques. Khulwant Ubheeram affirme alors que sa compagnie n’a aucun lien avec Jean-Michel Lee Shim...

200 m de l’arrivée

Le 29 avril, COIREC est incorporée et placée sous l’égide du ministère des Finances. Mais des proches du milieu laissent entendre que ce projet était évoqué depuis longtemps, avant même l’apparition de la pandémie. Cette compagnie, dans laquelle figurent plusieurs personnes connues comme ayant une certaine proximité avec le gouvernement en place, est présentée comme une entité qui développera une industrie hippique moderne. Il n’est alors pas question qu’elle organise des courses. Mais voilà que le 20 mai, le ministère des Terres décide de lui confier l’exploitation du Champ-de-Mars. Les demandes de licence pour utiliser la piste du Champ-de-Mars doivent donc être adressées à COIREC. Ce que font la MTCSL et la PTP.

Dernière ligne droite

Toujours en mai 2022, Jean-Michel Lee Shim devient l’actionnaire principal de PTP et donc, un des organisateurs de courses hippiques. Rappelons que son nom ne figure pas sur la liste des actionnaires de SMS Pariaz, même si les noms de plusieurs personnes figurent dans les deux compagnies. La décision d’octroyer la licence se fait toujours attendre. Qui de MTCSL ou de PTP remportera cette course ? Jean-Michel Lee Shim coiffera-t-il tout le monde au poteau ?