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Budget 2022-2023: les plaisanciers attendent, guettent et patientent
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Budget 2022-2023: les plaisanciers attendent, guettent et patientent
Dix ans depuis que les plaisanciers demandent à obtenir une remise pour l’achat d’un van hors taxe. Et pourtant, ils sont des stakeholders pour le gouvernement, lance le président de la Federation of Pleasure Craft Operators (FOPCO), Prem Beerbaul. «Nous nous attendons à avoir quelques facilités de la part du gouvernement. Au même titre que les pêcheurs et les planteurs.» Il parle des difficultés rencontrées au quotidien. «Tous les jours, il nous faut charger et décharger les équipements tels que les gilets de sauvetage, le moteur, le réservoir d’essence. Rien ne peut être laissé dans le bateau car nous avons été à plusieurs reprises victimes de vols. C’est la raison pour laquelle nous espérons obtenir une exemption de taxe pour l’achat d’un 4x4.»
Secteur en perdition
Hormis le transport des équipements, le président de la FOPCO avance qu’avec ce véhicule, les plaisanciers pourraient également économiser sur la location de remorqueur. «En cas de mauvais temps, comme lors d’un cyclone ou quand nous devons effectuer des réparations sur le bateau, nous pourrons alors le faire sans encombre. Nous n’aurons qu’à emmener le bateau chez nous.» Il ajoute que plusieurs de ses collègues ont eu à payer des contraventions délivrées par la Beach Authority car leurs bateaux se trouvaient à terre. «Nous n’avons pas le droit de laisser nos bateaux sur les plages à cause des pas géométriques. Et nous ne voulons pas contredire ce que la loi dit.» Ces doléances, il les a faites personnellement au ministre des Finances, Renganaden Padayachy, lors des consultations pré-budgétaires.
Ce secteur de la mer est en perdition depuis quelques mois déjà. «Notre travail fait partie d’une chaîne. (…) un propriétaire de bateau peut nourrir une douzaine de familles grâce à son travail.» Toutefois, avec les récentes hausses du prix du carburant et celui du coût de la vie, le travail a connu une baisse, «entre 55 à 60 %», précise notre interlocuteur. «Et nous ne pouvons augmenter nos prix car nous perdrons ainsi les clients mauriciens.» Prem Beerbaul explique que bien que le nombre de touristes ait légèrement augmenté, cela ne leur apporte aucun réconfort. «Les hôtels ont déjà des contrats avec des grandes boîtes qui organisent des excursions pour leurs touristes. Et nous ne gagnons rien lors de ces transactions.»
«Dans le flou»
Ce dernier comptait miser sur la clientèle réunionnaise, mais elle aussi semble jouer aux abonnés absents. «Et avec la restriction sur les pique-niques, cela vient apporter un frein à notre quotidien.» Il ajoute que plusieurs opérateurs n’ont toujours pas renouvelé leur permis, n’étant plus sûr s’ils pourront poursuivre dans ce secteur. Sentiment également partagé par le skipper Jean-Alain Fanchette. «Certes, le travail est relancé. Mais ce n’est pas tout le monde qui en sort gagnant. Face à la cherté de la vie, notre salaire est resté le même», déplore le porteparole de ses compagnons dans la région de l’Est et du Sud-est. Plusieurs de ses collègues ont déjà abandonné leurs postes.
«Depuis le confinement, beaucoup se sont reconvertis», dit-il.
Et pour ceux qui sont toujours là, c’est une perpétuelle bataille. «Il y a peu de clients et beaucoup de bateaux. Certains peuvent rester à quai pendant deux voire trois jours, sans travailler. Nous attendons la haute saison, et espérons que d’ici là, il y aura de bonnes nouvelles pour nous.» Justement, l’une d’elles serait la compensation post-Wakashio qu’ils n’ont toujours pas perçue. «Nous avons même organisé des manifestations pour faire entendre nos voix. Sans succès. Le ministre de la Pêche a pu trouver un terrain d’entente pour les pêcheurs, et celui du tourisme ne semble rien faire pour nous.» Une réunion s’est même tenue, il y a deux semaines, pour évoquer le sujet. «Mais nous sommes toujours dans le flou. Il faudrait néanmoins que tous puissent obtenir la même allocation, car la souffrance, nous l’avons tous traversée.»
Avec la présentation du Budget, Jean-Alain Fanchette rêve d’un Grand oral qui aiderait surtout ceux au bas de l’échelle, «pour que ces derniers puissent respirer un peu», affirme-t-il. Car «en 2022, il y a des gens qui ne mangent pas à leur faim. Des enfants qui se nourrissent de pain sec ou encore qui doivent accompagner leur riz de beurre». Leurs doléances seront-elles entendues ? Réponse dans une semaine.
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